La terrible solitude des gays quand ils deviennent âgés

Narcisse

Narcissisme, culte de la jeunesse, instabilité sentimentale, comportement sexuel compulsif et contre-nature avec toutes les conséquences que cela implique… Quand ils prennent de l’âge, les homosexuels qui persistent dans le mode de vie gay comprennent que leur mal-être ne vient pas des autres, de la société “hétérocentrée” et de l’Église catholique, ainsi que le montre cet extrait d’un billet de Didier Lestrade, le cofondateur d’Act Up-Paris, intitulé “Club Lonely” :

Une bonne partie des homos de mon âge disent qu’on a plus que les escorts à notre disposition. Car même s’ils sont séronégatifs et plus sexys que moi, passé 50 ans, ces amis sont invisibles eux aussi. Nous sommes toujours les mecs les plus vieux dans un club de house. On ne vous remarque plus, même si on a fait des choses assez extraordinaires dans la vie. Et quand on est seul, il faut payer pour obtenir un peu de contact physique.

Demain, ça fera exactement un an que ma dernière histoire d’amour s’est terminée. Lundi, je vais dans une clinique pour une coronarographie et sûrement une angioplastie qui va me déboucher une artère ou deux afin que je retrouve mon énergie. Je l’ai déjà fait, après mon licenciement de Têtu. Ca arrive souvent quand on a des coups durs, quand on se sent trahi. Je n’ai pas le cœur fragile, après tout je suis tout le temps dehors à jardiner. Mais le cœur souffre de la solitude, du lit désespérément vide pendant 365 jours (moins 3), de l’impossibilité de donner l’affection qu’on a à donner pendant ces temps durs – et de l’affection que l’on devrait recevoir si ce monde n’était pas aussi autocentré. Je suis une agony aunt et ce n’est pas la manière la plus sexy de se décrire mais ce n’est pas parce que je suis seul que je vais commencer à me comporter d’une manière perverse. Je n’ai pas envie de me venger sur les autres de cette solitude qui me ronge tous les jours. Mais mon cœur ne supportera pas ça indéfiniment. Il est gentil, mon cœur mais il déteste constater qu’il se fait toujours avoir, précisément parce qu’il est tendre. Trop tendre ? A mon âge, le cœur n’est jamais trop tendre. C’est même une réussite de le garder dans cet état quand on passe la limite de péremption. 55 ans, quand on est gay et séropo, c’est déjà une réussite.”

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31 Comments

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  • un gay mais un être humain avant tout , 19 juillet 2014 @ 15 h 30 min

    Oui vous avez raison, c’est triste de voir certains commentaires qui manquent cruellement de compassion et d’humanité. En tout cas, merci pour votre commentaire.
    Bonne journée. Robert

  • gillesvst , 24 août 2014 @ 21 h 32 min

    Hé oui, comme Didier, tu te sens seul, et on est nombreux comme toi. Mais ça fait 21 ans que je suis sero-po et bien longtemps que je lis ses prises de position radicales. Il s’est enfermé lui-même, sans doute par sa colère et le refus d’accepter d’être “malade”, moi je dirais maintenant “contaminé”, mais c’est depuis seulement quelques petites années. IL a toujours été très dur vis à vis des autres et maintenant la solitude l’envahit.
    Ce n’est pas à cause du VIH ou des nombreuses années qu’il y a derrière lui … C’est parce que il n’a jamais eu beaucoup d’empathie pour le monde autour de lui. Ça fait 21 ans que je traine avec le VIH et l’hépatite B, j’ai récemment passé 5 ans à m’occuper de ma mère atteinte d’Alzheimer et oui je me sens seul, vraiment très seul, le pire moment n’a pas été le VIH, contrairement à tout ce que j’aurais pû pensé, mais mailgré avoir perdu beaucoup de très cher ami et l’amour de ma vie, à voir ma mère perdre peu à peu ses facultés et voir la souffrance et la torture que lui infligeait cette malaldie dans ses yeux, je continue d’en faire des cauchemars presque tous les jours, 3 ans après son décès. Pour en revenir au sujet, c’est moi qui me suis renfermé pour me protéger et je n’en veux à personne, j’ai commencé à me reconstruire, peu à peu, je reste optimiste et fragile, très optimiste parce que je n’ai pas le choix … Il n’y a pas de fatalité, et on peut toujours essayer de rester maître de son destin. Et quand je n’aurais plus la force, il s’agira juste de savoir tirer ma révérence quand il est encore temps mais je veux croire que malgré tout j’ai encore un avenir et c’est le petit moteur qui me donne de la joie le matin … Bises et bon courage à tous, je crois en la vitalité qui sommeille en nous et je ne crois qu’un pseudo-dieu est un rapport avec ça …

  • Fabrice , 7 septembre 2014 @ 13 h 27 min

    J’adhère totalement . Trés bien dit ou vu …
    La solitude tout le monde la connait un jour , elle n’est pas réservé à ceux qui peuvent avoir des enfants ou non lol

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