Connaissez-vous l’Oratoire d’Oxford ?

Tribune libre du Père Jérôme Bertram*

Le lundi 12 mars ont commencé, après bien des années de préparation, les travaux du nouveau bâtiment de l’Oratoire d’Oxford qui se développe à deux pas de l’université mondialement connue. C’est l’occasion de découvrir cette communauté dynamique peu connue en France qui semble avoir un avenir certain dans le futur de l’Eglise catholique en Angleterre.

L’Oratoire d’Oxford est une communauté des prêtres et séminaristes qui suivent la règle de vie de Saint Philippe Néri. Au contraire de l’Oratoire de France, fondé au XVIIème siècle par le Cardinal de Bérulle, qui est une société de vie apostolique qui rassemble différentes communautés dans une même congrégation, les communautés « Philippiennes » sont toutes autonomes et dépendent directement de Rome, bien qu’elles aient des liens familiers et juridiques entre elles. En France, il y a deux communautés de ce type, l’Oratoire de Nancy et celui de Dijon.

La communauté d’Oxford a été créée à l’occasion du centième anniversaire de la mort du Bienheureux Cardinal Newman, en 1990. Cela a commencé par l’arrivée de deux prêtres et d’un séminariste venus de l’Oratoire de Birmingham à la demande de l’archevêque de cette même ville. Ils ont ainsi réalisé le rêve de Newman lui-même : voir une communauté oratorienne se développer dans cette ville qui l’a vu se convertir. Les oratoriens ont alors pris la succession des jésuites qui desservaient la paroisse de l’église Saint Louis de Gonzague et ont ainsi reçu le presbytère annexe.

La paroisse Saint Louis de Gonzague avait subi de plein fouet la crise de la pratique religieuse des années soixante. Les oratoriens ont alors fait le choix d’une liturgie soignée et d’un retour à une ligne plus classique des offices paroissiaux. Ils ont ainsi été pionniers d’un renouveau liturgique en Angleterre. L’assistance à la messe dominicale est montée de deux cents pratiquants à leur arrivée à mille aujourd’hui. Deux chorales au répertoire varié, des homélies instructives, un accueil charitable et une liturgie splendide ont largement contribué à ce renouveau jusqu’à redonner à la paroisse un nouvel élan spirituel. Les paroissiens sont aujourd’hui de tous les âges, de toutes les nations, de toutes conditions : cela va du philosophe de réputation mondiale aux mendiants les plus humbles en passant par les nomades, les touristes, les familles nombreuses (ainsi qu’une infinité d’enfants bruyants !) … Tout le monde est là, chacun trouve sa place ! Aucune opportunité n’est ratée pour travailler à la ré-évangélisation de l’Angleterre. Chaque année, par exemple, et cela depuis l’Année Jubilaire, la Fête Dieu est célébrée avec une procession d’un kilomètre de long parmi les rues d’Oxford. Elle va de l’Oratoire jusqu’à l’aumônerie de l’une des deux universités, en passant par les pères dominicains.

Les oratoriens ont ensuite acquis des responsabilités diverses dans le diocèse de Birmingham : ils sont devenus aumôniers d’un hôpital, d’une prison et d’une école. L’un d’eux est également responsable national pour l’œcuménisme. De nombreux ouvrages ont également été écrits pas des pères oratoriens et notamment des livres historiques et spirituels comme une vie du Cardinal Newman pour enfants. Ils ont également développé des groupes de prière, des groupes associatifs ou des groupes destinés à un enseignement particulier qui se réunissent le soir ou le week-end. On les appelle des « Oratoires ». Ils sont destinés aux garçons, filles, jeunes gens, ainsi qu’aux jeunes mères… Il y a également la Légion de Marie et la Conférence Saint-Vincent-de-Paul. Les pères sont aussi d’une précieuse aide dans les paroisses de la ville et de sa banlieue où ils remplacent souvent des prêtres malades ou en congé.

Après vingt-et-un ans de présence, l’Oratoire d’Oxford compte maintenant huit prêtres et un séminariste. Leur maison est donc pleine. La communauté n’a donc plus la possibilité d’accueillir de nouveaux novices et ne peut donc plus se développer. Il n’y a plus non plus de possibilité d’accueillir des prêtres de passage ou des hôtes. Il est donc devenu nécessaire de construire un nouveau bâtiment qui comprendra cinq nouvelles chambres pour les éventuels nouveaux novices ou pour les séminaristes qui viennent du monde entier pour étudier chez les frères dominicains d’Oxford, situés à 100 mètres de l’Oratoire. Celui-ci a en effet par le passé déjà accueilli des étudiants venus d’Oratoires d’Afrique, d’Amérique du Nord ou d’Angleterre.

La bibliothèque de l’Oratoire, bien qu’étant un élément incontournable de la vie du lieu, pâtit elle aussi énormément de ce manque de place. Celle-ci contient des collections uniques. Il y a par exemple un grand nombre de livres des éditions Mauristes qui ont appartenu à Gaisford, un ami de Newman ainsi que des ouvrages de l’évêque anglican Graham Leonard, célèbre converti au catholicisme. On y trouve également des textes de G.K. Chesterton avec ses manuscrits ainsi que des journaux qu’il gardait, soit 12 000 ouvrages en tout.

Mais à l’heure actuelle, le tiers d’entre eux reste dans les cartons et ne peut être consulté, faute d’espace. Il faudrait un bâtiment de qualité, afin que les savants et universitaires puissent les consulter, tout en permettant une bonne conservation de ces ouvrages d’exception. Cela permettrait également aux séminaristes de les exploiter pour leurs études, ou aux Pères de les utiliser pour leurs lectures spirituelles.

La bibliothèque fait donc également partie de la première phase du grand projet. Viendra ensuite la construction d’une chapelle dédiée au Bienheureux John-Henry Newman, qui sera reliée à l’église actuelle par un baptistère et un petit cloître. L’architecte Anthony Delarue a fait le choix de constructions d’inspiration baroque, qui permettra certainement à l’Oratoire de figurer dans les guides d’Oxford à l’avenir. Il est également nécessaire de poursuivre la restauration de l’église, un édifice néo-gothique d’inspiration française, qui a été défiguré dans les années soixante. Cela a déjà commencé en 2008 avec la restauration du chœur, qui comporte 52 statues de saints et d’anges situés autour du tabernacle.

Pour en savoir plus, vous pouvez aller consulter le site de l’Oratoire d’Oxford : www.oxfordoratory.org.uk. Vous pourrez y suivre le cours des travaux, découvrir ses bâtiments, et soutenir financièrement la communauté dans ses projets, celle-ci en ayant grand besoin.

*Le Père Jérôme Bertram est prêtre à l’Oratoire d’Oxford

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