Les caricatures de Mahomet à la Une!

Jusqu’ici rarement montrées, les caricatures de Mahomet, qui ont fait de Charlie Hebdo la cible des islamistes, ont depuis l’attentat contre l’hebdomadaire français été relayées par des journaux et sites du monde entier, mais pas par tous : de grands médias anglais et américains refusent de les publier, par prudence ou peur de choquer.

En signe de solidarité ou au nom de la liberté d’expression, d’innombrables médias ont reproduit plusieurs des «Une» de Charlie Hebdo caricaturant Mahomet, qui ont aussi circulé massivement sur les réseaux sociaux.

Beaucoup de médias français et européens, ainsi que les douze principaux journaux québécois, ont publié l’une des caricatures les plus controversées, parue en 2006, dans laquelle Mahomet se cache les yeux et juge que «c’est dur d’être aimé par des cons».

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Autre dessin très diffusé partout dans le monde, un Mahomet hilare qui dit «100 coups de fouet si vous n’êtes pas morts de rire», présent sur les sites américains Gawker et Buzzfeed, parmi les plus lus outre-Atlantique. D’autres grands sites comme The Daily Beast ou Slate reproduisaient également ces caricatures.

En Allemagne, le Berliner Zeitung a publié une série de «Une» de Charlie Hebdo dont des dessins de Mahomet, tout comme L’Écho en Belgique.

Devant la multiplication de ces dessins un peu partout, Eric Portheault, directeur financier de Charlie Hebdo, a «espéré» que cela représentait une victoire pour le journal.

«Ce n’est pas une revanche, rien ne nous rendra» les membres de l’équipe tués pendant l’attentat, a-t-il dit, la voix brisée. «Mais ils auraient voulu qu’on continue pour poursuivre le combat et ne pas lâcher». Quant à la censure des dessins sur certains médias américains, «cela pourrait nous inciter à diffuser aux États-Unis!», a-t-il lancé.

C’est une revanche de l’Histoire pour Charlie Hebdo puisqu’en 2006, seule une poignée de journaux dans le monde, dont l’hebdomadaire satirique français, avaient décidé de reproduire des caricatures de Mahomet publiées par le quotidien danois Jyllands-Posten. Charlie en avait même rajouté, en publiant en Une sa propre caricature de Mahomet.

Alors que l’islam interdit les représentations du prophète, l’initiative avait suscité des manifestations violentes dans le monde musulman, y compris contre des ambassades occidentales, et une condamnation des ministres des Affaires étrangères arabes.

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Débat aux États-Unis

Les gouvernements occidentaux étaient restés en retrait, voire critiques, comme le président français Jacques Chirac qui avait condamné en 2012 «les provocations manifestes» après la publication de caricatures par Charlie Hebdo. Une situation bien éloignée de celle à laquelle on assiste aujourd’hui où l’hebdomadaire satirique a reçu des soutiens en provenance du monde entier.

Si beaucoup de sites américains ont suivi cette fois le mouvement en publiant les dessins, de grands médias américains et britanniques ont eux préféré éviter ou flouter les croquis de Charlie Hebdo qui se moquaient de l’islam. Aux États-Unis, le sujet faisait débat, les médias «pro» reprochant aux «anti» de capituler devant les terroristes.

La majorité des chaînes de télévision américaines, dont CNN, Fox, NBC et MSNBC, ont décidé de ne pas montrer les dessins de Charlie Hebdo pouvant être «offensants» pour les musulmans, se contentant de les décrire à l’antenne. Un mémo interne de CNN à ce sujet a fuité dans la presse.

Idem pour le New York Times qui a expliqué qu’il ne «publie habituellement pas d’images intentionnellement créées pour heurter les sensibilités religieuses», estimant que leur description «donnerait aux lecteurs assez d’informations pour comprendre les événements d’aujourd’hui».

Dans un édito jeudi, le journal britannique The Economist a fustigé la décision de CNN. «Décrire les dessins, et ne pas les montrer, revient à obéir aux terroristes», écrit le journal. Les dessinateurs assassinés «savaient qu’ils risquaient la mort, ont refusé d’être censurés et maintenant ils sont morts. Supprimer les dessins pour lesquels ils ont perdu la vie, c’est les tuer à nouveau», assène-t-il.

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