Alain de Benoist : “L’information objective n’existe pas”

L’intellectuel est interrogé par Breizh.info à propos des projets d’Emmanuel Macron en faveur d’une plus grande censure sur l’Internet français pendant les élections :

on ne peut pas se borner à dénoncer les menaces supplémentaires que va faire peser sur la liberté d’expression la mise en œuvre de ce nouveau dispositif de censure. Il faut aussi s’interroger sur la notion même de fake news – de « fausse nouvelle » si l’on préfère la langue française au sabir américain. Or, Macron se révèle ici d’une étonnante naïveté, à moins qu’il ne s’agisse seulement de mauvaise foi.

Il semble en effet s’imaginer que les « nouvelles » sont soit vraies, soit fausses. On aimerait que ce soit si simple ! En matière d’information, la vérité est qu’il n’y a pas de vérité (absolue). L’information objective n’existe pas : elle est toujours le reflet de la subjectivité de qui la fournit. Il y a seulement des journalistes qui s’efforcent d’être honnêtes, et d’autres qui ne le sont pas. À côté de la « fausse nouvelle » manifeste, relevant d’une véritable désinformation, une nouvelle peut être faussée, tronquée, biaisée. La place qu’on lui donne, la façon dont on rapporte les faits, les titres employés jouent également.
Un exemple simple : quand la presse fait l’éloge de l’éditeur Paul Otchakovsky-Laurens, qui vient de mourir, en rappelant les noms des écrivains qu’il a lancés et soutenus, sans jamais citer celui de Renaud Camus, qui est l’auteur dont il a publié le plus grand nombre de livres, peut-on dire que l’information est objective ? Il y a des mensonges par omission.

N’oublions pas non plus que les grands médias, qui se flattent aujourd’hui de « décoder » les fake news chez les autres, ont toujours été les premiers à relayer les mensonges d’État, des « armes de destruction massives » de Saddam Hussein jusqu’au prétendu « charnier » de Timisoara. Et que dire des délires antirusses qui feront bientôt attribuer à Poutine la responsabilité des dérèglements climatiques ?

Dans une société normale, c’est au lecteur de se faire une opinion en lisant des choses contradictoires. On ne peut pas lui mâcher par avance la besogne en lui disant ce qui est digne de confiance (selon quels critères ?) et ce qui ne l’est pas. Ou bien alors, comme dans 1984, il faut tout de suite instituer un ministère de la Vérité – ce dont nous ne sommes d’ailleurs pas très loin. À l’heure où tant de nos contemporains s’emploient à ne pas voir ce qu’ils voient, on pourrait aussi s’interroger sur le statut du réel dans la société postmoderne. « Dans le monde réellement renversé, disait Guy Debord, le vrai est un moment du faux ».

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3 Comments

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  • 0 / 10
  • André , 10 janvier 2018 @ 7 h 42 min

    De la part de Christian très important.
    De : Christian
    Envoyé : lundi 8 janvier 2018 15:57
    À : Olivier
    Objet : nous allons tous nous retrouvez au trou ou prendre le maquis

    http://www.2012un-nouveau-paradigme.com/2018/01/france-fake-news-orwell-en-marche.html

  • feeloo , 10 janvier 2018 @ 12 h 21 min

    Excellent De Benoist.

  • Marcus , 10 janvier 2018 @ 12 h 28 min

    Personnellement, ma source principale d’information télévisée est TV Libertés. Ils le disent eux-mêmes : tout journaliste ne peut pas être vraiment impartial, cela n’existe pas en effet. Nous sommes tous des êtres humains avec nos convictions et notre orientation politique, même pour ceux qui ne s’en rendent pas compte. Mais par contre, un journaliste peut (et doit) être honnête. Ce qui n’est pas le cas de ces “chiens de garde du système” sur tous les médias “mainstream”.

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