Maurice Genevois va entrer au Panthéon (Vidéo)

L’intérêt de Jacques Tassin pour Genevoix – l’homme autant que l’œuvre – n’est plus à prouver : il a déjà publié Maurice Genevoix, survivant de 14 (Doyen Editeurs) et le « Qui suis-je » consacré à cet auteur chez Pardès. Mais quand on est passionné, on n’a jamais tout dit. L’intimité avec l’œuvre nourrit son approfondissement. D’où ce troisième livre, La vie selon Genevoix, où la mort est omniprésente parce qu’elle fait partie de la vie et que le romancier n’a cessé de scruter l’effet de son passage sur un visage humain comme dans l’œil d’un animal.

Deux blessures marquent le jeune écrivain : le décès de sa mère quand il a douze ans, la perte de son bras à la guerre. Aventure dont on ne revient pas même lorsqu’on lui survit, cette guerre imprègnera tous ses écrits de près ou de loin. Genevoix expérimente la mort : elle est une chute. Chute du camarade qui tombe à côté de soi, chute de l’arbre soufflé par un obus, chute du cheval épuisé. Ce ne sont pas des comparaisons à base d’images, non, ce sont des analogies voire des similitudes. Ce passage d’un état de conscience à un autre, fugace, connaît éventuellement un état intermédiaire, ressenti par Genevoix emmené dans l’ambulance cahotante : « Mais il me semblait, par instants, plonger doucement sous une sorte de frange, je ne sais quelle tiédeur étale au-dessous de laquelle s’abolissaient les cris… »

La mort, la mémoire, les yeux, les oiseaux, Jacques Tassin passe en revue un certain nombre d’archétypes qui, chez Genevoix, sont les piliers sur lesquels s’étage l’œuvre.

Jacques Tassin, La vie selon Genevoix, Editions du Petit Pavé, collection Dans les pas, 194 pages, 20 euros.

 

Françoise Franc – Présent

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