La voix de la France des oubliés

Si l’on en croit les sondages, c’est un raz-de-marée d’élus d’En marche qui s’annonce, que dis-je, un tsunami ! Au point qu’à l’Assemblée nationale, dit-on, le gouvernement Philippe n’aura pas besoin d’alliés ni de supplétifs venus des rangs de la droite libérale. Les jeux sont faits ! Tout glisse sur le président, le scandale Ferrand et celui du MoDem, l’annonce de la tonte fiscale des retraités ou encore sa réforme du Code du travail. Les élections législatives ne sont plus qu’une formalité, la ratification de la présidentielle. Dans ces conditions, cela vaut-il encore la peine de se déplacer ? D’ailleurs, les derniers sondages donnent un pourcentage record d’abstentions de 48 %.

Pourtant, il faut voter, car, quoi qu’on dise, rien n’est jamais joué dans une élection jusqu’au dépouillement du dernier bulletin. Et, bien sûr, y aller dès le premier tour qui détermine la configuration du second. Voter, demain, comme il y a un mois, pour s’opposer à la politique d’Emmanuel Macron et son factotum de LR, Edouard Philippe, leur dessein étant de soumettre davantage notre pays aux exigences de la mondialisation libérale à travers une intégration européenne accrue.

Cette majorité introuvable que l’on annonce serait l’ultime blanc-seing pour cette opération. Ses députés seront pour moitié des néophytes qui, en troupeau docile, suivront le berger de l’Elysée qui a fait de leur incompétence politique un atout électoral. Petit reste des grands blessés de la guerre politique, des socialistes et non des moindres, se sont réclamés de la « majorité présidentielle », effaçant leur investiture PS quand ils l’avaient. Ils seront dociles aussi. N’évoquons que pour mémoire la France insoumise d’un Mélenchon dont l’éructation permanente et l’injure n’effraient guère Macron, elles lui sont utiles, lui servant de repoussoir.

Et il y a l’« opposition » de droite qui se divise entre ceux qui sont déjà ralliés et ceux qui le seront bientôt, ceux-là (sous la houlette de Raffarin) s’appellent les « constructifs ». Juppé, lui, est tellement « constructif » qu’il fait campagne pour une candidate d’En Marche, Aurore Bergé, contre Jean-Frédéric Poisson, investi par LR, son parti ! On avait pourtant entendu le maire de Bordeaux annoncer qu’il ne soutiendrait que les candidats investis par sa formation ! Au moins, cette campagne aura servi à révéler le fond des cœurs et celui de Juppé bat plus pour la gauche désormais que pour la droite, comme celui de son ami Bayrou, ce qu’il n’avait cessé de contester lors de la primaire de la droite et du centre.

Quand on a fait ce tour d’horizon quelle opposition reste-t-il, capable de tenir tête à la nouvelle majorité au Palais Bourbon ? Une opposition résolue pour faire écho à la voix des oubliés de la mondialisation, ceux qui en souffrent pendant que les thuriféraires du chef de l’Etat en jouissent ? Il n’y en a qu’une, c’est celle du Front national. Ses députés porteront le cri de colère et de souffrance de millions de Français méprisés, exclus, calomniés par la France « d’en haut ». Il faut donc que les élus frontistes soient le plus nombreux possible pour faire entendre ceux que l’on n’écoute jamais. C’est pour ceux-là aussi qu’il faut voter FN dès dimanche.

Guy Rouvrais – Présent

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