Restitution : les prétentions algériennes

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Dans Présent, le 30 novembre, Françoise Monestier nous a dit ce qu’il faut penser de cette nouvelle dinguerie repentante qui consisterait (et ce conditionnel est déjà dépassé) à « restituer » à leurs pays supposés d’origine des œuvres d’art africain. Une idée signée Macron, tellement pourrie que même des tiédasses comme l’ancien ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, ou le président du musée du Quai Branly, Stéphane Martin, la trouve détestable.

Ayant refourgué au Bénin 26 œuvres d’art (qui sans la France auraient disparu depuis longtemps et à jamais), le 23 novembre dernier, Macron a ouvert la boîte de Pandore et suscité des polémiques : le rapport qu’il avait commandé se limite à l’Afrique subsaharienne et écarte l’Algérie (et l’Egypte).

Du coup, le gouvernement algérien, qui laisse pourrir les monuments de l’époque romaine en général et Tipaza en particulier, tempête et menace. En réclamant, par exemple, des collections constituées par l’Algérie française – et donc françaises –, produites, créées, constitués par des Français et par personne d’autre.

Mais, sachant qu’elles ont pour interlocuteur un Macron qui leur mange dans la main (pour rester décent), les autorités algériennes retrouvent des réflexes barbaresques (ceux-là qui ont valu à leurs maîtres ottomans de prendre une raclée en 1830). Le tableau d’Horace Vernet, La Prise de la smalah d’Abd-elKader (1845), œuvre gigantesque de 21 mètres de long et 5 de hauteur ? A « restituer » à l’Algérie compte tenu du sujet qu’il traite… Les chefs-d’œuvre des peintres orientalistes ? A « restituer » puisqu’ils représentent des scènes de la vie quotidienne et des paysages algériens.

Il faut dire que Chirac qui, dans le genre carpette face aux fellouzes, a sans doute inspiré Macron, avait donné à Alger, en 2003, le sceau du Dey par lequel Hussein Pacha avait signé sa reddition en 1830. Une aberration. S’il avait fallu rendre à quelqu’un cette prise de guerre, ç’aurait été à la Turquie ottomane qui, depuis le XVIe siècle, tenait Alger sous son joug. Hussein Pacha n’était ni arabe, ni berbère, ni mozabite, ni chaouia. Il était turc.

Aujourd’hui, pour prendre un autre exemple, Alger réclame le canon dit « Baba Merzoug » (« le père chanceux » en arabe), une pièce d’artillerie de 7 mètres de long que nous appelons « La Consulaire » et qui se trouve dans l’arsenal de Brest depuis 1833.

Ce canon, fabriqué dans des arsenaux vénitiens, avait été pris par Charles Quint à François Ier lors de la bataille de Pavie (1525). Bombardant Alger en 1541, Charles Quint, pris dans une violente tempête, abandonna toute son artillerie. Dont le fameux canon. Trois siècles plus tard, ce canon revenait donc à son légitime propriétaire, la France.

Mais ce canon, capturé par Bourmont et Duperré en 1830, fut surtout le terrible instrument du martyr de notre consul en Alger, le père Jean Le Vacher (1619-1683), de 20 esclaves chrétiens et de 16 marins français. Attaché à la gueule du canon, Jean Le Vacher fut sommé de se convertir à l’islam s’il voulait être, au moins momentanément, épargné. Il répondra à ses bourreaux turcs : « J’abhorre la fausse loi de Mahomet, je ne reconnais que la religion catholique, apostolique et romaine, la seule véritable dont je fais profession et pour la défense de laquelle je suis prêt à répandre jusqu’à la dernière goutte de mon sang. » Il fut pulvérisé (pour plus de détails, se reporter à l’ouvrage Les Chrétiens martyrs de l’islam, Editions de Paris, 2007).

En 1688, « La Consulaire » faillit jouer le même rôle contre le consul français André Piolle. Mais, comme il avait été battu à mort, il fut remplacé par 42 esclaves chrétiens qui subirent le sort du père Le Vacher. Les fellouzes veulent « La Consulaire » ? Qu’ils viennent la chercher…

Alain Sanders – Présent

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