Le lecteur de DVD / Dieu est mort

Par Alain Sanders

Chose promise, chose due. Dans la page récemment consacrée au film Cristeros, je recommandais le roman de Graham Greene, La Puissance et la Gloire, et j’annonçais quelques mots sur l’adaptation que John Ford en fit en 1947 : Dieu est mort (titre original : The Fugitive).

Pendant la guerre des Cristeros, un prêtre, traqué par les tueurs gouvernementaux, se déguise en paysan et se cache dans un petit village. Il n’est pas très courageux. Il a peur. Mais, aidé par une jeune Mexicaine qui lui demande de baptiser un enfant, il se reprend et assume son sacerdoce. Le filet se resserrant autour de lui, il est bientôt contraint de se réfugier aux Etats-Unis.

Malgré un casting de qualité (Henry Fonda, Dolores del Rio, Pedro Armendàriz, etc.) et des critiques élogieuses, ce film n’eut guère de succès (sinon au Mexique). Ce qui n’émouvait pas plus que ça John Ford, Irlando-Américain de choc et catholique du même métal :

— J’ai réalisé ce film tel que je le voulais – c’est pour cela que c’est un de mes films préférés. Pour moi, il est parfait. Ce ne fut pas un succès populaire. La critique l’a apprécié, mais il n’avait évidemment pas d’attrait pour le public. Mais je suis très fier de mon travail.

Le paradoxe, c’est que si – dans la foulée des Cristeros – on programmait en salle Dieu est mort aujourd’hui, il serait assassiné par la critique gauchardingue et sans doute apprécié par un large public. Témoin cette critique récente relevée sur internet : « éclairages christiques », « métaphores pieuses », « religiosité à la petite semaine », « bondieuserie crispante », « manichéisme », etc. Je vous livre ces quelques extraits et ne vous en dis pas plus : ce film, à la photographie superbe, est à voir, à revoir et à classer dans nos cédéthèques.

 

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