Expo / “Je n’ai rien à te dire sinon que je t’aime”

A l’heure des sextos, cette visite a un délicieux parfum de nostalgie. Le Musée des lettres et des manuscrits, à Paris, présente « Je n’ai rien à te dire sinon que je t’aime – Correspondances amoureuses », une exposition qui réunit une centaine de lettres d’artistes aux styles très différents.

« C’est probablement le genre épistolaire le plus délicat, dans la mesure où toute la difficulté réside dans la recherche du bon mot pour exprimer un sentiment qui tient de l’ineffable », explique Estelle Gaudry, commissaire de l’exposition.

lettre_bloy_molbech244_263Le parcours s’ouvre sur la missive enflammée de Léon Bloy à sa femme, Jeanne Molbech. « Je n’ai rien à te dire, sinon que je t’aime […] Je voudrais pouvoir tirer mon cœur de ma poitrine pour te le donner », lui déclare le romancier à la fin du XIX e siècle. Les mots de René Char sont tout aussi émouvants. En 1937, sur le papier à en-tête d’un restaurant, le poète écrit à son amante : « Je t’aime, je t’emporte en moi, je te prends en moi, je t’aime […] Chaque lettre de mon amour est un peuple indénombrable. »

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Les lèvres de Brigitte Bardot…

35616_0001_244_263 Quelques-unes des 20 000 lettres échangées par Victor Hugo et Juliette Drouet sont également présentées. Sur l’une d’elles, l’écrivain fait à sa maîtresse cette magnifique déclaration : « Le jour où ton regard a rencontré mon regard pour la première fois, un rayon est allé de ton cœur au mien, comme l’aurore à une ruine. » Sacha Guitry est tout aussi inspiré quand il note à l’intention de sa seconde épouse, Yvonne : « Je t’écris parce que j’ai envie de Quand brigitte bardot écrit à jacques Charrier, elle laisse sur sa lettre l’empreinte de sa bouche. nAnA productions/sipA t’écrire, j’ai envie de t’écrire parce que je pense à toi, je pense à toi parce que je t’aime. » Autre auteur, autre style. Peu après sa rupture avec George Sand, Alfred de Musset mise sur la discrétion et termine le message destiné à sa nouvelle conquête par ce mystérieux code : « j.s.a.f.d.v » : « Je suis amoureux fou de vous ». Un acronyme bien éloigné du lyrisme d’Edith Piaf. Dans les années 1950, la chanteuse poste ainsi au cycliste Louis Gérardin : « Jamais je ne me suis sentie si bien, si près du bonheur complet, tout commence et finit par toi, je veux que tu sois l’unique. Emmène-moi vers la vie. »

Unknown-11Quant à Brigitte Bardot faisant part de son désir à Jacques Charrier, elle laisse sur le papier l’empreinte de sa bouche. Une évocation bien plus parlante qu’un long discours.

« Je n’ai rien à te dire sinon que je t’aime », jusqu’au 15 février au Musée des lettres et des manuscrits, 222, bd saint-Germain, paris Viie. tarif : 5 et 7 €.

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