Le refus de vendre les Mistrals va nous coûter 1,2 milliard d’euros et de nouveaux chômeurs

C’est une révélation de Paris-Match :

En juin dernier, 510 salariés du Groupe CNIM sont mis au chômage partiel. La nouvelle provoque un mini-séisme car l’industriel varois n’a jamais connu telles difficultés depuis vingt ans. Le groupe CNIM avait été choisi en 2012, un an après la signature du contrat, pour fabriquer les véhicules de débarquement de troupes livrés avec les navires de type Mistral : deux engins amphibies rapides (EDAR) de type L-Cat. Novembre 2014, le «Vladivostok» reste à quai, la livraison est suspendue pour des raisons politiques. Les chantiers DCNS et STEX se retournent vite vers leur assureur mais CNIM ne parvient pas à le faire. Résultat : des chômeurs en plus; 15% de la masse salariale du groupe. Les dirigeants de ce chantier savent depuis mercredi 5 août, 20 heures, que la facture des deux engins ne sera jamais honorée.

(…) Le coût du démantèlement des câblages, qui durera plusieurs mois, vient s’ajouter à la facture totale qui frôle les 1,2 milliard d’euros. Nous voilà bien loin des 785 millions annoncés pas les négociateurs français lors de leur première réunion à Moscou le 31 mars dernier.

La somme ne sera pas imputée au budget de l’Etat. Du moins pas dans un premier temps. C’est la trouvaille du ministère des Finances. C’est l’assureur Coface, le même qui garantit la vente des Rafale au Maréchal Sissi -dont les premiers engins doivent survoler le 6 août le nouveau canal de Suez-, qui renflouera les caisses des constructeurs du Mistral. Ces frais exceptionnels seront ensuite répercutés sur le budget de l’Etat vraisemblablement après 2017…

Outre l’aspect purement financier du dossier, les industriels craignent d’avoir malgré eux participé à un transfert de compétences. Il se pourrait les tergiversations et maladresses du chef d’Etat Français, qui a «géré» seul ce dossier du début à la fin, aient ulcéré les partenaires russes au point que ceux-ci n’aient pas hésité à s’inspirer des plans auxquels ils ont eu accès pour concevoir leurs futurs navires. Comme l’a récemment affirmé le ministre russe de l’Industrie et du Commerce, Denis Manturov, «la Russie n’a reçu aucune technologie pour la construction du Mistral». Pourtant, le mois dernier, au Salon international de la défense maritime IMDS de Saint-Pétersbourg, ont été dévoilés des projets de porte-hélicoptères fort ressemblants aux navire français. Ainsi le «Pyotr Morgunov», bateau plus petit, présenterait des similitudes avec le Mistral, tout comme son grand frère, dont la construction est prévue pour 2020. Les Russes entendent bâtir un géant, le «Lavina» («Avalanche»), qui promet d’être plus grand et plus rapide, pesant 24 000 tonnes, atteignant 22 nœuds et pouvant transporter 16 hélicoptères. Cerise sur le gâteau : une entreprise française, Dassault Systèmes, leader mondial de la conception 3D, a déjà proposé ses services aux Russes pour modéliser leur futur porte-hélicoptères. Voilà de quoi faire enrager les constructeurs français qui en plus de subir des dommages économiques, voient leur savoir-faire partir à l’étranger.

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17 Comments

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  • Boutté , 13 août 2015 @ 8 h 27 min

    La Russie ne menace en rien la paix en Europe . Géographiquement elle en fait partie et culturellement elle en est très proche . En revanche les USA qui sèment à nos dépens la chienlit en Ukraine nous font supporter à nous seuls les conséquences des sanctions de l’OTAN à nos frontières . Quant aux marchés de l’armement qui étaient un de nos points forts depuis 50 ans , ils nous serons fermés désormais sauf à “vendre” des Rafales à des pays qui ne les paieront évidemment jamais et sont bien plus que la Russie aptes à les retourner contre nous ou contre nos intérêts en Afrique et au Moyen-Orient .

  • Pacific , 13 août 2015 @ 8 h 58 min

    De toutes les façons, la Russie a désormais les moyens de construire l’équivalent des Mistrals. Donc c’est une perte lourde pour le présent comme pour l’avenir de notre industrie militaire. Car, plus personne n’aura envie de nous passer commande si un changement de régime politique en France peut entraîner l’annulation de ladite commande.
    Et pourquoi l’avons-nous fait ? Simplement, pour satisfaire aux intérêts des USA et de quelques états russophobes d’Europe de l’Est. Parce que les USA, tout en roulant des mécaniques dans leurs discours, n’ont jamais renoncé à faire du commerce avec la Russie ; les échanges se sont même accrus entre les deux pays. En fait, ils voulaient que l’UE commerce le moins possible avec la Russie.
    Il serait naturel d’envoyer la facture des Mistral et de ses conséquences à l’Oncle Sam, quitte à saisir sans la moindre vergogne le maximum d’avoirs américains en France au cas ou ils ne se montreraient pas coopératifs. Après tout, ils ne se sont pas gênés pour infliger une amende de 80 millions de dollars à la banque française BNP-Paribas. Mais, pour cela, il faudrait avoir des dirigeants qui en ont dans la culotte.

  • ovide , 13 août 2015 @ 9 h 10 min

    ce n’était pas 80 millions mais sauf erreur 14 milliards comme amende infligée par les US à Paribas …pour avoir commercé avec certains pays sous embargo unilatéralement décidé par les USA alors que l’ONU autorisait les échanges avec les pays concernés..

    et notre Gouvernement au lieu d’appuyer Paribas et de refuser de payer cette colossale amende, a baissé culotte devant nos “amis américains”…

  • HuGo , 13 août 2015 @ 9 h 12 min

    ‘Parole’ semble affecté de strabisme. La Russie n’est pas notre ennemi. La Chine ne nous menace en rien, militairement. Essayer de viser plus au Sud…. Personne ne le conteste (le poul de l’opinion montre que l’immense majorité des gens estime le défaut de vente à la Russie comme une erreur manisfeste), l’industrie de l’armement française encaisse un sale coup qui l’enfonce un peu plus face à ces concurrents directs (USA, Allemagne, Royaume Uni, même la Russie elle-même) et entâche une année qui eut pu être faste.

  • acacia , 13 août 2015 @ 9 h 47 min

    qu’Est-ce à coté des 18 milliards perdu par la revanche de Poutine sur les rafales de l’Inde .

  • champar , 13 août 2015 @ 9 h 48 min

    Ce parasite de Bartolone s’en tire probablement bien à titre individuel mais pas la France dont il n’a rien à faire.

  • richard b , 13 août 2015 @ 10 h 55 min

    tout à fait d’accord hugo, mais va t’on se laisser berner longtemps comme cela?

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