Matteo Salvini : raciste, nationaliste et… de plus en plus populaire en Italie!

Cet homme de 42 ans à l’allure bonhomme transporte sa xénophobie dans les médias et, dans une Italie fragilisée, fait des émules.  Hyper présent dans les médias, à la une des hebdos, habitué des talk-shows télévisés et des interviews incontrôlées, du langage direct, des affirmations sans nuances, cette nouvelle star de la politique a pour nom Matteo Salvini.

Grimpant inexorablement dans les sondages (16% des intentions de vote), cet homme de 42 ans semble offrir une seconde vie au consensus déjà obtenu par Umberto Bossi, son prédécesseur à la tête du parti régionaliste La Ligue du Nord, dans les glorieuses années 1990 – lorsque la “sécession de la Padanie” était à la mode. Il pourrait même représenter, en compagnie d’un autre populiste appelé Beppe Grillo, l’alternative à Matteo Renzi en cas d’élections anticipées. “Aide-nous à jeter à terre le gouvernement”, a-t-il demandé publiquement à Grillo le 21 août, en lui proposant de participer aux “Journées nationales anti Renzi” prévues du 6 au 8 novembre prochains.

Son but : “Libérer l’Italie d’une bande d’incapables”. “Matteo”, l’autre, est un populiste sans complexes qui ne mâche pas ses mots, une grande gueule tranquillement xénophobe, mâtinée d’anti-européisme convaincu, au point de prôner aujourd’hui le retour à la lire.

Il surfe surtout sur une haine des migrants qui frise le désir caché de pogroms. Ainsi, il n’a pas hésité à aller provoquer en personne des Roms dans différents camps de la Péninsule, accompagné d’une meute de photographes. Et il réclame la fermeture du centre d’accueil des migrants à Mineo (Sicile), car de là serait parti l’Ivoirien qui a assassiné un couple de retraités le 29 août dans la province de Catane. Omettant au passage qu’il n’est statistiquement pas surprenant qu’un résident, sur les 3.000 du Centre, puisse avoir un profil de criminel.

S’il se veut le représentant le plus autorisé de Marine Le Pen en Italie, il faut reconnaître qu’il va beaucoup plus loin qu’elle, n’ayant opéré aucune révision critique de son idéologie autoritariste, ce qui le rapproche davantage du père que de la fille. “Matteo” est astucieux : il n’appelle jamais les migrants “migrants”, ni “immigrés”, ni “réfugiés”, mais “clandestins”, essayant ainsi de faire passer dans l’opinion le concept de “l’étranger délinquant inévitable”, et de susciter un rejet des invasions bibliques qui affectent aujourd’hui l’Europe et l’empêchent, selon lui, de tourner rond.

Le phénomène de rejet qu’il sollicite est très suivi dans la moitié Nord de l’Italie. Moins au Sud, qui a été dans l’après-guerre une zone d’émigration, et qui garde une tradition d’accueil envers tous les peuples qui viennent de la mer. Avec ses tee-shirts agressifs (le plus célèbre reproduit un bulldozer en action, un autre dit “Clandestins go home” ou “D’abord nos pauvres à nous”, son air bonhomme, sa bouille ornée d’une barbe rassurante, son franc-parler qui n’exclut pas la grossièreté, Matteo Salvini s’est taillé une place de choix dans l’imaginaire péninsulaire.

Il incarne l’homme qui n’a peur de rien, ni du monde politique, ni de l’Eglise, puisqu’il s’en est pris à ces évêques qui “font venir les clandestins en Italie” au lieu de les accueillir au Vatican, ou dans leurs innombrables couvents. Ici encore, il omet de rappeler que sur les plus de 110.000 migrants déboulés depuis le début de l’année dans le pays, 35% sont actuellement hébergés dans des structures ou associations catholiques du type Caritas (Secours populaire).

Source Le nouvel Obs

 

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