On l’appelle La Gazette car il sillonne la Bourgogne pour donner les dernières nouvelles aux villageois. Il prétend être le dernier druide, mais défend farouchement l’héritage roman. Il vitupère contre la ville et le progrès qui vont détruire la nature et les racines bourguignonnes. Il est le vicaire des lapins de garenne, le chapelain des renards, le chaste pasteur des merles et des alouettes, le pape des escargots.

Il prétend avoir un héritier spirituel, Gilbert, un jeune paysan qui ne veut pas travailler la terre et qui se cloître dans sa ferme pour se livrer à sa passion : la sculpture.

Le village moque ce fainéant et le vieux curé, inquiet, monte à la ferme, qui n’est plus entretenue, pour parler avec Gilbert. Il voit ses premières œuvres, sculptées dans du noyer, et comprend que le jeune homme a de l’or dans les mains. Alors il lui demande de faire un beau calvaire, près de la vieille chapelle en ruine, ancien lieu de pèlerinage.

Devant la chapelle abandonnée et ses belles pierres éparpillées, Gilbert décide d’abord de la relever. Il ne connaît pas encore le travail de la pierre, mais, aidé de La Gazette il apprend : « Pour la voûte crevée, ils aggravèrent le trou jusqu’à ce qu’ils rencontrent de la maçonnerie saine. A vrai dire, ils n’allèrent pas bien profond, car le travail avait été bien fait, dans les siècles d’obscurantisme. C’était même un travail lumineux, si l’on peut dire et avant de parler à tort et à travers du Moyen Âge, les gens d’aujourd’hui devraient d’abord essayer de démolir un mur de cette époque-là. »

Mais le vieux curé meurt et le nouveau s’intéresse surtout à la sonorisation de son église presque millénaire. Découragé, Gilbert monte à Paris sous l’influence d’un mécène véreux. Il se perd, se ruine et veut rentrer retrouver la jolie Eve qui l’attend. Avant, son goût des vielles pierres l’entraîne à Notre-Dame et là, devant le chantier des tailleurs de pierres, un grand mouvement se fait en lui.

Henri Vincenot était un homme de traditions et de culture. Il a merveilleusement parlé de la Bourgogne, de ses habitants et de son patrimoine. Son écriture simple est limpide et il nous donne avec Le pape des escargots un très joli roman.

Une lecture régénérante.