Les Macron vendeurs de goodies?

Bonne nouvelle, sous la marque Elysée, vous pourrez sous peu acheter l’écuelle Nemo, la cage poupoule, la poupée Macronella avec perruques interchangeables, le fond de teint du petit Macronix , etc. (NDLR)

 

L’Élysée est censé être le palais de tous les Français, tandis que la République serait un peu comme une sorte de propriété commune à tous, tel que généralement expliqué lors des Journées du patrimoine. Cela n’es vendus de godes!t plus tout à fait vrai, sachant que la marque « Élysée – Présidence de la République » vient d’être déposée à l’INPI, l’Institut national de la propriété industrielle, par Patrick Strzoda, directeur du cabinet du « Château », comme on dit.

Une avancée sociétale signée Emmanuel Macron, mais qui doit également beaucoup à une initiative de son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, qui, en 2010, avait déjà fait déposer celle de « Présidence française » dans les mêmes services administratifs. Après la dérive du pouvoir, place aux produits dérivés, donc. Dérivés, mais déposés, SVP, car la République, à défaut de protéger les Français, sait manifestement se montrer protectionniste lorsque nécessaire ; histoire que Nike ne nous nique pas, sans doute.

Une mesure de progrès ? Cela se discute, sachant qu’en la matière, le Vatican et le palais de Buckingham – toutes institutions pas exactement connues pour être à la pointe de la modernité triomphante – ont déjà pris quelques longueurs d’avance en ce domaine. Existaient déjà la tasse à café papale et le canotier Windsor, nous aurons désormais droit au balai-brosse élyséen (pour nettoyer les écuries de la République ?) ou au briquet Emmanuel (pour raviver la flamme des sondages ?). Et pourquoi pas la poupée Brigitte (pour ?). Non, on plaisante.

Bref, ce n’est pas la République qu’on assassine, mais celle qu’on privatise. Même les royalistes à l’ancienne, éternels contempteurs du régime, ont de quoi s’émouvoir devant une attitude aussi peu jupitérienne. Au fait, les produits dérivés en question – des « goodies », en bon French – seront-ils fabriqués en France ou non, et de façon durable ou pas ? Nul ne le sait. Pareillement, les meilleures plaisanteries étant généralement les plus courtes, il serait opportun de savoir si cette dernière a vocation à demeurer elle aussi durable. Simple question de tradition républicaine et de continuité des institutions, évidemment.

En même temps, voilà qui devrait peut-être renflouer les caisses de l’État, tragiquement vides depuis les Mérovingiens, au moins. Et redonner du lustre au prestige français, au passage. On notera encore que cette décision tombe à point nommé, la situation internationale s’y prêtant encore mieux que d’habitude : le Proche et Moyen-Orient n’ont jamais été aussi calmes, les USA rivalisent d’affection vis-à-vis de l’Europe et la Russie, tout comme la Chine, font figure d’océans de félicité et de tendresse.

C’était, évidemment, le moment ou jamais de se lancer dans la fabrication et le commerce de porte-clefs.

Nicolas Gauthier – Boulevard Voltaire

Related Articles