Raphaël Glucksmann en meeting : les nez rouges contre les gilets jaunes ! 5vidéo)

Tout le monde connaît Hibernatus, film d’Édouard Molinaro, avec cet explorateur ramené à la vie après congelélation au pôle Nord et qui peine à comprendre ce qu’est devenu le monde, soixante ans plus tard, malgré les efforts déployés par Louis de Funès. Avec Raphaël Glucksmann et son mouvement Place publique, nous n’en sommes pas loin.

Ainsi, ce jeudi 15 novembre, le philosophe fils de philosophe – Pierre Bourdieu et sa théorie de la reproduction des espèces dirigeantes ne sont pas loin – réunissait-il le troupeau de ses fidèles à Montreuil, patelin délicieusement exotique pour qui vit dans le triangle doré de Saint-Germain-des-Prés. Au rang des célébrités politiques ? Quelques seconds rôles, dont Jean-Michel Clément (ex-LREM) et le conseiller régional Julien Bayou (EELV).

Côté show-biz, la distribution est un peu plus convaincante : l’actrice Bérénice Bejo et son compagnon, le cinéaste Michel Hazanavicius, maître de la parodie façon Jean-Luc Godard et OSS 117 ; un signe ? Plus anecdotique, la présence d’Emmanuelle Béart, madone des « sans-papiers » au siècle dernier, et un Samuel Le Bihan ayant accédé à la célébrité pour son rôle de candidat à la gloire dans l’hilarant Jet Set. Pour le reste, la traditionnelle figuration des intermittents du spectacle politique, militants associatifs en perte de repères moraux et autres badauds qui, ayant vu de la lumière et des portes ouvertes, étaient sûrement venus se réchauffer, en plein retour du froid, entre démocrates indignés. Soit à peu près cinq cents personnes, à en croire Le Monde.

Le casting tenant à peu près debout, ne manquait plus qu’un dialoguiste à la hauteur de l’événement. À en juger de la suite, ce devait être un « emploi aidé ». Raphaël Glucksmann, donc : « On va construire une grande maison ouverte sans gardien de boîte de nuit. Face aux tentations autoritaires, on va assumer plus de démocratie. » Jean-Louis Dabadie peut dormir tranquille, on n’est pas près de lui piquer son boulot. Puis : « Face à la montée de la xénophobie, on va défendre l’accueil des migrants. Il ne faut pas penser à ce qui serait électoralement payant. [Ça tombe bien, NDLR] Le défi est immense ! » Évidemment, Armand, et t’as pas tort, Victor… C’est d’autant plus évident que l’économiste Thomas Porcher dresse un bilan des plus lucides de la situation : « Le monde ne va pas bien… » Fort bien, Lucien, et t’as raison, Edmond.

Histoire de rendre tout cela encore mobilisateur, arrive Jo Spiegel, maire de Kingersheim, à ne pas confondre, une fois de plus, avec Louis de Funès dans Jo, le film de Jean Girault, qui résume l’affaire en ces termes : « Nous défendons une approche consolidée du monde, de la personne sur le système, du citoyen sur l’individu. C’est un chemin difficile, subversif. C’est celui de la démocratie. » Étrange, tout de même, cette manie qu’ont les artistes de diffuser, à heure de grande écoute, des films estoniens des années cinquante et tournés en noir et blanc, en version originale, tout en oubliant d’y adjoindre des sous-titres.

Heureusement que Raphaël Glucksmann sauve le tout avec cette harangue, conscientisant l’assistance sur ces deux périls majeurs que sont le « réchauffement climatique » et la « montée des populismes » qu’incarnent « Trump, Salvini, Poutine, Erdoğan et le Brexit. » Dans la liste des commissions, on oublie toujours un petit quelque chose, les poireaux ou le fromage râpé. On se ravise généralement au sortir du magasin, histoire de ne pas se faire houspiller par madame en rentrant à la maison. Là aussi, la boulette a été rattrapée car, parmi les dangers menaçant la démocratie en particulier – voire la galaxie en général –, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ont été in extremis repêchés : « Nous ne sommes pas de ceux qui crient plus fort ou qui instrumentalisent les peurs. » Pas mal vu, pour des artistes de music-hall qui n’en finissent plus « d’instrumentaliser » la peur du « populisme ».

PS : dans son dernier numéro, Marianne titre sur « Ce peuple qui pue le diesel ». D’un côté, le peuple en gilet jaune ou bonnet rouge et, de l’autre, les élites avec un gros nez rouge ?

Nicolas Gauthier – Boulevard Voltaire

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