Citoyen d’honneur (Bande-annonce)

Le Citoyen d’honneur relève d’un genre trop rare au cinéma, celui de la comédie vraiment drôle, tout au long du film, du prélude à la conclusion. Ce Citoyen d’honneur est un prix Nobel de littérature argentin sexagénaire. Ce personnage fictif s’inspire d’assez près de quelques cas réels. Il vit depuis quarante ans en Espagne. Il réside, seul, dans une magnifique villa au-dessus de Barcelone ; le salon-bibliothèque, immense, fait d’ailleurs rêver le spectateur attentif. En dépit de cette réussite apparente, il s’ennuie. Peut-être est-il même au bord de la dépression : il n’a plus écrit depuis longtemps, tout l’indiffère, il annule tous ses rendez-vous. Il refuse toutes les propositions de rencontres ou de voyages qu’il reçoit, allant d’un discours à l’université de Nagoya au Japon à une rencontre avec les orphelins de Zagreb en Croatie…Toutefois, brusquement, son attention est attirée par une lettre de sa petite ville natale – ses habitants parlent même volontiers de « pueblo » ou village à son sujet -, dans la campagne argentine, profonde, Salas, qui l’invite à recevoir en personne son prix de Citoyen d’honneur. En effet, il aurait mérité ce titre en faisant connaître Salas dans le monde entier, à travers ses romans. Le paradoxe est qu’il a dit en fait fort peu de bien de ce monde à l’horizon restreint, quitté sans regret quarante ans plus tôt.
 

Le Citoyen d’honneur est un chef d’œuvre d’ironie et d’humour noir. Tous les registres du comique sont utilisés, mais le plus facile, la farce, est restreint à quelques scènes rapides, bien insérées dans la narration, et qui ne sont pas les moins crédibles. Certains passages font que le film s’adresse à un public d’adultes et de grands adolescents. Le récit filmé, composé à dessein comme un roman, se moque de tous les personnages, y compris du personnage principal, à l’esprit d’autodérision prononcé. Evidemment, ces quatre jours, planifiés strictement par la municipalité de Salas, ne sont dérouleront pas comme prévus. La reconnaissance officielle enthousiaste et unanime de la communauté relève de la comédie, et elle ne tiendra pas, d’autant moins que le Citoyen d’honneur refusera de plus en plus de jouer son rôle d’enfant du pays comblé, et complice obligé du maire qui essaie évidemment de le récupérer à son profit… Nous ne dévoilerons surtout pas toutes les péripéties, qui animent régulièrement le film. La vision de l’humanité proposée est des plus pessimistes ; mais elle est, selon nous, acceptable le temps d’un film qui n’exempte pas des tares humaines le héros.
 
Le Citoyen d’honneur est certainement la comédie la plus réussie de ce premier trimestre 2017, et peut-être de l’année.
 
Lu sur Réinformation TV

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