Le Sang de la vigne, Mission à Haut-Brion, par Corbeyran et Sandro

L’éditeur Jacques Glénat, installé à Grenoble et qui est devenu aujourd’hui un géant de la bande dessinée historique ou policière et du manga, s’est lancé dans l’exploration d’un nouveau thème, avec l’aide du scénariste Corbeyran : celui du vin. Depuis quelques années, Corbeyran nous raconte, par le biais d’énigmes policières plutôt bien troussées, l’univers du vin, des châteaux, des appellations et des crus, de l’œnophilie. Les albums sont très didactiques, exacts et bien documentés pour tout ce qui touche le vin, mais en même temps dessinés avec un soin parfait, dans le cadre d’intrigues à rebondissements. Il y a désormais plusieurs séries : Châteaux Bordeaux, dont le cinquième tome vient de paraître, In Vino Veritas, et puis cette Mission à Haut-Brion, qui semble bien constituer le premier opus d’une série qui s’appellera Le Sang de la vigne. L’album met en scène un nouveau personnage, destiné à devenir le héros de la série, Benjamin Cooker, la cinquantaine sportive et élégante, œnologue réputé et auteur d’un Guide Cooker des vins, qui n’est pas sans rappeler le fameux Guide Parker, évidemment.

L’intrigue de Mission à Haut-Brion débute au château des moniales, un domaine viticole situé à la croisée des communes de Pessac, Mérignac et Bordeaux. Avec l’aide de ses deux collaborateurs, les œnologues Alexandrine et Virgile, Cooker doit déjouer un sombre complot qui pourrait conduire à la faillite ce domaine du Haut-Brion. L’intrigue le conduit notamment chez une antiquaire-restauratrice installée dans la citadelle de Blaye, chez un brocanteur de Maynac, au restaurant Le Noailles, à Bordeaux (pour déguster un Château Haut-Brion 1982), et sur divers autres sites du Bordelais.

Le marketing de cette série est très habile. Le public visé est celui des amateurs quadra, quinqua et sexagénaires de bandes dessinées qui sont aussi, souvent, des adeptes d’un certain art de vivre, et donc des amateurs de bon vin. Que le héros déguste un Gruaud Larose 1963, qu’il déniche un tableau d’un peintre local du début du XXe siècle ou qu’il s’infiltre de nuit dans les locaux de l’ennemi, le lecteur éprouve à peu près le même genre d’excitation. La recette est bonne.

• Le Sang de la vigne, Mission à Haut-Brion, par Corbeyran (scénario) et Sandro (dessins), d’après un roman de J.P. Alaux et N. Balen, Glénat, 2014.

Lu sur Présent

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