LES GRANDES BOUFFES

Les macroniens ça ose tout, c’est d’ailleurs à ça qu’on les reconnait.

Dernière preuve en date, l’affaire de Rugy. Médiapart nous apprend en effet qu’avec son épouse, journaliste à Gala (Gala est le journal qui dit tout haut ce que les autres journaux pensent tout bas…), ils ont offert avec l’argent du contribuable des repas pantagruéliques à leurs amis. Dans le Satiricon de Pétrone, c’étaient des tétines ou des vulves de truies farcies arrosées avec de grands crus de Falerne; chez François de Goulet de Rugy, lors de ses banquets organisés dans les salles somptueuses de l’Assemblée nationale, c’étaient des “homards géants”, dit-on, donc probablement péchés au large de Flamanville dans la Manche, non loin du réacteur nucléaire que l’on sait, le tout arrosés avec de grandes bouteilles de bordeaux millésimées. On découvre également que ce nouveau marié fêtait la saint-Valentin avec sa nouvelle épouse de façon tout aussi somptueuse avec chemin de table confectionné avec des pétales de roses! Où l’on voit que Rugy est véritablement un écologiste: il aime le jus de la vigne, les fruits de la mer, les homards irradiés et les fleurs désossées…

Que des élus fassent bombance avec l’argent des contribuables n’est pas une chose nouvelle. Ça n’est pas une surprise. C’est vieux comme le monde. Rien de neuf sous le soleil, tout se trouve déjà dans La Vie des douze Césars de Suétone – une bible païenne et libertaire… Caligula qui nomme son cheval sénateur, Néron qui fout le feu à Rome, Tibère qui sodomise des petits garçons, changez les noms, les forfaits demeurent. Ce même Suétone qui, pistonné par Pline le Jeune, obtient le statut de père de famille nombreuses alors qu’il n’a pas d’enfants!

Ce qui m’intéresse le plus, c’est de savoir qui était invité chez ce roitelet et sa reine selon le protocole de Labiche, puisqu’on a parlé d’intellectuels, de journalistes, d’écrivains! J’aimerais bien savoir qui est allé à la mangeoire !

On a su pour l’inénarrable Jean-Michel Apathie qui a raconté avec moult contorsions pourquoi il y était sans y être, qu’il avait hésité à y aller avant d’y aller tout de même, qu’il savait qu’un dîner est rarement de travail mais qu’après tout ce pouvait en être un malgré tout, quand même, sinon en même temps, qu’il y avait du gros homard pour certains, de temps en temps, mais que pour lui, cette fois-ci, pauvre chéri, c’étaient de petites crevettes – avec du mou de veau, de l’eau plate et du pain sec peut-être? Ah le brave soldat de la macronie qui va manger dans les auges du pouvoir mais qui, pris la main et le bras jusqu’au coude dans le pot de confiture, nous explique que ça n’est pas du tout ce que l’on croit, qu’il y était sans y être, qu’il a mangé sans manger, qu’il a bu sans boire, peut-être aussi qu’il a soutenu la macronie une fois de plus ce soir-là sans la soutenir, à l’insu de son plein gré! Seule certitude, le repas a été payé par le contribuable, dont certains gilets-jaunes qui acquittent leur écot en impôts indirects.

Quel spectacle écœurant! Trois points de plus pour le Rassemblement national… Continuez les pyromanes, continuez…

Donc Apathie. Mais on n’a rien su pour les autres! Dommage. Des intellectuels! J’aurais aimé savoir lesquels… Des gens du CNRS et de l’université? Du Collège de France et de l’Académie française? Des appointés de revues en vue et d’hebdomadaires qui font l’opinion? Des philosophes qui veulent pendre les gilets-jaunes ou des chercheurs qui ne trouvent pas, mais sont tout de même payés par l’impôt et qui souhaitent faire travailler plus longtemps les gens modestes? Des journalistes qui veulent toujours plus de libéralisme, mais juste après avoir touché le chèque de l’État qui permet à leur journal de vivre, une manne sans laquelle leur canard s’effondrerait sinon et leurs fiches de paie avec? Des porteurs de bicornes à glands et de sabres qui traînent par terre qui souhaitent réduire le train de l’État et qui luttent vaillamment contre la menace du fascisme lepéniste? Des noms, des noms!

J’aimerais aussi savoir quels ont été ces fameux intellectuels également été invités par Macron du temps où il était ministre de François Hollande et où il recevait à Bercy, sur les deniers de l’État, quelque bétail à assujettir dans sa course à l’Élysée! On a dénoncé la chose mais, miracle, là aussi, là encore, là toujours, aucun nom n’a été donné! Pourquoi on n’a pas su, cette fois-ci encore, qui avait dîné avec Emmanuel et Brigitte Macron sur les deniers publics? Quels intérêts ont les journalistes à ne pas fournir ces informations majeures pour comprendre comment fonctionne vraiment notre démocratie de ce fait moribonde? Seraient-ils eux-mêmes salis, tachés, éclaboussés par le Mouton-Rothschild 2004 et le Cheval-Blanc 2001? Ou d’autres vins prestigieux servis à d’autres tables amies?

Jadis, la presse [1] avait en effet signalé que Christian Jacob et Philippe Vigier, patrons des députés LR et UDI, avaient le projet de saisir la Haute Autorité pour la transparence publique après avoir découvert dans un livre de Marion L’Hour et Frédéric Says (Dans l’enfer de Bercy, chez Lattès) “qu’en 2016, le ministre Macron a consommé à lui seul et en seulement huit mois 80 % du budget “frais de représentation” alloué à son ministère. Les deux journalistes expliquent que le leader du mouvement En marche! s’est servi de ces fonds “pour financer des déjeuners et des dîners tenus ‘en bonne compagnie’. Il lui est même arrivé d’organiser deux dîners dans la même soirée!” En bonne compagnie, déjà. Où en sommes-nous de cette affaire “En marche vers le buffet”?

Dans un article de Médiapart paru le 25 janvier 2017 et intitulé “Macron aurait dilapidé à son profit l’argent public!”, on pouvait lire ceci: “Macron aurait utilisé 120.000 euros publics de Bercy en 2016 pour financer des dîners de campagne payés par le contribuable. De plus, une partie du temps passé par Macron à Bercy aurait servi à recevoir des écrivains, journalistes, philosophes, sans aucun rapport avec sa fonction de ministre de l’économie. C’est ce qu’expliquent les journalistes Frédéric Says et Marion L’Hour dans un livre à paraître sur Macron. Si ces deux faits sont avérés, il s’agit de deux vols manifestes de l’argent publics, de la part de celui qui promettait, que pas un seul euro du budget de l’État ne serait utilisé pour sa campagne” [2].

Mais quid de ces fameux écrivains, journalistes, philosophes? Pourquoi, une fois de plus, n’a-t-on pas donné les noms? J’ai bien quelques idées, quelques hypothèses, quelques suppositions, mais ce serait si réjouissant de savoir quelle mafia mange de la cervelle de pauvre, boit du sang de gilet-jaune, déglutit des tripes d’ouvriers, avale des yeux de prolétaires, le tout en compagnie galante et parfumée, non loin du fantôme de Jean-Michel Apathie!

Il est possible qu’on ne dispose pas des noms pour la bonne et simple raison qu’ Emmanuel Macron a fait avoir à cette occasion qu’il porterait plainte contre ceux qui relaieraient cette information sur les réseaux sociaux [3]. Eh bien voilà: je la relaie.

Il est vrai qu’avec la nouvelle loi ultra-liberticide qu’il vient de se tailler sur mesure, il pourra bientôt décider de ce qui mérite de figurer sur le net et décréter fake news tout ce qui le gênera! Jusqu’où iront cet homme et sa bande dans la destruction de la démocratie et dans le mépris de la République?

Christian Eckert, qui fut secrétaire d’État chargé du budget de Hollande, a publié un livre dont le titre est “Un ministre ne devrait pas dire ça”, dans lequel ce socialiste maastrichtien raconte des choses édifiantes au Figaro: “C’est dans l’appartement de fonction du ministre de l’économie – “trois cents mètres carrés high-tech et rutilants (…) dignes d’une revue d’architecture” – que “matin, midi et soir, le couple a reçu beaucoup de monde pour préparer le décollage d’En Marche! La vue sur Paris y est exceptionnelle”, se souvient Christian Eckert “et la salle à manger peut accueillir les journalistes, les acteurs, les écrivains, les “people”, les chefs d’entreprise, les chanteurs, le Tout Paris et bien au-delà, accourus le plus souvent par l’entrée discrète située quai de Bercy. Tous les espaces du septième étage de Bercy, qui regroupent les salles de réunion et de réception du ministère, étaient mis à contribution simultanément.” Le socialiste poursuit: “Une stratégie qui permettait à Brigitte et Emmanuel Macron de prendre l’apéritif dans une réception au ministère, de débuter un premier dîner plus officiel avec d’autres convives au septième étage puis d’en poursuivre un second à l’appartement! Un double dîner, en somme”, s’étouffe Christian Eckert. A tel point, remarque-t-il, qu’en 2016 “pendant les huit premiers mois, les crédits de l’année entière ont été consommés en frais de représentation” [4].

Après avoir lu ce livre, je suis entré en contact avec le socialiste en lui demandant des précisions sur ces invités, notamment sur ces fameux “écrivains”, puisque lui non plus n’en révèle pas l’identité. Il a botté en touche, a promis de me recontacter et ne l’a évidemment jamais fait… Courageux mais pas téméraire. En Juin 2017, la Cour des comptes a estimé que le Christian Eckert en question avait menti sur le budget en sous-estimant les chiffres des dépenses publiques. On imagine que le matamore socialiste est tenu par la barbichette par les gros appétits de Bercy 2016 ou leurs séides!

Ces orgies faites sur les deniers publics gavent, si je puis dire, le petit peuple. On se demande un jour pourquoi les guillotines apparaissent sur les places publiques pour des festins d’hémoglobine à n’en plus finir! Moi qui n’aime ni les homards mondains de Rugy, ni les potages cyniques de Macron, ni les verres de sang chaud avalés par les Tricoteuses au pied de l’échafaud en 1793, les copines posthumes de Mélenchon, je me dis qu’un jour, il faudra bien que pareils repas se vomissent. Ce jour-là puera l’ordure…

Michel Onfray
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[1]
https://www.20minutes.fr/politique/2001999-20170124-macron-utilise-fonds-bercy-lancer-campagne

[2] https://blogs.mediapart.fr/brigitte-pascall/blog/250117/macron-aurait-dilapide-son-profit-largent-public

[3] https://www.bfmtv.com/politique/un-livre-accuse-macron-d-avoir-utilise-l-argent-de-bercy-pour-faire-campagne-1089054.html

On peut en effet lire dans cet article: “D’après les informations de BFMTV, Emmanuel Macron menacerait de porter plainte pour diffamation contre les élus qui relaient ces accusations, en particulier sur les réseaux sociaux”.

[4]
http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/citations/2018/05/17/25002-20180517ARTFIG00133-l-immense-rage-de-christian-eckert-vis-a-vis-d-emmanuel-macron-son-ex-voisin-a-bercy.php

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