Pourquoi Kate n’est pas et ne sera jamais princesse!

C’était le matin du 29 avril 2011. Le grand jour du mariage du siècle. Alors que la planète trépigne d’une impatience qui a duré des mois, la reine ouvre les festivités en annonçant le nouveau titre des futurs mariés. A l’occasion de leur mariage, Elizabeth a fait William et Kate «duc et duchesse de Cambridge». Pour la très grande majorité, c’est une surprise. A vrai dire, une mauvaise. C’est assez décevant, les gens rêvent de princes et de princesses, pas de ducs et duchesses.

Alors qu’on croyait au conte de fée pour la roturière, Kate n’est pas devenue princesse du prince William.

ON NAÎT PRINCESSE OU ON NE L’EST PAS

La première explication sera une déception pour toutes celles qui rêvaient d’épouser le prince Harry. On naît princesse ou on ne l’est pas. C’est la règle édictée par la lettre patente de 1917 de George V. En effet, seules les filles nées de sang royal sont de véritables princesses, ce qui n’est pas le cas des femmes qui ont épousé un prince. Les premières possèdent le titre en leur nom propre, et leur prénom est placé après leur titre. Les secondes prennent le titre de leur mari, de la même façon qu’une femme prend le nom de son époux.

Prenons l’exemple des filles du prince Andrew. Petites-filles de la reine, leur titre officiel est «princesse Beatrice» et «princesse Eugenie». Exemple inverse avec l’épouse du prince Michael de Kent, cousin de Sa Majesté : celle-ci porte le titre de «princesse Michael de Kent», et non pas «princesse Marie-Christine».

Ainsi, selon cette règle et contrairement à l’idée reçue, il n’y a jamais eu de «princesse Diana», mais «Diana, la princesse de Galles» puisqu’elle portait le titre de son époux, Charles, le prince de Galles.

IL N’Y AURA JAMAIS DE “PRINCESSE CATHERINE”

Il n’y aura donc jamais de «princesse Catherine». Quand son beau-père Charles sera devenu roi, et que son époux William prendra le titre de prince de Galles réservé à l’héritier du trône, Kate deviendra «Catherine, princesse de Galles».

Ceux qui ont bien compris la différence objecteront que, si l’on suit cette règle, Kate aurait pu prendre le titre de son mari William. En effet, Kate aurait pu se faire appeler «princesse William de Galles», si la reine n’avait pas spécifiquement donné au couple le titre de duc et duchesse de Cambridge. Selon la tradition, le souverain offre à son fils une pairie (un titre de noblesse lié par le nom à une région du royaume) le jour de son mariage. Il est apparu logique que Sa Majesté en fasse de même pour son petit-fils, second dans l’ordre de succession au trône.

Autre détail qui fait de Kate une princesse, le prédicat nobiliaire («style» pour les Britanniques), placé avant le titre. Il s’agit du fameux «Her Royal Highness» pour ces dames, ou «His Royal Highness» pour ces messieurs (Son Altesse Royale en français). «HRH» est lié au titre de prince ou princesse au Royaume-Uni. La duchesse de Cambridge est ainsi appelée «Her Royal Highness», puisqu’elle est l’épouse du prince William.

Kate, selon la règle, est donc princesse par mariage. Elle aurait pu porter le double titre de «princesse William, duchesse de Cambridge». Par exemple, l’épouse du prince Edward, Sophie, porte le titre de «princesse Edward, comtesse de Wessex». Or, la reine ne l’a pas laissé faire, puisque Kate n’est officiellement que duchesse.

Ce qui nous amène à une seconde explication, plus politique. Si elle avait été appelée princesse, la jeune épouse de William aurait été d’un rang supérieur à sa belle-mère, Camilla, qui n’est officiellement que duchesse de Cornouailles. La hiérarchie de rang (c’est à dire l’importance des titres) et l’ordre de préséance (c’est à dire l’importance de la place dans la famille royale) auraient alors été dépareillés.

POURQUOI CAMILLA N’EST-ELLE PAS PRINCESSE ?

Pourquoi alors, Camilla n’est-elle pas princesse ? Epouse du prince Charles, elle pourrait légitimement porter le titre de son mari. L’explication est là aussi politique. C’est Camilla qui a choisi de ne pas devenir «princesse de Galles». Fine diplomate, la seconde épouse de Charles a compris que le titre était bien trop associé à la figure de Diana aux yeux du public et des médias.

Mal-aimée, perçue comme la responsable des tourments de la «princesse des cœurs», condamnée comme une usurpatrice, Camilla ne voulait pas alimenter la controverse, ni fixer les griefs à son égard par ce symbole particulièrement fort. Elle a donc choisi de prendre le simple titre de duchesse de Cornouailles, porté par son mari. Ce que Sa Majesté lui a logiquement concédé.

Dans un même souci d’apaisement, lorsque Charles montera sur le trône, Camilla ne deviendra pas reine (et ce contrairement au souhait exprimé publiquement par son époux). Camilla devrait être faite princesse consort («qui partage le sort»), c’est à dire conjoint d’un souverain régnant.

KATE, COMTESSE DE STRATHEARN ET LADY CARRICKFERGUS

Si Kate n’est pas princesse, l’ancienne roturière peut se consoler avec la ribambelle de titres que son statut d’épouse et mère de futurs rois lui a donné. Kate n’est pas uniquement duchesse, elle est également comtesse de Strathearn en Ecosse, et Lady Carrickfergus en Irlande du Nord.

Les princes ayant obtenu une pairie de la reine en Angleterre, se voient également attribuer un titre dans les autres pays du Royaume-Uni. Le prince William est donc comte de Strathearn et baron Carrickfergus. Le prince Andrew quant à lui est comte d’Inverness et baron Killyleagh. Le prince Charles, héritier du trône, possède lui quatre titres en Ecosse : duc de Rothesay, comte de Carrick, baron de Renfrew, et seigneur des îles.

A noter que, de la même façon que pour les épouses, les enfants héritent des noms des pairies. Les fils de Charles sont les prince William de Galles et prince Henry de Galles (et non pas «William, prince de Galles» par exemple). Les filles d’Andrew se nomment «princesse Beatrice d’York» et «princesse Eugénie d’York».

ET POURQUOI LE PRINCE PHILIP N’EST-IL PAS ROI ?

Les règles qui s’appliquent aux femmes en matière de titre ne s’applique pas de la même manière aux hommes. Premièrement, une femme qui épouse un homme de rang inférieur gardera son titre. Une princesse qui épouse un duc, deviendra duchesse mais restera une princesse avant tout. Deuxièmement, un homme ne prend pas le titre de la femme qu’il épouse ; de la même façon que, selon la tradition, un homme ne prend pas le nom de son épouse.

Le meilleure illustration de ces deux points est le couple formé par la reine Elizabeth II et Philip. En épousant celle qui était alors la princesse Elizabeth en 1947, Philip a été fait duc d’Edimbourg par le roi George VI, son beau-père. Philip n’a pas pris le titre de prince, alors que la future reine, elle, est devenue « princesse Elizabeth, duchesse d’Edimbourg».

Quand Elizabeth est montée sur le trône en 1952, la question du titre du prince Philip s’est posée avec acuité pour la reine et le gouvernement. La solution de le faire roi, ou même roi consort a été vite écartée, dans la mesure où les titres masculins sont considérés comme plus importants au Royaume-Uni. Plusieurs solutions ont été envisagées pour l’élever à un rang supérieur à celui d’un simple prince et digne du conjoint de la reine : «Prince du Commonwealth», «Prince du royaume» ou «Prince consort». Constatant le peu de consensus autour d’une solution, et alors que le débat s’éternisait, Philip a fait savoir à la reine qu’il conserverait tout simplement son titre de duc.

En 1957, la presse s’interrogeant toujours sur l’issue du débat a relancé la question, poussant le gouvernement et la reine à lui donner une réponse. Cette même année, le mari d’Elizabeth devenait «le prince Philip, duc d’Edimbourg», l’article défini «le», d’ordinaire réservé aux enfants de monarque, ajoutant un peu plus de prestige au titre.

Bien qu’il y ait des règles donc, c’est tout de même le souverain qui décide de les appliquer ou non. Les cas de sa fille Anne et de sa dernière belle-fille Sophie l’illustrent bien.

ANNE, PRINCESSE ROYALE

En 1973, Anne a épousé Mark Phillips, lieutenant des Queen’s Dragoon Guards, qui n’en était pas moins un roturier. Puisque le titre ne se transmet pas d’épouse à époux, la reine aurait offert un titre de comte au marié. Ce qu’il aurait refusé. L’information n’a jamais été officialisée, mais Anne aurait voulu offrir une vie normale à ses enfants, en leur évitant le poids d’un titre.

De son côté, Anne ne pouvait donner son titre. Selon la règle de George V, une princesse qui n’est pas en ligne directe pour le trône ne peut transmettre le titre à ses enfants. Seuls les descendants d’héritiers mâles, en ligne directe ou pas pour le trône, le peuvent. Impossible d’avoir une princesse Zara, ou prince Peter donc. Si Mark Phillips avait été comte, nous appellerions aujourd’hui ses enfants Lady Zara et Peter, vicomte.

En 1987, Anne s’est vu honorer du titre particulier de Princesse Royale. Ce titre est réservé, bien qu’il ne soit pas automatiquement attribué, à la fille aînée d’un monarque. Il a été créé en 1642 pour Mary, fille d’Henriette Marie de France, fille du roi de France Henri IV et épouse du roi d’Angleterre Charles Ier. C’est une transposition du titre français de «Madame Royale», donné à la fille aînée du roi de France, jusqu’à son mariage.

SOPHIE, LA COMTESSE

Autre cas de figure intéressant, celui du couple formé par le dernier fils de la reine, le prince Edward et son épouse Sophie. Officiellement, cette dernière porte le titre de «princesse Edward, comtesse de Wessex». Toutefois, dans la pratique, elle n’utilise que son titre de comtesse.

Pour les enfants du couple, Edward, Sophie et la reine ont convenu d’une règle : Louise et James ne portent que le titre prévu pour les héritiers d’un «comte» – en l’occurrence Lady Louise et James, vicomte Severn. Il s’agissait là d’éviter le poids d’un titre de princesse ou de prince sur des enfants qui n’auront pas ou peu de responsabilités royales.

A noter enfin qu’il a également été convenu qu’Edward, qui a le rang le plus bas des quatre enfants d’Elizabeth et Philip, hériterait du titre de son père, duc d’Edimbourg, à la mort de celui-ci.

CAS DE DIVORCE

En cas de divorce, il n’a pas de règle définie, mais une pratique. Diana et Sarah Ferguson ont gardé chacune une partie de leur titre, mais ont perdu leur prédicat.

Avant son divorce, Diana était officiellement appelée «SAR Diana, la princesse de Galles». Après son divorce, elle est devenue «Diana, princesse de Galles». Avant son divorce, Sarah Ferguson était officiellement appelée «SAR Sarah, la duchesse d’York». Après le divorce, elle est devenue «Sarah, duchesse d’York».

Plus de «Son Altesse Royale» donc, et plus de «la» qui donne encore plus de prestige au titre. Le titre en lui-même a été laissé par courtoisie, expliquait la couronne. Plusieurs fois, la cour a estimé que ces deux dames en manquaient singulièrement, de courtoisie (Diana jouant de la presse pour se venger, Sarah jouant de ses relations pour le business). L’une comme l’autre ont été menacées de se voir retirer leur titre, ce vestige de leur royauté passée, mais il n’en a jamais rien été.

Les revenus de la famille royale.

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