19 février 1915 : Début de l’offensive des Dardanelles

Avec l’entrée en guerre de l’Empire Ottoman (de Mehmet VII) aux côtés des Empires Centraux fin 1914 – « l’homme malade de l’Europe » – le détroit de Constantinople menaçait d’être fermé, coupant ainsi une ligne de ravitaillement pour la Russie. En outre, un nouveau front s’ouvrait pour les Britanniques, le protectorat d’Égypte étant directement menacé.

Sir Winston Churchill, alors First Sea Lord (Premier Lord de l’Amirauté), proposa au Gouvernement d’Asquith de lancer une expédition navale, voire amphibie, pour s’assurer le contrôle des détroits face à la Sublime Porte. Ce dernier point était un axe majeure de la politique étrangère de Londres.

Si Churchill reçoit l’appui du chef du Foreign Office Sir Edward Grey(d’ailleurs peu soupçonné de sympathies pour la Sainte Russie Tsariste) qui pense qu’une telle opération permettrait d’obtenir le ralliement des Grecs et des Bulgares, il se heurte au scepticisme prudent de Lord Horatio Kirchner et à la franche hostilité de Lord John Arbuthnot Fischer. Toutefois, le Cabinet d’Asquith finit par donner carte blanche à Churchill. Celui-ci charge alors l’Admiral Sackville Carden des opérations navales et Sir Ian Hamilton de la conduite des forces terrestres. Elles sont majoritairement composées par les Australiens et les Néo-Zélandais de l’ANZAC (Birdwood).

Côté français, compte-tenu de l’Alliance avec la Russie, Paris réunit une flotte sous le commandement du Contre-Amiral Émile Guépratte  qui compte les cuirassés Charlemagne (quasiment dépassé), BouvetSuffren et Gaulois, le croiseur Foudre, ainsi que des contre-torpilleurs, des dragueurs de mines et des sous-marins. En outre, un corps expéditionnaire est réuni sous le commandement du Général Henri Gouraud avec des fantassins de métropole, des artilleurs, des tirailleurs d’Afrique du Nord et du Sénégal (Afrique de l’Ouest) et des légionnaires. Les unités terrestres vont gagner l’île de Lemnos avant d’être lancées dans les opérations amphibies.

Ainsi, le 19 février les navires de la Royale (marine française) appareillent des ports de Marseille et Toulon pour rejoindre la Royal Navy en Méditerranée. Cap sur le Détroit des Dardanelles.

Commence ainsi l’une des opérations amphibies les plus ambitieuses pour l’époque mais aussi l’une des plus meurtrières.

>Lire :
– Pierre Miquel, La Grande Guerre, Fayard, 1998
– John Keegan, La Première Guerre mondiale, Tempus, 2000

> Eudes Turanel anime le blog France, Histoire, Espérance.

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7 Comments

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  • degabesatataouine , 19 février 2013 @ 20 h 35 min

    D’abord, bravo pour cette commémoration d’anniversaires historiques.

    “Commence ainsi l’une des opérations amphibies les plus ambitieuses pour l’époque mais aussi l’une des plus meurtrières.”

    Il la commémore encore avec Anzac ,(Australian and New Zealand Army Corps), Day, les Kiwis et les Aussies, car ls ont vraiment dégusté eux aussi, grâce au génie stratégique de cet histrion de Churchill. ,
    Le même qui en juin 40 bouffonait au micro de la Bbc protégé par un fossé anti -char naturel de plus de 30 kms de large et par les avions de la Raf mis à l”écart de la bataille de France : “We ‘ll fight them on our beaches “, mais qui préféra envoyer sa Home Fleet massacrer notre flotte désarmée à Mers -el-Kébir que de défendre les plages des îles anglo- normandes où le fossé anti-char était plus étroit

  • Goupille , 19 février 2013 @ 22 h 23 min

    O tempora, o mores…

    L’ardoise magique a fonctionné : les politicaillons européistes veulent nous faire entrer subrepticemnt la Turquie en Europe, la victoire posthume des forces de l’Axe.

    Devoir de mémoire, pour que ces hommes ne soient pas morts pour rien.

  • JSG , 20 février 2013 @ 6 h 45 min

    “Devoir de mémoire, pour que ces hommes ne soient pas morts pour rien”
    Avec le politiquement correct ; la mémoire sélective étant devenue la norme de la part de nos rédactions et de leurs historiens patentés, ce n’est pas demain la veille.

  • MOUNIER , 20 février 2013 @ 8 h 02 min

    Les Brits ont trois habitudes:
    1) Faire tuer les autres à leur place, ANZACS, Canadiens, Sud-Africains, Indiens.
    2) Monter des opérations amphibies sur des presqu’îles: Quiberon, Gallipoli.
    3) Avoir un retard considérable à l’allumage: août 14, septembre 39.
    Quant à Churchill, si c’est un politique, ce n’est pas un stratège.

  • degabesatataouine , 20 février 2013 @ 11 h 57 min

    “1) Faire tuer les autres à leur place, ANZACS, Canadiens, Sud-Africains, Indiens.”

    pilotes tchèques et polonais de la RAF et pendant longtemps fomenter des coalitions sur le continent avec leur or.

    Mais tout le monde n’est pas dupe et c’est aux Etats -Unis en 59, durant mes dernières vacances d’étudiant où je jouais au Jack Kerouac on the road et où vivaient encore de nombreux anciens combattants de 14-18, que j’ai entendu cette expression à propos des Brits :
    “To fight to the last Frenchman”

  • Le Nouveau Croisé , 20 février 2013 @ 12 h 12 min

    Merci GOUPILLE, mes deux oncles faisaient parti de cette expédition des Dardanelles.
    Tous les ans je pense à eux et à ceux qui sont tombés là-bas.
    Nous avons aussi un devoir de mémoire .

  • olrik , 20 février 2013 @ 14 h 47 min

    Voir le superbe film GALLIPOLI avec Mel Gibson (1982) sur le scandaleux massacre des Australiens.

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