« Transgenrisme »: les abus dénoncés

Le docteur David Bell est psychiatre, psychanalyste, consultant du Tavistock and Portman NHS Foundation Trustet ancien président de la British Psychoanalytic Society. Il travaille au service pour adultes du Tavistock Centrede Londres. Le Tavistock Centre, une clinique spécialisée dans les troubles psychiques des enfants et des adultes, est géré justement par le Tavistock and Portman NHS Foundation Trust. La clinique de Tavistock est connue pour être le centre médical du NHS, la Sécurité sociale britannique, où sont traités les enfants « transgenre », c’est-à-dire, dans la novlangue de l’idéologie du genre, les enfants atteints de « dysphorie de genre », autre terme de novlangue désignant les troubles de l’identité sexuelle.

Le docteur Bell est aussi l’auteur d’un rapport interne de la clinique de Tavistock qui avait fuité dans les médias en novembre dernier. Selon ce rapport, sur plus de 1 000 patients « soignés » d’une « dysphorie de genre » au Tavistock Centredepuis 2011, pas moins de 372 donnaient des signes d’autisme plus ou moins profond. En interrogeant les différentes parties prenantes, David Dell s’était aperçu que la clinique du NHS « ne sait pas résister aux pressions » de la part des organisations LGBT et que, de ce fait, de nombreux enfants y sont trop rapidement orientés vers des procédures de changement de sexe, ce qui a pour eux des conséquences graves et irréversibles. Face à l’absence de réaction de la clinique de Tavistock aux conclusions de ce rapport, en février dernier le psychothérapeute Marcus Evans démissionnait du conseil d’administration de la clinique.

Une pure « invention »

Aujourd’hui, l’auteur du rapport revient à la charge dans la préface d’un livre intitulé Inventing Transgender Children and Young People(Inventer des enfants et adolescents transgenres). Les accusations formulées dans cette préface du docteur Dell contre les pratiques en vigueur dans ce domaine en Grande-Bretagne ont été relayées par le Telegraphdans un article publié le 4 septembre dernier. Dans sa préface, David Dell dénonce le fait que, en Grande-Bretagne, toute discussion critique sur le phénomène du « transgenrisme » et de la « dysphorie de genre » est devenue impossible à cause de l’action des militants LGBT.

Alors que la « dysphorie de genre » est « un problème très complexe avec des causes multiples », les services médicaux spécialisés « tendent vers une simplification dommageable », souligne le docteur Dell qui pointe du doigt le lobby LGBT et son « soutien idéologique » à une telle approche. « Nombre de services ont promu le recours aux interventions médicales et chirurgicales sans se soucier suffisamment du préjudice grave et irréversible que cela peut causer, et ils l’ont fait avec une approche dangereusement superficielle de la question du consentement des jeunes enfants », dénonce le docteur Dell.

En outre, s’inquiète-t-il, ceux qui « refusent d’accepter la position idéologique dominante » sont souvent accusés d’être « transphobes », ce qui bloque le débat public, et cette manière de réduire au silence les voix dissidentes « fonctionne très bien, débouchant sur la simplification d’un problème très complexe qui aurait besoin d’être appréhendé au niveau à la fois individuel et socioculturel », continue-t-il. Car, selon lui, c’est dans le contexte des forces sociales et culturelles que l’augmentation très rapide du nombre d’enfants orientés vers les traitements pour « dysphorie de genre » doit être perçue, et cela nécessite une enquête urgente.

Une enquête que le ministre des Femmes et des Egalités a justement ordonnée il y a un an mais dont on ne connaît pas encore les résultats. Madame le ministre Amber Rudd s’était en effet inquiétée de la croissance exponentielle du nombre d’enfants et adolescents diagnostiqués avec une « dysphorie de genre » au Royaume-Uni. En effet, entre l’année 2009-2010 et l’année 2017-2018, on est passé de 97 cas à 2 519 cas. Chez les filles, le nombre de cas est passé sur cette période de 40 à 1 806. Les adolescentes qui se considèrent être en fait des garçons enfermés dans un corps de fille représentent aujourd’hui environ les deux tiers des cas.

Des traitements chimiques parfois irréversibles

Quand des enfants sont diagnostiqués avec un tel problème avant la puberté, on leur apporte un soutien psychologique qui les conforte dans leur conviction qu’ils sont en fait du sexe opposé à leur sexe biologique. Ensuite, à l’approche de la puberté, c’est-à-dire à partir de 12 ans, on leur administre des traitements bloquant la puberté. A partir de 16 ans on leur applique des hormones du sexe opposé, éventuellement en vue d’une intervention chirurgicale. Avant même l’intervention chirurgicale, ces traitements chimiques peuvent entraîner, entre autres problèmes, une infertilité définitive. Au Tavistock Centre, environ 45 % (chiffre avancé par le Telegraph) des enfants traités pour « dysphorie de genre » finissent par se décider pour une intervention médicale qui en fait des transsexuels. Pour l’année 2017-2018 (du 1er avril 2017 au 31 mars 2018), quelque 800 enfants n’ayant pas encore atteint la puberté étaient traités pour « dysphorie de genre » dans la seule Angleterre (sans l’Ecosse et le Pays de Galles), et certains des enfants traités n’avaient que 10 ans, dont 45 qui avaient 6 ans ou moins, le plus jeune enfant traité pour « dysphorie de genre » cette année-là en Angleterre étant un enfant de 4 ans.

En dehors des procédures médicales, en juillet dernier des experts du NHS ont mis en garde les parents qui encouragent, sans avoir consulté un psychiatre, les enfants à problèmes à faire leur « transition » sociale, c’est-à-dire à se présenter comme appartenant au sexe opposé ou comme n’appartenant à aucun des deux sexes.

Faut-il voir dans ces mises en garde un retour à la raison chez nos voisins britanniques ? Il est encore trop tôt pour le dire mais il n’est pas interdit d’espérer… •

 

 

 

Olivier Bault – Présent

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