Et si l’Europe se construisait sans la France ni l’Allemagne ?

 

Les élections législatives en Slovénie ont débouché, ce dimanche 3 juin, sur la victoire de la droite « conservatrice » mais surtout anti-immigration. Après l’Italie – qui dispose désormais de Matteo Salvini de la Lega comme ministre de l’intérieur, lequel a promis aux migrants qu’ils allaient bientôt devoir faire leurs valises et partir – après la Hongrie –  qui a vu le triomphe d’Orban – c’est un nouveau pays dont le peuple décide de confier le pouvoir à celui qui entend faire de la lutte pour la préservation de l’identité et contre l’immigration son cheval de bataille principal.

Et si, finalement, l’Europe des peuples se construisait sans la France et l’Allemagne ? Car ces deux moteurs initiaux de la construction de l’Union Européenne sont aujourd’hui deux nations aux représentants enfermés dans une conception multiculturelle de notre continent, conception que rejettent des masses de plus en plus importantes, d’Ouest en Est.

Car contrairement à ce que voudrait nous faire croire la pensée médiatique ambiante, ce n’est pas l’euro, l’Union Européenne, ou l’économie qui provoquent ce mouvement de contestation vis à vis de l’oligarchie mondiale. Ou à la marge. Mais bien le refus de l’immigration, et donc de la dissolution d’une civilisation dans un espace au sein duquel l’identité Européenne, blanche et chrétienne serait une identité en danger.

Ce n’est donc pas l’Europe qui est en danger avec ces nouveaux gouvernements, en Italie, en Pologne, en Slovaquie, en République Tchèque, en Slovénie, en Hongrie. Mais c’est la conception institutionnelle de l’Union Européenne qui a conduit aux crises que nous connaissons aujourd’hui (migratoire, économique, culturelle). Et ce sursaut des peuples, dans toute l’Europe, est aujourd’hui un formidable espoir pour la construction d’un continent fort, puissant, et qui affirme son identité pleinement.

A Bruxelles, comme en Allemagne et en France, c’est la panique générale. Et le début du chantage à l’argent : ainsi les pays de Visegrad ont été menacés de sanctions économiques par Macron et Merkel pour ne pas « respecter les valeurs de l’Europe » dans une inversion accusatoire dont seule la France arrogante et l’Allemagne ont le secret. En 2021-2027, La Commission européenne, institution non élue, envisage de réduire ses dotations adressées notamment à la Pologne et la Hongrie. En effet, elle considère ces deux pays  « mauvais élève » en matière de démocratie, sans que la presse traditionnelle en France ne s’interroge.

N’est-ce pas un paradoxe qu’une institution non élue, minoritaire, distribue les bons et les mauvais points de démocratie à des gouvernements élus, suite à de fortes mobilisations électorales. Celles-ci sont largement plus importantes qu’en France où, faut-il le rappeler, l’Assemblée a été élue par une minorité d’électeurs ?

Du côté des anti-immigration en France, le Rassemblement national, anciennement Front national, semble être comme un boulet pour l’émergence de l’équivalent d’un Fidesz ou d’une Lega. Un boulet, car bien qu’anti-immigration, il s’agit d’un parti qui, dans chaque déclaration de sa présidente, Marine Le Pen, accepte le caractère multiculturel récent du pays, comme si cela constituait une fatalité.

Ainsi, Marine Le Pen défend Mayotte en tant que département français, alors qu’il s’agit d’une des portes d’entrée  de l’immigration en Europe. Ce faisant, elle va bien entendu dans le sens opposé à celui d’Orban érigeant un mur pour protéger toute l’Europe des migrants. De même, Marine Le Pen accepte que l’on octroie la nationalité française à Mamoudou Gassama. Elle va ainsi à l’encontre de la vision de bon nombre d’Européens qui estiment qu’il n’y a aucun rapport automatique entre un exploit (surmédiatisé) et l’intégration d’un individu (puis de ses enfants) dans une communauté.

En Allemagne, à la différence du parti de Marine Le Pen, la contestation et la montée en puissance de l’AFD semblent d’une autre nature. Par contre, ce parti semble encore largement marginal dans toute une partie de l’Allemagne, la reductio ad hitlerum fonctionnant encore dans le pays d’Angela Merkel, pourtant en proie non pas à des colonnes de Waffen SS renaissants de leurs cendres, mais à une immigration incontrôlée et changeant petit à petit le visage de l’Allemagne.

Dans tous les cas, l’Allemagne et la France, qui ont accepté depuis des décennies d’accueillir, comme la Belgique ou les Pays-Bas, un nombre important d’immigrés, et qui l’acceptent encore aujourd’hui, sont en train de tomber sur un os. Il est constitué par une majorité des pays qui ont adhéré à l’Union Européenne, croyant dans un idéal civilisationnel (notamment après avoir vécu les ravages du communisme destructeur), dans un espace protégé. Mais surtout pas dans un « continent des valeurs universelles » dont la nouvelle Bible serait la déclaration des droits de l’homme et du citoyen et l’idée que n’importe quel être humain sur terre aurait « le droit » de venir s’installer en Europe.

Finalement, les élections Européennes de 2019 pourraient constituer – si la mobilisation était au rendez-vous – un moment exceptionnel dans l’histoire de notre continent : celui de la consécration de peuples qui veulent vivre en harmonie tous ensemble sur le même continent, mais qui refusent que des dirigeants à la solde d’une petite oligarchie mondiale tentent de les dissoudre définitivement, puis de les remplacer.

Après tout, si les peuples qui composent la France et l’Allemagne ne sont pas capables, plus capables, de se réveiller, de changer de logiciels et d’élites, d’autres peuples, à côté d’eux, semblent ne plus avoir envie de les laisser mener le bateau vers un remake glaçant du Titanic. Et si l’avenir de la Grande Europe ne passait finalement plus ni en France, ni en Allemagne ?

Julien Dir -Breizh info

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