La caméra de Claire (Bande-annonce)

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La caméra de Claire débute très mal, par son titre, une erreur de traduction du coréen Keul le e ui ka me la, passé par l’anglais et un faux-ami célèbre : Claire (Isabelle Huppert) est un photographe-amateur, usant d’un appareil-photographique, et non une caméra… Le titre coréen de cette comédie dramatique dit exactement l’Appareil-photographique de Claire. Isabelle Huppert, actrice-vedette française, a eu donc l’idée de s’amuser à jouer dans l’avant-garde coréenne, suite à une rencontre à Cannes précisément. Pourquoi pas ?

La caméra de Claire est le dernier film du réalisateur vedette sud-coréen Hong Sangsoo. C’est un réalisateur typique des festivals internationaux d’aujourd’hui, comblé de prix. Toutefois, nous nous permettons de trouver, en général, que ses œuvres, trop longues, narcissiques, bavardes, dépourvues d’action, dégagent surtout un ennui prodigieux. Mais La caméra de Claire possède le mérite singulier de ne durer qu’une heure dix. C’est le format qui convient aux films au propos peu dense. Aussi, le spectateur ne s’ennuie-t-il pas, ce qui est une première pour nous avec un film de Hong Sangsoo !

La caméra de Claire, une curiosité pour cinéphiles

Claire est une enseignante en vacances à Cannes, lors de la période du festival. Elle photographie des inconnus avec un appareil qui sort immédiatement le cliché, et le garde ou le donne suivant les humeurs de ses sujets. Elle demande toujours la permission, politesse élémentaire. Aussi rencontre-t-elle, ce qui n’est pas étonnant à cette période de l’année très spécifique, des Coréens du Sud, dont un réalisateur, une directrice de la communication de celui-ci et une de leurs employées, Man-hee (prénom féminin coréen courant). Man-hee est interprétée par Kim Min-hee, femme irrésistiblement belle selon les critères locaux, et actrice-vedette en Corée du Sud. Elle est la muse attitrée du réalisateur Hong Sangsoo ; pour une fois, elle a réussi à l’inspirer artistiquement.

Man-hee boude un peu car la directrice vient de la licencier, après un sermon mystérieux sur « l’honnêteté ». Elle estime qu’elle a toujours fait consciencieusement son travail, elle n’a pas volé l’entreprise et ne comprend pas. Elle rumine sa mauvaise humeur sous le beau soleil de la Côte d’Azur, son billet d’avion pour Séoul n’étant pas échangeable. Claire converse avec ces personnages en anglais. En rapportant aux uns et aux autres les échanges, elle finit, involontairement, par donner la clef du mystère à Man-hee. Le mystère ne sera jamais très épais pour le spectateur. Il repose sur une confusion trop courante entre vie privée et professionnelle.

La caméra de Claire est un exercice de style réussi. Le film compose une forme d’ambiance assez charmante. C’est une curiosité pour cinéphiles, rien de plus, mais c’est déjà quelque chose.

Lu sur RITV

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