Communication politique / Intimider, culpabiliser, faire taire, plutôt que persuader !

Louis XIV qui était sans doute, et n’en déplaise à ses contempteurs obligatoires, l’une des têtes les mieux faites de son siècle, remarquait que « tout homme qui peut s’engager sans raison devient en peu de temps capable de se rétracter sans honte ». C’était tout dire, et prophétiquement, des lilliputiens qui sont aujourd’hui dans ses meubles. La raison leur manque, comme la honte, l’une étant le corollaire de l’autre — selon cette royale leçon de logique, qui est aussi une leçon de psychologie. On peut, même on doit tout attendre de pareilles gens, à qui les engagements ne coûtent pas plus que leurs rétractations futures.

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La “communication”, qui tient lieu désormais de parole et, c’est plus grave, de réflexion aux politiques (et à leurs exégètes), est très en deçà du vulgaire mensonge, qui garde quelque chose de la vérité qu’il déguise : les paroles que l’on prononce désormais n’ont plus de sens qu’instantané, n’engagent qu’à l’instant où elles sont dites, sont déjà rétractées l’instant suivant ou censées l’être. On parle pour parler, pour gagner du temps, et surtout pour déshonorer la commune parole : ce que les auditeurs, qui sont aussi des électeurs, entendent très bien, et qui constitue la fameuse “crise de confiance” qui les éloignerait des politiques, dont les commentateurs sont convenus de se lamenter. “Communication”, le mot en sa nouvelle acception est d’ailleurs un aveu : son intransitivité en fait un barbarisme ; il ne s’agit plus de communiquer quelque chose à quelqu’un, comme la logique — et la grammaire — l’exigerait, mais de “communiquer” tout court, de communiquer cet autisme de certitude où il s’agit moins de persuader que d’intimider. On a déserté la raison pour l’“émotion”, dont les “communicants” se flattent de connaître toutes les cordes — qu’ils confondent hélas un peu trop aisément avec des ficelles.

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