Le père des martiens n’est plus

Ray Bradbury, monstre sacré de la littérature de science-fiction, vient de décéder à 91 ans. Surtout connu pour ses ouvrages Chroniques martiennes (1950) et Fahrenheit 451 (1953), l’écrivain, considéré comme une référence dans le domaine littéraire, avait reçu son étoile sur le Walk of fame de Hollywood le 1er avril 2002.

Né en août 1920 d’une mère immigrée suédoise et d’un père technicien de ligne à haute tension, Raymond Douglas Bradbury passa son enfance dans la ville de Waukegan (État de l’Illinois) qui servira de cadre à plusieurs de ses futurs romans (Daudelion wine ou Farewell summer). Ayant obtenu son diplôme au lycée de Los Angeles en 1938, il choisit de ne pas suivre d’études supérieures et se forge une solide culture d’autodidacte dans les bibliothèque et vit en vendant des journaux. Il écrit alors des nouvelles de science-fiction qui commencent à être publiés dans des fanzines dès 1938. La première paraît dans le pulp magazine Super Science Stories en 1941, sur la recommandation de l’écrivain Robert A. Henlein rencontré peu auparavant. L’année suivante, il devient écrivain à plein temps. Son premier livre Dark carnival, un recueil de nouvelles, fut publié en 1947 par Arkham House.

La consécration viendra avec la publication de Chroniques martiennes, autre recueil de nouvelles futuristes illustrant l’exploration de la planète Mars par l’homme et la disparition inexorable de ses habitants. En 1952, EC Comics publie l’adaptation en bande dessinée de deux de ses nouvelles, les premières d’une longue série jusqu’en 1954. En 1954, il obtient le prix Hugo du meilleur roman pour Fahrenheit 451, roman dystopique décrivant un angoissant univers futuriste où toute forme de littérature est bannie au profit de la seule télévision. Le roman sera adapté au cinéma par François Truffaut en 1966.

D’autres romans suivront comme La foire des ténèbres (1962), lui aussi adapté au cinéma en 1983, La solitude est un cercueil de verre (1985), Le fantôme d’Hollywood (1990), La baleine de Dublin (1992), ainsi que plusieurs recueils, L’homme illustré (1951), Les pommes d’or du soleil (1953), comprenant sa plus célèbre nouvelle Un coup de tonnerre, basé sur un voyage dans le temps au Crétacé, Les machines à bonheur (1965), Je chante le corps électrique (1970). Son dernier écrit, Le meilleur des mondes possibles et autres nouvelles, paraîtra en 2010. Prolifique, il développera également une réflexion profonde sur la survie spirituelle de l’humanité, les dangers d’un matérialisme sans limite, de la culture de masse, de la perte des valeurs élémentaires et de l’absence de vie intellectuelle. Récemment, il s’est fait remarqué pour avoir violemment critiqué Michael Moore lors de la sortie du film Fahrenheit 911 pour avoir repris sans consultation le titre de son plus célèbre roman.

Demeuré discret durant les dernières années de sa vie, il restera, pour plusieurs générations de lecteurs de science-fiction, un formidable conteur et une référence incontournable.

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