«On laisse en liberté des gens qui devraient être plus longtemps surveillés ou incarcérés» (Vidéo)

Alexandre del Valle, géopoliticien, spécialiste du terrorisme, réagit  à l’attaque de Strasbourg, dont le principal suspect est un criminel multirécidiviste.

Analyse sans concession du profil « hybride » de Chérif Chekatt et de la situation en France après l’attentat de Strasbourg.

« L’État n’est plus capable de mettre hors d’état de nuire des radicalisés dangereux à cause d’une justice laxiste qui nous dit qu’il faut vivre avec. »

 

Un terroriste a ouvert le feu hier soir lors du marché de Noël de Strasbourg faisant plusieurs victimes. On avait presque oublié que le terrorisme islamique était encore en France une menace à prendre très au sérieux.
Ces actes vont-ils se répéter ?

Oui, ces actes vont forcément se répéter. L’appel au djihad de tout le monde contre tout le monde va continuer. Il fait souche et se répand comme un virus. On a un terreau très favorable dans de nombreuses banlieues régulièrement en flamme. Des caïds rencontrent dans ces banlieues, des islamistes et les islamistes recrutent des caïds. Certaines prisons sont des incubateurs de terroristes. Elles accueillent des prisonniers de droit commun qui s’y radicalisent. Certains détenus arrivent même à contaminer les surveillants.
On a donc tous les ingrédients, à la fois des territoires hors contrôle de l’État et des prisons non adaptées à cette nouvelle menace de gens très contagieux. Les prisons et les quartiers de non-droit continuent à être des facteurs d’incubation, de recrutement et de mobilisation. Ce terreau favorable ne fait que grossir. À tout cela se greffent les problèmes d’intégration, d’immigration et de sécurité. Parallèlement, la justice est foncièrement laxiste, car elle n’emprisonne plus personne.
Ce terroriste avait déjà été condamné à plusieurs reprises pour trente actes délictueux et incarcéré , mais uniquement pour de courtes peines.
Aujourd’hui, l’État n’est plus capable de mettre hors état de nuire des bêtes fauves, des individus radicalisés ou des multi-récidivistes. On nous dit même de vivre avec.

Strasbourg est une ville symbolique. C’est une capitale européenne avec son marché de Noël, sa cathédrale et également une population de non-intégrés dont certains sont partis faire le djihad en Syrie.
Est-elle l’emblème de la faillite européenne sur l’immigration ?

Strasbourg est effectivement l’emblème d’une faillite. Mais on peut aussi parler de Saint-Denis, de Trappe, d’Aubervilliers, de Dreux, de Saint-Étienne, de Molenbeek, de Charleroi en Belgique, du Londonistan anglais et de Manchester, mais aussi de plusieurs villes en Allemagne et en Italie.
Ce n’est donc pas spécifique à la ville de Strasbourg. C’est aujourd’hui Strasbourg, hier Nice, avant-hier Barcelone.
Le djihad 2.0 s’exerce partout où il y a concordance entre plusieurs phénomènes, un laxisme judiciaire, une difficulté à appliquer la politique de sécurité, un terreau favorable de migrants et d’enfants de migrants contaminés par des islamistes qui récupèrent leur mal-être. Ces ingrédients se retrouvent partout.

Ils ont toujours le même profil. On les appelle des hybrides, des condamnés de droit commun qui se radicalisent et qui passent de la délinquance au terrorisme. Ces profils se répètent.
Est-ce que 100 % des terroristes sont issus de ce profil ?

Non, ils ne sont pas tous issus de ce profil. Il y a aussi des radicalisés idéologiques purs qui ne sont pas forcément des anciens délinquants. Certains ou certaines sont comme la fameuse Konïg, cette Bretonne, fille de gendarme, devenue l’héroïne des djihadistes que les Kurdes ont attrapée. Elle n’a pourtant pas du tout un profil de délinquant. On trouve même des avocats anglo-saxons qui ont pignon sur rue. Il y a un peu de tout.
Mais il est vrai que les plus actifs et les plus visibles sont souvent des immigrés ou des enfants d’immigrés de zones de non-droit, des quartiers difficiles. Du fait de leur appartenance, de leur famille et de leur naissance, ils sont plus facilement récupérables par des imams. Ces derniers essaient de récupérer tous ces gens qu’ils estiment être désislamisés. Cela leur donne une culpabilité et ils essaient, quand ils sont délinquants, de se racheter une bonne conscience en devenant islamistes. Ils peuvent ainsi gagner un paradis et laver leurs péchés. Ce sont des profils assez courants.
Il y a aussi les purs convertis comme les frères Clain ou les gangs de Roubaix. Depuis trente ans, on a beaucoup d’exemples de convertis. On rencontre tous les profils. Le profil le plus courant est toutefois celui du délinquant d’origine maghrébine issu de quartiers compliqués et violents. Les islamistes savent très bien que quelqu’un qui est habitué à la violence sera plus efficace que quelqu’un qui ne l’est pas.

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