Pourquoi ce silence assourdissant quant aux drones???

Les premiers survols de centrales nucléaires par des drones ont été constatés il y a quatre mois et demi. Mais après les centrales, c’est au tour de l’Elysée et de nos sous-marins nucléaires d’être observés depuis les cieux. Pourtant, le silence des services de l’Etat est toujours aussi assourdissant…

Les récents événements qu’a connu notre pays les a fait disparaître des écrans radars. Du moins médiatiques. Ils ont fait la une pendant des jours mais désormais on en parle plus ou si peu. Et pourtant, ils tournent… toujours dans le ciel de France sans que l’on en sache vraiment plus à leur sujet. Ils, ce sont ces drônes dont des spécimens, a-t-on appris hier, ont volé à proximité d’un site militaire hautement stratégique : l’Ile de Longue, dans la rade de Brest, qui accueille rien de moins que les quatre sous-marins nucléaires dits « lanceurs d’engins ». Mais chut, surtout pas d’inquiétudes…

A la mi-janvier, un autre engin a fait des galipettes aériennes au-dessus du palais de l’Elysée. Ce n’est pourtant que le 20 janvier que les services de l’Elysée se décident enfin à publier un communiqué via l’AFP. On y apprend ainsi que dans la nuit du 15 et 16 janvier, « un drône a survolé l’Elysée pendant quelques secondes ». L’engin a été « immédiatement repéré par les services de police et de gendarmerie » puis « immédiatement éloigné de l’Elysée ». Mais encore ? Une enquête a été ouverte par le parquet de Paris pour « conduite d’un aéronef non conforme avec les règles de sécurité. » On n’en saura pas davantage…

Ce qui est le plus inquiétant dans cette affaire, ce n’est pas que l’Elysée ait réagi quatre jours après les faits, mais que cela fait maintenant quatre mois et demi que des survols de drones ont été constatés au-dessus des centrales nucléaires françaises… sans que l’on connaisse l’identité des gens qui se trouvent à leurs commandes ! Fin novembre, Marianne écartait déjà la piste amateur : « L’un d’eux mesurait plus de deux mètres. Un autre a sévi dans des conditions atmosphériques dégradées, pluie et vent à 70 km/h. Deux hélicoptères de la gendarmerie en ont suivi un pendant au moins 9 kilomètres, avant de le perdre, du côte du site de Golfech (Tarn-et-Garonne) ». Bref, du travail de pro. Rien à voir avec le drone retrouvé par les services de la Maison Blanche dans les jardins de la résidence présidentielle : il s’agissait d’un « quad copter » que l’on peut se procurer contre 60 dollars sur le site d’achat en ligne Amazon, comme le montre la photo ci-contre publiée par les services américains…

Rappelons que, peu de temps après la découverte des survols, de nombreuses hypothèses avaient été avancées… sans qu’aucune ne se vérifie. L’organisation écologique Greenpeace avait été suspectée d’être impliquée. Mais celle-ci avait rapidement nié. Politiquement, Europe Ecologie – Les Verts a tout de même « saisi le drone au vol » pour pointer, une fois de plus, les failles en matière de sécurité de nos centrales nucléaires… La piste terroriste, aussi, avait été évoqué… Mais depuis donc, rien.

Alors, qu’en est-il, deux mois plus tard ? Rassurez-vous, rien n’a changé..! Une communication toujours aussi peu diserte, ponctuée de longs silences. La preuve par le survol de l’Elysée. La gendarmerie des transports aériens renvoie ses interlocuteurs au communiqué de l’AFP (merci pour l’info !) rajoutant simplement « qu’on ne peut rien dire, d’autant plus qu’une enquête judiciaire est en cours ». Notons tout de même que le fameux communiqué choisit d’user du conditionnel : « La piste terroriste serait écartée ».

Du côté d’EDF, on a également opté pour le mutisme : comme le remarque Greenpeace, l’électricien n’a produit aucun communiqué depuis le 2 janvier, date du dernier survol qui aurait été constaté par l’entreprise, au-dessus de la centrale de Nogent-sur-Seine. Qu’est-ce que cela signifie ? « Soit qu’il n’y a plus du tout de drone depuis début janvier, soit qu’EDF a changé sa stratégie de communication, qui consistait initialement à porter plainte et rendre public sa plainte dès qu’un survol était constaté ».

Plus de drones au-dessus des centrales ? Peut-être. Ils sont trop occupés à survoler nos sous-marins nucléaires et l’Elysée…

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