Quand Le Monde appelle ouvertement à la violence à propos d’un colloque de l’Institut ILIADE

Dans son édition numérique datée du 6 avril 2019, Le Monde publiait un surprenant article, de la plume de Lucie Soullier, régulièrement envoyée en mission sur les terres de ce que le quotidien du soir suppose être l’extrême-droite. Un article intitulé « Marion Maréchal, Génération identitaire et les anciens du GRECE réunis dans un colloque d’extrême-droite ». L’article de Lucie Soullier n’est pas étonnant du fait de son sujet, le marronnier de la méchante extrême-droite qui menacerait sans cesse le pays, que dans la manière de le traiter.

Le sous-titre de cet article est révélateur : « L’ancienne députée du Front national a participé samedi à Paris au sixième congrès annuel de l’Institut Iliade ». Un institut pour la longue mémoire européenne qui tenait son sixième colloque sur le thème « L’Europe, l’heure des frontières ». Lucie Soullier (qui ne cite pas le thème du colloque dans son titre) s’intéresse avant tout à l’un des nombreux visiteurs, en la personne de Marion Maréchal, laquelle était là pour simplement accompagner son compagnon (orateur) , et non comme invitée ou oratrice, ce que Soullier signale rapidement.

Un article qui n’a de journalistique que le nom

Lucie Soullier présente son article comme un reportage, prétendant s’être rendue sur place. Elle est peut-être restée attablée à proximité, à une table de café ou dans la queue (importante) pour rentrer . Constatant qu’une grande file d’attente s’est formée, dans un quartier dit-elle pourtant plein de lieux institutionnels (et alors ?), et sans que rien ne vienne s’y opposer (re-et alors ?), elle prétend rapporter des propos connotés relatifs à la forte présence de populations autres que de souche dans le métro parisien et au grand remplacement. Ce qu’elle indique ressemble fort à une conversation entendue en rêve, tant elle paraît tomber merveilleusement bien pour qui aurait besoin de preuves au sujet de ce matin brun toujours bien présent, pense-t-elle :

« Ça a été ton trajet ? », s’enquiert la Parisienne en rouge auprès de son ami venu de l’Est. Sac sous le bras, il lui répond « ça va, ça va » avec un « mais » très appuyé : « J’avais le choix de m’asseoir entre un Noir et une personne dirons-nous… marron. » Bras en écharpe et blouson noir, son voisin enchérit tout aussi excédé : « Ah moi, je suis venu en taxi avec un bon gros… » Il ne finira pas sa phrase ; tous quatre s’accordent sur le terme « guadeloupéen ». La fille en rouge soupire, tout en jugeant que « les Noirs des îles, ça va ».

Anti journalisme

Propos non vérifiés et non vérifiables, dans Le Monde. Pas une infox, simplement une manière d’écrire la réalité à partir de tranches d’information non identifiables. Rien de journalistique dans cette démarche consistant à appuyer un « reportage » sur des rumeurs peut-être entendues, peut-être pas… Reste que dans une telle file d’attente, Lucie Soulier aurait sans aucun doute trouvé des conversations très différentes et de ce fait pu orienter son prétendu reportage dans une tout autre direction. On aurait même pu penser qu’une journaliste informe ses lecteurs sur les contenus (évacués en quelques lignes) de ce colloque sur « L’Europe, l’heure des frontières », quelques semaines avant les élections européennes. Mais ce n’est pas l’objectif puisque la suite de l’article est du même tonneau : approximations sur les concepts, les invitations, les visions du monde. L’objectif est ici plutôt de faire passer un sentiment très personnel quant au sujet traité, et particulièrement quant à une Marion Maréchal que Soullier s’évertue sans cesse à ramener au RN. L’extrême-droite qui menace dans l’ombre est un sentiment irrationnel et qui mériterait peut-être d’être analysé sur un divan.

Lucie Soullier décrit stands, livres, orateurs… Tout ce qui lui fait peur depuis qu’elle a intégré la rédaction du Monde, sans doute aucun. Le contenu du colloque lui-même est à peine évoqué. Une de nos sources, elle-même présente ce 6 avril au colloque de l’Iliade nous dit ceci : « Il n’y a rien sur le colloque dans cet article, que des propos invérifiables et un appel à peine déguisé aux troubles ». Une autre source évoque un article « paranoïaque ». Il est vrai que le fil rouge de l’article semble viser Marion Maréchal, cauchemar récurrent de Soullier, et Génération identitaire qui, pour occuper pacifiquement des locaux ici et là, subit régulièrement les foudres de la justice et de l’actuel pouvoir qui semble vouloir l’interdire, tout en laissant les black-blocs tranquille.

La fin de l’article ? Lucie Soulier écrit ceci : « Jean-Yves Le Gallou, le grand manitou de la journée, est ravi. Le très identitaire ancien député européen frontiste, ancien du Club de l’horloge et cofondateur de l’institut Iliade, a réuni sous le même toit la médiatique Marion Maréchal, les jeunes activistes de Génération identitaire désormais dans le viseur du pouvoir et les penseurs de l’ancienne école du Grece. Sans qu’aucune manifestation ne vienne rien troubler de sa journée. Une première bataille culturelle discrètement gagnée, à ciel ouvert, avec vue sur la Tour Eiffel ». Ainsi, notre source semble avoir raison : Lucie Soullier et Le Monde s’inquiètent de l’absence de « troubles », autrement dit qu’un colloque tout à fait légal ne se tienne pas dans les catacombes (« à ciel ouvert ») et ne soit pas violemment attaqué. Un appel aux troubles peut-être ?

OJIM

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