La gauche aveuglée par l’islam !

Intégration. Spécialiste du Maghreb et du Proche-Orient, Élisabeth Schemla analyse la pénétration progressive de l’islamisme en France et en appelle à des états généraux pour redéfinir les règles de cohabitation.

 

Notre pays compte déjà près de 2 400 mosquées ou lieux de culte et il s’en ouvre deux par semaine. Que traduisent ces chiffres en croissance rapide ?

Ils traduisent évidemment l’extrême vitalité de l’islam en France, qui séduit de plus en plus d’hommes et de femmes, les jeunes en particulier. Massivement ceux qui sont culturellement musulmans et, de plus en plus nombreux, ceux qui ne l’étaient pas du tout et se convertissent. Désarroi identitaire, difficultés sociales, faillite du système éducatif, besoin spirituel, mais aussi facilité, violence et propagande expliquent, entre autres, le phénomène.

Aujourd’hui, l’existence d’un islam français, au sens où l’on peut parler d’un catholicisme, d’un judaïsme ou d’un protestantisme français, s’est imposée. Reste à savoir comment concilier cette religion “clivante” et les valeurs de notre République, qui avait oublié Dieu et n’était donc pas du tout préparée à encaisser une telle confrontation.

Quelles sont les caractéristiques de cette réislamisation ?

L’argent est le nerf de toute guerre. Or, les principaux bailleurs de fonds des mosquées et lieux de culte sont l’Arabie Saoudite et le Qatar, deux pays wahhabites parmi les plus fondamentalistes de la planète, esclavagistes et particulièrement violents à l’égard des femmes. Sans parler du terrorisme, ils exportent de façon plus ou moins directe un islam intégriste, une idéologie totalitaire et de piètres imams chargés de les propager.

Pour la plupart, ces hommes ne parlent pas notre langue et se moquent de notre culture ; leur seule mission est de faire du prosélytisme de séparation. Ajoutons la Turquie, dont on parle peu mais qui n’est pas moins active. Cette réislamisation est donc largement islamiste. C’est cette réalité que la gauche, notamment, à l’exception notable de Manuel Valls, se refuse à regarder en face. Elle aime croire qu’il y a, d’un côté, une poignée de terroristes ou de djihadistes et, de l’autre, une masse de “bons musulmans”. Cela me paraît terriblement à côté de la plaque.

Pensez-vous qu’un islam “moderne”, compatible avec le principe de laïcité, puisse voir le jour au contact de la société française ?

À cette question, Tareq Oubrou, grand imam de Bordeaux, membre des Frères musulmans, aumônier des prisons et théologien sérieux, apporte une réponse subtile et dérangeante pour les musulmans : pour être compatible avec la laïcité, l’islam a besoin d’apprendre et d’accepter un statut minoritaire. Ce qui est absolument contraire à ce que préconise le Coran, contraire à ce qui se passe dans tous les pays musulmans. L’islam a une expérience de majorité, et même d’hégémonie.

 

Islam, l’épreuve française, d’Élisabeth Schemla, Plon, 272 pages, 14,90 €.

 

 

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