Église de France : combien de cardinaux ?

Le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux, vient d’annoncer qu’il allait remettre sa démission au pape dans les prochaines semaines, puisqu’il aura 75 ans le 25 septembre prochain. En effet, depuis Paul VI, c’était devenu une règle : atteint cette âge canonique, les évêques devaient démissionner de leur charge. Néanmoins, en février 2018, par un motu proprio, le pape François a légèrement modifié cette loi d’airain : les évêques diocésains doivent présenter leur démission mais le pape peut l’accepter ou la refuser. Comme quoi l’allongement de la durée de la vie ne concerne pas que les quidams ! Mais nous n’allons pas traiter ici de la réforme des retraites des ecclésiastiques pour laquelle le très onctueux Jean-Paul Delevoye ne semble pas avoir encore été consulté…

Lorsque le cardinal Ricard, natif de Marseille – ça ne s’invente pas -, aura quitté ses fonctions, la France ne comptera donc plus qu’un cardinal, titulaire d’un siège épiscopal : le cardinal Philippe Barbarin, primat des Gaules, « archevêque-comte » de Lyon. Et encore ! Mgr Barbarin, depuis ses déboires judiciaires et sa démission refusée par le pape, ne détient plus que le titre, puisqu’en juin dernier, Mgr Michel Dubost, évêque émérite d’Évry-Corbeil-Essonnes, a été nommé administrateur apostolique de Lyon. Vous aurez beau regarder aux quatre points cardinaux de France qui, dit-on, est la fille aînée de l’Église, la mode n’est pas au pourpre.

Faisons un petit tour d’horizon. Si l’on consulte l’annuaire pontifical, bible en la matière, on constate que le collège des cardinaux ne compte, aujourd’hui, que sept Français.

En tête, le cardinal Roger Etchegaray, archevêque émérite de Marseille, qui fêtera ses 97 ans le 25 septembre prochain. Il fut président de la Conférence des évêques de France de… 1975 à 1981 et fut créé cardinal par Jean-Paul II en 1979. Il y a 40 ans… Vient ensuite le cardinal Paul Poupard, qui aura 89 ans, le 30 août prochain. Après un bref passage comme évêque auxiliaire de Paris en 1979, il a essentiellement effectué une carrière romaine. Il est cardinal depuis 1985. Le cardinal Barbarin, âgé de 69 ans, fut créé cardinal en 2003. En 2006, Benoît XVI créa deux cardinaux français : le père Albert Vanhoye, de la Compagnie de Jésus, aujourd’hui âgé de 96 ans, qui fut dispensé de la consécration épiscopale, et le cardinal Ricard, cité plus haut. Vient ensuite Mgr André Vingt-Trois, successeur de Mgr Lustiger au siège de Paris, créé cardinal en 2007. Enfin, le 14 février 2015, le pape François créa cardinal Mgr Dominique Mamberti, né à Marrakech en 1952 et issu d’une famille corse. Ce brillant prélat a essentiellement effectué une carrière diplomatique.

Parmi ces sept cardinaux français, seuls quatre prendraient part au conclave pour l’élection du pape, s’il devait avoir lieu demain : les quatre âgés de moins de 80 ans.

Jean-Paul II, durant ses 27 ans de règne, créa 233 cardinaux, dont 15 Français. Benoît XVI, au cours de son pontificat, de 2005 à 2013, créa 90 cardinaux, dont seulement trois Français. Depuis son élévation sur le trône de saint Pierre en 2013, le pape François a créé 74 cardinaux. Parmi eux, un seul Français. Certes, la religion n’est pas une question de statistique, mais tant pis : passer de 6,4 % à 1,3 % des nominations doit bien trouver une explication quelque part. Voici pour les flux. Et pour les stocks, notons qu’en 1969, il y a un demi-siècle, le collège cardinalice comptait encore treize Français… Certes, entre-temps, l’Église est devenue de plus en plus universelle et de moins en moins européenne. Mais la parabole du figuier nous dit peut-être aussi quelque chose sur l’état de l’Église de France. Doit-on en conclure que les voyants sont au rouge ?

Georges Michel – Boulevard Voltaire

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