Les oeufs de Fabergé (Vidéo)

Mystérieux, fascinants, envoûtants, ces célèbres œufs ont fait la gloire du plus célèbre des joailliers russes, 
au patronyme si français : Fabergé. 
 

Originaire de Picardie, chassée de France par la révocation de l’Edit de Nantes en 1685, les Fabergé vont très longuement errer en Europe de l’est, avant de se poser à Saint-Pétersbourg, où Pierre-Carl nait en 1846.

 En 1860, la famille Fabergé s’installe en Allemagne. Suivant les traces de ses aïeux, le jeune homme s’en va donc parfaire sa formation auprès des plus prestigieux orfèvres de France, d’Allemagne et d’Angleterre.

En1872, le joaillier rejoint sa terre natale, reprenant la maison lancée par son père trente ans plus tôt. À cette époque, cette compagnie s’occupe de la restauration des objets du musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg.

Recevant en 1882, le titre de Maître d’orfèvre, Pierre-Carl Fabergé crée non seulement des bijoux mais aussi des objets plus originaux, plus novateurs, moins lourds que ceux alors dans l’air du temps. Remarqué par la famille impériale, Alexandre III lui ayant commandé des boutons de manchette, il devient alors le créateur favori des Romanov.

Son premier oeuf

 Au matin de Pâques de l’an 1885, le tsar pose un oeuf dans la main de sa femme, le regardant de plus près, Maria Federovna découvre un objet, infiniment précieux. Parée d’émail blanc, sa coquille est d’or, à l’intérieur, le jaune lui aussi… il abrite une poule en vermeil aux yeux de rubis, s’ouvrant sur une réplique miniature de la couronne impériale, de diamants et rubis.

Dès lors, le tsar, chaque année, fit présent d’un (un œuf) Fabergé à son épouse, à sa disparition, en 1894, son fils, Nicolas II, reprit la tradition et jusqu’en 1916, sa femme et sa mère, l’impératrice douairière, en reçurent pour Pâques.

Ainsi, les ateliers Fabergé firent-ils éclorent cinquante-quatre merveilles extraordinaires, dissimulant chacune une surprise évoquant l’histoire de la famille impériale.

En 1891, Pierre-Carl inventa L’Azova, recelant une reproduction en or du Pamiat Azova, voilier sur lequel le tsarévitch avait fait le tour du monde. Lors du couronnement de Nicolas II, en 1897, sous une coquille d’or et d’émail guilloché, Fabergé cacha une réplique du carrosse impérial, avec ses deux minuscules marchepieds se dépliant à volonté, aux vitres en cristal, roues d’or cerclées de platine. Puis ce virtuose fit sortir d’un oeuf un voilier tout armé, un carrosse, un éléphant et son cornac…

En 1900, sa maestria fit surgir le Transsibérien d’un oeuf de treize centimètres, gravé de son parcours, où chaque ville-étape se signalait d’une pierre précieuse, à l’intérieur : d’or et platine, la locomotive et cinq wagons, dont la voiture-chapelle et le compartiment dévolu aux dames…

Magie ou snobisme du temps ?

 Le Tout Saint-Pétersbourg voulut alors des œufs Fabergé, le prince Youssoupov, celui qui débarrassa la Russie de Raspoutine, le comte Stroganoff demanda la copie du trésor des Scythes… La fièvre Fabergé contamina aussi le Siam et l’Europe : les frères Nobel, Léopold de Rothschild, même Edouard VII d’Angleterre, qui offrit à son Alexandra les reproductions miniatures des habitants de la ferme royale de Sandringham : le bestiaire la plus onéreux du monde comptera plus de 350 sujets.

En 1917, pour innover, Nicolas II commanda à Fabergé un oeuf monochrome, où l’acier remplaçait l’or. Le tsar ne l’offrit jamais à son épouse.

Le 2 avril, le gouvernement provisoire fit arrêter puis exécuter le souverain et toute sa famille…

Le régime bolchévique s’empara alors de tous les biens de Fabergé, le contraignant à s’exiler en Suisse, où il décédera en 1920.

Les ateliers du joaillier furent promus fabrique d’armes de guerre et revendus par les soviets, les célèbres oeufs se dispersèrent à travers le monde.

Ces sculptures précieuses appartiennent désormais à des collectionneurs et autres musées, dont le musée Fabergé de Baden-Baden qui a acquis en 2007, pour 12,5 millions d’euros, l’œuf dit Rothschild.

La renaissance

 En 2007, le nom Fabergé, alors noyé sous diverses licences, fut racheté sous l’égide de la dynastie. Ainsi, Tatiana Fabergé put-elle veiller de près sur l’héritage artistique de son arrière-grand-père et c’est au créateur parisien, Frédéric Zaavy, que fut confié la nouvelle collection.

Révélée au public en septembre 2009, les Fabuleuses, renoua avec les thèmes maison : contes russes, oiseaux de feu, fleurs romantiques…

Virtuosité des formes, admirables pavages de diamants et autres gemmes… Superbes et fascinantes, depuis les collections se succèdent sans se ressembler, ayant toutes pour dénominateur commun : la magie Fabergé.

New York, Hong Kong, Londres, Genève…

Désormais, la saga Fabergé et ses légendes somptueuses se racontent et se chuchotent (les prix…) dans le monde entier.

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