Jordan Peterson, contre l’insupportable bien-pensance (Vidéo)


 Jordan Peterson est sur le point de devenir une figure intellectuelle majeure du monde anglo-saxon. Ce professeur de psychologie de l’université de Toronto s’est fait connaître à partir de 2016 pour ses critiques contre le gouvernement fédéral canadien quant à un texte de loi qui, en plus de rendre obligatoire l’emploi de pronoms trans lorsqu’un transsexuel le demande, assimile tout désaccord en la matière à des propos haineux.

Récemment, lors d’un débat télévisé, il a “pulvérisé” une journaliste qui le traitait de phallocrate et l’assimilait à l’extrême droite. Un duel devenu culte sur Youtube.

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Il serait tentant d’écarter Jordan Peterson du revers de la main en le cataloguant comme un vulgaire réactionnaire. Après tout, ce professeur de psychologie prône une éducation structurée des enfants pouvant aller jusqu’à la correction physique, il refuse d’utiliser des pronoms inventés pour satisfaire les transgenres et il démolit la théorie de l’oppression. Pourtant, son tout récent livre 12 Rules for Life: An Antidote to Chaos est en voie de devenir un succès mondial. Loin d’être en retard sur toutes les causes qui passionnent le XXIe siècle, Jordan Peterson se voit comme le contrepoids nécessaire d’une bien-pensance qui va trop loin.

Jordan Peterson a commencé à faire parler de lui à l’automne 2016, lorsqu’il a averti ses étudiants de l’Université de Toronto qu’il refuserait d’utiliser des pronoms inventés tels que « ze » ou « zher » en lieu et place des équivalents sexués « he » ou « she ». Des manifestations ont été organisées. L’université lui a envoyé deux lettres demandant qu’il cesse de prendre publiquement la parole sur le sujet. En vain.

M. Peterson a multiplié les entrevues et les lettres ouvertes, faisant valoir qu’il y a une différence entre interdire l’utilisation de mots dénigrants et obliger l’utilisation d’un langage militant que le locuteur ne cautionne pas. C’est à ce titre qu’il s’est opposé au projet de loi C-16 interdisant la discrimination sur la base de l’identité des genres. (…)

Jordan Peterson est populaire. Il a enseigné à Harvard et se vante d’avoir conseillé le secrétaire général de l’ONU. Un peu plus de 800 000 personnes sont abonnées à son compte YouTube, sur lequel il diffuse des conférences sur des sujets aussi arides que « le concept de Dieu » (1,5 million de vues) et « le contexte historique et mythologique de la personnalité » (283 000 vues). De Patreon.com, un site de sociofinancement pour les créateurs, il touche 1200 $ par mois pour continuer à diffuser ses idées (son éditeur a refusé d’offrir une mise à jour de ce chiffre). Son dernier ouvrage, 12 Rules for Life: An Antidote to Chaos (Douze règles de vie comme antidote au chaos), figure au top 10 des ventes aux États-Unis, en Grande-Bretagne et au Canada. (…)

Chacun des douze conseils de son essai est résumé par une formule accrocheuse telle que « Flatte les chats que tu croises sur la rue », « Règle tes bibittes avant d’essayer de changer le monde » ou encore « N’enquiquine pas les enfants qui font du skate ». « Tiens-toi le dos droit », pour sa part, se veut une ode à la force. M. Peterson expose que ce sont les gens qui ne s’affirment jamais qui finissent par être intimidés. « Si vous pouvez mordre, vous n’avez généralement pas à le faire. Mais lorsque cela est bien intégré, la capacité à répondre par l’agression et la violence fait diminuer plutôt qu’augmenter la probabilité qu’une agression ait effectivement lieu. » (…)

Jordan Peterson profite de son livre pour s’attaquer une fois de plus à la rectitude politique qu’il exècre et qu’il associe à une féminisation des campus. « Des disciplines universitaires entières sont carrément hostiles aux hommes, avance-t-il. Il s’agit des domaines d’étude qui sont dominés par cette idée postmoderne/néomarxiste selon laquelle la culture occidentale est une structure oppressive créée par les hommes blancs pour dominer et exclure les femmes — et autres groupes sélectionnés — et qui ne fonctionne bien qu’à cause de cette domination et de cette exclusion. »

M. Peterson ne mange pas de ce pain-là. C’est la compétence et non le pouvoir qui détermine la position sociale d’une personne, affirme-t-il. La source originelle de l’oppression des femmes est la nature (la grossesse et les menstruations qui vulnérabilisent) et non l’homme. Et l’identité sexuelle n’est pas une construction sociale, mais une réalité biologique que 98 % des gens acceptent très bien. Selon M. Peterson, la société occidentale n’est pas cette machine à broyer les exclus que dépeignent certains départements universitaires. Aussi prône-t-il qu’on cesse de les financer.(…)

Sans surprise, son livre a été accueilli par des éloges et des insultes. Le Monde l’a dépeint comme le « nouveau héraut des masculinistes », le Globe and Mail s’est demandé « comment une personne aussi absurde peut-elle être prise au sérieux ? » tandis que le Guardian a parlé de lui comme d’un « des intellectuels publics les plus éclectiques et stimulants de l’époque ».

 

 

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