Le lecteur de DVD/Cent mille dollars au soleil

Par Alain Sanders

Au Maroc, nous autres amoureux des tendres clairs de dunes, nous disons : «  Ouarzazat et mourir ». Et c’est justement dans la région de Ouarzazat (aujourd’hui envahie hélas par du touriste franchouillard, mais pas seulement) que Henri Verneuil a signé en 1963 l’un des meilleurs films d’aventures français jamais réalisés : Cent mille dollars au soleil.

Une belle et bonne histoire de «  têtes brûlées » ? Je veux ! Avec Lino Ventura, Jean-Paul Belmondo, Bernard Blier et Andréa Parisy qui, dans un univers de dunes, de palmiers, d’ergs et de petits bleds pourris, se livrent à bord de camions (comme autant de clins d’œil au Salaire de la peur) à ce que Verneuil a appelé «  un western sans cheval ». Dialogues de Michel Audiard.

Le vrai talent de Verneuil, c’est d’avoir su rendre l’univers de ces aventuriers «  grande gueule et mauvais caractère » qui, nolens, volens, ont assuré une présence française dans les coins les plus improbables de la planète. Les personnages de Hervé Marec (Lino Ventura) et de Mitch Mitch, chauffeurs chez Catigliano (Gert Froebe), je les ai rencontrés dix fois dans ma vie, en Afrique, en Amérique du Sud, en Asie (et j’ai même été l’un d’eux sur les pistes ougandaises, mais ça, c’est une autre histoire…).

Belmondo, dans le rôle de Rocco, jeune aventurier aux dents longues et aux rangers éculés, Andréa Parisy, dans celui de Pepa,  ravissante – en est-il d’autres d’ailleurs – femme fatale, sont de la trempe des meilleurs couples du cinéma américain. Belle occasion de signaler au passage que Verneuil fut l’un de nos rares cinéastes à avoir su donner de l’air et de l’espace à notre cinéma souvent hexagono-nombriliste (et ça ne va pas en s’arrangeant…).

Conduire du Sud marocain au Nigeria un camion neuf de 7 tonnes, c’est en principe un jeu d’enfants pour des camionneurs chevronnés. Sauf si une rumeur court qui dit que le véhicule en question transporterait cent mille dollars à passer en lousdé…

Ce film sent bon le sable chaud, le boui-boui cradingue mais où l’ombre et la bière sont fraîches, les bagarres homériques, et les dames délurées qui, pour ces camionneurs risque-tout, sont comme la bielle de Cadix : elles ont l’essieu de velours.

Cent mille dollars au soleil et pour orchestrer tout ça, un formidable chef de rayon : Henri Verneuil.

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