La France confrontée à une pénurie de carrés musulmans

Dans son livre « Rites funéraires et deuil dans l’islam français », le militant Nadim Ghodbane alerte sur cette problématique.

Nadim Ghodbane, militant écologiste et auteur, est aussi à l’origine de l’Association familiale stéphanoise pour la réhabilitation du carré musulman de Côte-Chaude à Saint-Etienne (Loire). En 2006, l’association qui avait signalé à la mairie l’absence d’entretien autour des tombes musulmanes, avait fini par obtenir un nouveau carré.

Comment expliquer l’insuffisance de carrés musulmans dans les cimetières français, alors même que l’islam est la deuxième religion de France ?

Vous mettez justement le doigt sur le problème. C’est l’image de la société telle qu’elle est aujourd’hui, que la République refuse de voir. Il y a toujours beaucoup de défunts dont les corps sont rapatriés, mais c’est très cher et les pays en question commencent à ne pas voir cela d’un bon oeil, car il y a aussi un manque de place là bas. […]

J’ai eu une confrontation avec un élu. Il m’avait dit que nous devions, nous les musulmans, nous «faire enterrer comme tout le monde», c’est-à-dire de façon «chrétienne» dans sa tête. Il faut vraiment sortir de la gestion colonialiste de ce sujet et plus largement de tout ce qui concerne l’islam en France.

Cependant, avec notre association pour la réhabilitation du carré de Saint-Etienne nous avons eu aussi à faire à un maire d’une petite ville de notre département, qui voulait créer un carré musulman. Une personne d’origine maghrébine allait mourir et sa seule demande était de se faire enterrer de façon musulmane dans le cimetière du village. Le maire s’est débrouillé pour construire une unique tombe musulmane. J’ai trouvé que c’était un très beau geste. […]

Il faudrait de la place dans chaque ville en France pour un carré confessionnel, afin de répondre à la demande. […]

 

 

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