Peut-on se faire “débaptiser” ?

Ils seraient environ un millier chaque année en France à demander à se faire “débaptiser”… Comme si être dans l’Église était comme appartenir à une association ou à un club de foot, comme si le baptême était un contrat révocable à tout moment. Le Père Jean-Régis Fropo revient sur les fondamentaux du baptême.

Je reçois la lettre d’une maman qui me dit : « Je vous écris au sujet d’une de mes filles, Sylvie, âgée de 29 ans. Comme ses frères et sœurs, elle a été baptisée enfant et a suivi le catéchisme avec les sacrements habituels. Pratiquante jusqu’à 20 ans environ, elle dit qu’elle a perdu la foi pendant ses études universitaires. Aujourd’hui, elle m’annonce qu’elle a décidé de se faire débaptiser ; sa démarche est encouragée par son compagnon avec qui elle vit depuis trois ans et qui milite dans un courant politique de gauche. Je n’ai pas su quoi lui répondre… Sylvie a été même confirmée… Peut-on se faire débaptiser ? ».

Une trace qu’on ne peut effacer

En avril dernier, en plein débat sur le mariage gay, Olivier, un homosexuel militant, a écrit à l’évêque de son diocèse dans ces termes : « Mon adhésion à l’église catholique prend fin par la présente lettre. Les débats actuels sur le mariage pour tous et les positions très engagées de l’Église catholique contre l’union civile des couples de même sexe » l’ont amené à se « questionner sur le sens profond » de sa « place dans cette religion ».

Ces cas ne sont pas très nombreux en France. Alors qu’il y a environ 300 000 baptêmes par an, selon le guide 2013 des statistiques de l’Église catholique en France, ils seraient, dit-on, un millier chaque année à vouloir faire une croix sur leur baptême. Soit pour être en accord avec leur athéisme, soit par contestation, pour des raisons politiques ou militantes, en désaccord avec les positions de l’Église sur la contraception, l’avortement légalisé, le « mariage » homosexuel, en réaction parfois aux dossiers noirs qui ont entaché l’Église, comme les actes de pédophilie du clergé.

René L. a voulu faire une démarche auprès de la paroisse de son baptême pour que son acte de baptême soit effacé des registres paroissiaux. Devant le refus du curé, René L. a fait appel à la justice. À l’instar de tous les excommuniés volontaires, René L. invoque un droit qu’il estime légitime, notamment en vertu de la « loi informatique et libertés » qui confère à chacun un droit de retrait sur les données personnelles détenues dans des bases de données. L’évêché de Coutances a dû plaider en justice. Pour l’Église, le baptême est un acte public, dans un lieu public, à la demande des parents, en présence de témoins. De même qu’un individu ne peut rayer son nom d’une archive ou de l’état civil de sa mairie, l’Église ne peut effacer la trace historique d’un acte comme le baptême. La cour d’Appel de Caen (sept 2013) a tranché la question. La trace d’un baptême sur un registre paroissial ne peut pas être « effacée ». Par contre la mention « a renié son baptême » peut être transcrite sur le registre au nom de la personne autrefois baptisée en public, présentée par ses parents et devant témoins.

Il s’agit d’un choix réfléchi, une liberté respectable, mais une démarche qui ne peut aboutir. En effet, du point de vue strictement religieux, le terme ne veut rien dire, l’acte de débaptiser ne peut exister ! Le baptême est un sacrement, le sceau de la présence de Dieu en celui qui le reçoit, un acte divin, donc inaliénable. « Le baptême n’est pas l’entrée dans un club ou une association. Ce n’est pas un contrat ou un abonnement qui ouvre à des droits ou qui se résilie, car Dieu ne revient pas sur ses engagements, contrairement aux hommes », explique l’aumônier d’une école de Seine-et-Marne. Tout acte administratif qu’il y ait, un baptême ne peut donc jamais s’annuler. Aussi la démarche est-elle symbolique, n’ayant de valeur qu’aux yeux de son auteur.

D’un point de vue canonique, en revanche, la procédure existe : les « apostats volontaires », ceux qui renoncent publiquement à leur religion, sont « reconnus » par l’Église. La mention « a renié son baptême » est alors ajoutée au nom du requérant sur les registres du diocèse où le baptême a eu lieu. Mais son lien à Dieu, qu’il le veuille ou non, n’est pas rompu et son nom n’est jamais effacé du registre paroissial.

Un millier chaque année à vouloir faire une croix sur leur baptême

Pour autant, « l’apostasie » fait encourir « une excommunication latae sententiae », selon l’article 1364 du droit canon, et donc la privation de la réception des sacrements, de charges ou de rôles dans l’Église (parrain, marraine, etc.) ou encore de funérailles religieuses.

Rappelons quelques vérités surnaturelles ! Dans le baptême, il y a deux réalités surnaturelles :

1/ Le « caractère », qui est un sceau spirituel (sphragis) inscrit pour toujours dans l’âme immortelle du baptisé : c’est l’empreinte spirituelle du Christ lui-même. Ceux qui, hélas, vivent en état de péché mortel, même les damnés baptisés, conservent ce « caractère » pour l’éternité.

2/ La grâce sanctifiante qui nous met en communion avec Dieu-Amour et Trinité et avec Jésus-Christ. Au baptême, nous avons été comme « plongés » dans la Trinité et la Trinité est venue habiter en nous : quel grand Mystère d’Amour ! Cette grâce peut se perdre par le péché grave ou « mortel », aboutissement inévitable pour le baptisé qui a abandonné les sacrements, ne prie plus et vit dans la transgression des commandements de Dieu ; celui qui vit dans cet état est en risque de damnation prochaine (Benedictus Deus de Benoît XII).

Mais j’ose poser la question : « Quel catéchisme aujourd’hui enseigne aux enfants ces vérité essentielles du salut de leur âme ? ». Si c’est nécessaire, leurs parents feraient bien de leur enseigner avant de se soucier de leur faire faire de « bonnes études » ! Vous me direz : « L’un n’empêche pas l’autre ! ». C’est vrai, mais l’enjeu n’est pas le même ! Il est donc impossible de se faire « débaptiser ». Demander à être rayé des registres du baptême est une démarche très grave car c’est une apostasie consciente et volontaire. Cette démarche est inutile, car il y a un jugement de jurisprudence récent qui l’interdit. Cependant, elle traduit un état d’esprit inquiétant, celui de ceux qui veulent renier publiquement leur foi et leur Dieu : confions-les à la Miséricorde du Seigneur qui est toute-puissante !

Lu sur L’homme nouveau

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