Seeking arrangement?

 

« La qualité n’est pas une option, mais un mode de vie », affirme une bimbo américaine dans une vidéo de promotion du site seekingarrangement.com. Ce dernier met en relation des hommes d’âge mûr au compte en banque bien rempli avec de jeunes femmes qui ont du mal à joindre les deux bouts.

Bref, c’est de la prostitution pensez-vous ? Eh bien, pas vraiment. C’est plus vicieux qu’un acte sexuel tarifé, car celui-ci est enrobé de rencontres, de vacances, de cadeaux, etc. Seekingarrangement se définit comme un site de rencontre, sauf que la constante de ces « relations », c’est que des riches âgés paient la compagnie de jeunes pauvres et, au passage, des nuits ensemble. L’hypocrisie parfaite. Surtout à la lecture des témoignages des « sugar babies », qui racontent qu’une partie de leurs « relations » sont des hommes en voyages d’affaires réguliers dans leur ville, mais mariés par ailleurs. Les autres travaillent tellement, qu’ils n’ont pas le temps de construire une relation amoureuse, alors ils achètent ce simulacre.

Quant aux sugar babies, elles sont souvent étudiantes, donc pile dans l’âge où l’on rencontre la personne avec qui construire une famille. Rencontre totalement impossible, vu le temps passé avec leurs sugar daddies et la nature de ces relations… Et même si les deux parties se défendent de prostitution, il y a clairement un rapport dominant/dominé. Un jeune homme entretenu par une sugar mummy raconte ainsi au site Kombini : « Nous n’avons pas de règles, mais parfois j’ai l’impression que je n’ai pas le pouvoir de dire non quand elle dit “on se voit samedi” parce que, de toute évidence, c’est elle qui a le pouvoir dans cette relation. »

Les jeunes entrent ainsi dans un cercle vicieux, se coupant d’amitiés, de potentiels amours et tombant dans l’argent facile. Car les jeunes femmes et quelques jeunes hommes indiquent lors de leur inscription le montant mensuel qu’ils souhaitent obtenir. Et celui-ci varie de 1 000 à 4 000 €. Autant dire que ce n’est pas de l’argent pour vivre, mais pour s’offrir des plaisirs, cette pseudo « qualité de vie », dont parle la bimbo dans la vidéo promotionnelle. La société de consommation dans toute sa splendeur.

Ce phénomène qui nous vient d’outre-Atlantique est loin d’être marginal puisque le site revendique plus de 5,5 millions de membres dans le monde. En France, plus de 50 000 jeunes pauvres sont inscrits pour quelque 12 000 vieux hommes riches. Et 548 femmes, âgées et riches, qui veulent s’offrir la compagnie de jeunes hommes fauchés. Comment expliquer cet essor ? Le communiqué de presse que nous avons reçu atteint des summums d’hypocrisie :” la situation financière devient catastrophique pour les chômeurs, les travailleurs précaires et beaucoup d’étudiants. Heureusement, les bienfaiteurs aisés proposent une « méthode alternative pour générer des revenus ». Et quoi de mieux pour nous Français, à qui « le monde entier envie notre art de l’amour et de la séduction », que d’en faire un métier ?

Camille Laplanche – Présent

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