Le papyrus de césar

Parce qu’il n’y a de bonne histoire sans bon méchant, le prochain album d’Astérix mettra en scène un conseiller de César, prêt à tout pour contrecarrer les plans de nos Gaulois préférés. La 36e aventure du petit Gaulois, intitulée “Le Papyrus de César”, sera disponible le 22 octobre prochain.
Le méchant de l’histoire s’appelle donc… Bonus Promoplus. “Une fois n’est pas coutume, son nom a un lien avec sa fonction” glisse Jean-Yves Ferri, le scénariste de l’album qui avait déjà écrit l’histoire du précédent album, Astérix chez les Pictes.

L’adversaire du village gaulois a donc toutes les chances de travailler dans les domaines du marketing, de la publicité, la communication…

Le nom qu’il aura dans les autres langues – Astérix étant traduit dans plusieurs dizaines de langues – confirment qu’en matière de ventes, Promoplus en connaît un rayon: en anglais, il s’appellera Blockbustus, en espagnol Promoplús, en italien Bestsellerus, en allemand Syndicus, en portugais Vendetudus et Promocionus au Brésil.
À qui ressemble-t-il? C’est forcément LA question que l’on se pose tant les caricatures sont présentes dans le petit monde d’Astérix. Bernard Blier, Lino Ventura, Jacques Chirac, Pierre Tchernia ou Sean Connery avaient déjà été représenté sous les traits de méchants romains (voir diaporama en fin d’article). Le scénariste, Jean-Yves Ferri, et le dessinateur, Didier Conrad, ne s’en cachent pas: ils se sont inspirés de Jacques Séguéla, le célèbre publicitaire français fondateur de l’agence Euro RSCG (devenu depuis Havas Advertising).

Alors qu’il a fêté ses 50 ans en 2009, Astérix n’a pourtant toujours pas de Rolex… On peut donc dire qu’il a raté sa vie.

Pour autant, il ne s’agit surtout pas d’une caricature de l’auteur de la campagne présidentielle de Mitterrand en 1981. Seulement d’une inspiration, d’un modèle de base. “Il connaît les rouages du pouvoir, les comprend, en anticipe les retombées. Ce personnage est à la fois un conseiller de l’ombre mais qui est à l’aise en société et évolue dans les cercles d’influence. Il fallait traduire cette duplicité dans le visage”.

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Bonus Promoplus est finalement assez vieux pour l’univers d’Astérix, si l’on excepte quelques vieillards comme Agecanonix. “J’avais des photos de Séguéla âgé, donc je suis parti sur quelqu’un d’âgé…” s’amuse Didier Conrad avant de préciser: “Les cheveux longs étaient une manière non seulement de contrebalancer le gros nez et de cacher un peu son cou qui aurait paru un peu trop tordu vu sa physionomie, mais aussi un moyen de le rajeunir un peu. C’est un vieux qui cherche à faire jeune…”.

Qu’en a pensé le maître Albert Uderzo, qui ne dessine plus mais garde un oeil vigilant sur sa création? “Mais je l’ai trouvé très bien! affirme Albert Uderzo. Il est très représentatif de l’esprit d’Astérix concernant les méchants bien sûr. Il est petit, il a l’air teigneux, il me convient comme cela.

Son seul bémol concernait le nez de Promoplus: “Je le trouvais trop important. Effectivement j’ai toujours eu l’habitude de ne faire des “gros nez” qu’aux Gaulois, plus rarement aux Romains! (On ne peut pas tout leur mettre sur le dos non plus !!) Seuls quelques privilégiés ont droit à un bel appendice nasal violet et “grumeleux”, vous voyez certainement de qui je veux parler (caricature récurrente de notre ami Pierre Tchernia). Ils ont pris ma remarque en considération et ont rectifié le nez qui tombait de trop vers le bas”.

Mais Jacques Séguéla n’a pas été la seule source d’inspiration des deux auteurs, du moins sur le plan du caractère. Sa personnalité est également inspirée d’hommes politiques tels que Patrick Buisson ou Henri Guaino, qui écrivaient les discours de Nicolas Sarkozy durant sa présidence.

“Au départ, je voulais mettre César en première ligne, se souvient Jean-Yves Ferri. Mais on ne peut pas faire n’importe quoi avec Jules César. Il fallait trouver quelqu’un qui allait se prendre des baffes à sa place… Alors j’ai pensé à un homme de l’ombre, un conseiller occulte. Un Patrick Buisson, dans la fonction, pas dans l’allure physique”.

Source

Réaction de Jacques Séguéla:

“J’ai trouvé que le calvitie était ressemblante. Sur le reste, je ne me suis pas vraiment reconnu”, a-t-il d’abord indiqué expliquant que “ce qui importe c’est l’âme de celui qui se trouve sanctifié par Asterix”. “Quel bonheur !”, s’est aussi enthousiasmé le publicitaire qui se réjouit que la bande dessinée s’approprie le monde de la com’.

“Je crois que la pub revient en odeur de sainteté. Les jeunes adorent s’envoyer des bonnes pubs ou critiquer les mauvaises. La bande dessinée ne pouvait pas laisser passer cela”, a-t-il expliqué. Et l’octogénaire d’ajouter :”c’est un jour de gloire pour la pub!”.

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