Vidéo / François 1er avec Fernandel

 Par Alain Sanders

Le film de Christian-Jaque, un des grands succès d’avant-guerre, date de 1936. Mais nous autres, gamins un peu turbulents mais assidus de la paroisse Sainte-Anne de Salé (Maroc), nous l’avions découvert au cinoche du jeudi en 1954. Le supplice de la chèvre nous avait enchantés, bien sûr, et nous, nous avions essayé, avec un succès mitigé, de l’appliquer à nos « prisonniers de guerre ». Mais nous aimions aussi l’intelligence d’Honorin (Fernandel) qui, transporté à l’époque de François 1er, « prédit » l’avenir grâce au Petit Larousse emporté dans ses bagages. Un film de grande bonne humeur où, outre Fernandel évidemment, on retrouve Mona Goya, Alice Tissot, Henri Bosc, Aimé-Simon Girard, etc.
Régisseur du théâtre forain Cascaroni, Honorin doit remplacer au pied levé le fils Cascaroni dans la pièce François 1er ou les amours de la Belle Ferronnière. La chance de sa vie ! Pour mieux s’imprégner du rôle, il se laisse hypnotiser par Gagliostro, qui dit la bonne aventure dans une roulotte voisine. Et le voilà transporté à la cour du roi à Amboise en 1520…
Aidé de son dico, il annonce aux uns et aux autres ce que l’avenir leur réserve. Un « don » qui le fait suspecter de sorcellerie, mais qui lui permet d’enseigner le tango à la cour, d’inventer la loterie nationale, de fréquenter un brave fantôme, Jules, d’être mêlé aux amours du roi et de Madeleine Ferron (la Belle Ferronnière). C’est peut-être idiot de dire ça, mais je sais quelques gamins de six et sept ans à qui cette comédie rustique a donné le goût de l’Histoire de France. Et au moins un autre, que je connais bien, qui depuis ce temps a développé une passion pour les dictionnaires (et leur consultation). Ce François 1er est certes une pochade. Mais respectueux en même temps de l’Histoire et soucieux de ne pas trop écorner ses plates-bandes.
Que vous ayez déjà vu François 1er ou que vous décidiez de le découvrir en DVD, soyez attentifs aux dialogues, à la qualité des dialogues : pour la farce comme dans des genres plus nobles, scénaristes et dialoguistes d’avant-guerre parlaient encore français…

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