Dixie For Ever ! Jesse James : il donnait aux pauvres…

jesse-james-wantedPar Alain Sanders

La Ballade de Jesse James dit notamment de ce guérillero sudiste : « Il volait les riches pour donner aux pauvres. » Les riches Yankees s’entend… Tout en se débrouillant pour rentrer dans ses fonds dès que possible. Un exemple.

Un jour qu’il fait route dans le nord du Missouri avec son frère Frank et ses compagnons d’aventures, il s’arrête dans une petite ferme. Jesse et les siens, traqués par les Pinkertons et toutes les polices nordistes, sont épuisés et affamés. Ils sont accueillis par une femme déjà âgée qui leur prépare des œufs frits et du café. Pendant que ses camarades mangent, Jesse remarque que la femme, installée près de la cheminée, pleure en silence.

— Pourquoi ce chagrin ? lui demande-t-il.

— Voir des hommes assis à ma table me rappelle l’heureux temps, quand mon mari était vivant et que nous avions des aides pour travailler à nos côtés…

— Et maintenant ?

— Mon mari est mort. Et il y a une lourde hypothèque sur la ferme.

— Combien ?

— Près de 1 500 dollars… Je ne peux pas payer. C’est aujourd’hui le dernier délai. Si je ne paie pas aujourd’hui, je vais être dépossédée de tout…

— Le dernier délai ? Et quand exactement ?

— Cet après-midi. Un encaisseur doit passer. Et je serai chassée de chez moi…

Sans hésiter, Jesse tire une bourse de ses fontes et la tend à la malheureuse.

— Prenez cet argent, Madame. Il y a là de quoi payer votre hypothèque.

— Je ne puis accepter, je ne pourrai jamais vous rembourser une telle somme.

— Cet argent, je ne vous le prête pas, je vous le donne. Et j’ajoute même quelques dollars pour vous permettre de passer ce mauvais cap. Ces gens-là sont des vautours. Vous pouvez nous décrire l’homme qui doit venir vous voir cet après-midi ?

La veuve le décrit précisément, lui et son attelage, donnant même le détail de la piste qu’il doit emprunter pour arriver à la ferme.

Bientôt, les cavaliers repartent, bénis par la pauvre femme qui a du mal à croire à cette visite qui la sauve de la misère.

C’est Frank James qui nous raconte la suite :

— A une certaine distance de la maison, nous nous sommes cachés derrière des buissons qui bordaient un chemin rocailleux. Celui-là que l’encaisseur devait emprunter avec son buggy. Peu après, nous le vîmes arriver à la maison de la veuve. Et en ressortir l’air satisfait en chantonnant Old Dan Tucker Was A Fine Old Feller. Quand il est passé à notre hauteur, Jesse a bondi devant le buggy, a arrêté le cheval et délesté l’encaisseur de la somme qu’il venait de récupérer…

He robbed to the rich and gave to the poor… Façon Robin des Bois. La popularité de celui qui fut surnommé « le bandit bien-aimé » ne se démentit jamais jusqu’à son meurtre par un dirty little coward dont on préfère oublier le nom…

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