Au Mali, un viol collectif s’appelle: “prends une fille”! (Vidéo

https://www.youtube.com/watch?v=b5igPsCwznY

Depuis le 2 février, une vidéo montrant le viol d’une fille qui aurait 14 ans circule sur les réseaux sociaux maliens, provoquant la mobilisation d’associations, et la réaction du Premier ministre. Les coupables présumés ont été interpellés.

La vidéo de plus de deux minutes est insupportable : depuis le 2 février 2018, une vidéo circule sur les réseaux sociaux maliens, montrant plusieurs jeunes hommes en train de violer une fille «âgée de 14 ans», selon des associations maliennes.

Réceptionnant la vidéo, Balla Mariko, membre de l’association Halte aux violences conjugales, décide d’agir. Contacté par France 24, Balla Mariko assure que «ce n’est pas la première fois qu'[il voit] une vidéo comme celle-là». «En 2014 déjà, la vidéo d’un viol collectif dans une voiture avait circulé. Mais ça reste rare que les violeurs se filment. Là, les coupables sont largement reconnaissables sur la vidéo, de même que la victime, et je me suis dit qu’il fallait absolument les identifier. J’ai donc lancé un appel à témoins sur ma page Facebook, qui a été partagé», ajoute-t-il.

Le membre de l’association contre les violences conjugales déclare avoir également transmis la vidéo à un commissaire et à la brigade des mœurs, qui s’est penchée sur l’affaire le 5 février.

Le 7 février, Balla Mariko est même allé jusqu’à proposer un million de francs CFA (environ 1 500 euros) contre tout témoignage pouvant permettre l’arrestation des auteurs du viol. «Nos enfants sont devenus des monstres, arrêtons-les», pouvait-on lire dans l’appel à témoignage.

Il est temps de mettre fin au tabou afin de permettre aux victimes d’ester en justice pour que les auteurs de tels actes puissent être sévèrement sanctionnés

Le même jour, le 7 février, la victime du viol s’est présentée au poste de la brigade des mœurs de Bamako. «Dans la soirée, quatre suspects [de 16 à 25 ans] ont été interpellés», informe France 24. Selon le média, «13 ONG et organisations de défense des droits de l’Homme ont en outre demandé des sanctions exemplaires au procureur général de Bamako». Dans un communiqué conjoint, les 13 organisations déclarent qu’il est «plus que jamais temps que de tels actes qui portent gravement atteinte à la dignité humaine [ne restent plus] impunis». «Il est temps de mettre fin au tabou afin de permettre aux victimes d’ester en justice pour que les auteurs de tels actes puissent être sévèrement sanctionnés», ajoutent-elles.

En effet, depuis début 2018, les associations ont recensé deux cas de viols collectifs, qui ont également été filmés. Cette toute dernière affaire de viol filmé, particulièrement médiatisée, a suscité «un très vif émoi dans le pays» selon France 24. Face au tollé qu’elle a provoqué, le Premier ministre malien Soumeylou Boubèye Maïga lui-même a réagi, en diffusant le portrait de quatre accusés sur Twitter, le 8 février.

Néanmoins, la médiatisation de cette affaire pourrait être douloureuse pour la victime. Joint par un journal malien, L’indicateur du renouveau, le docteur en psychologie Guida Waïgalo affirme que si cette affaire était «rest[ée] dans un cadre plus fermé, on pouvait se dire que tout le monde n’était pas au courant.» «En plus de la victime, des proches seront aussi atteints par le traumatisme», poursuit-il.

Au Mali, le viol est passible de cinq à 20 ans de prison.

 

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