La tribune de Marine Le Pen dans le New York Times!

Bien nommer la menace : la France a été attaquée par le fondamentalisme islamiste!

« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde. » Qu’Albert Camus l’ait prononcée ou non, cette phrase décrit étonnamment bien la situation dans laquelle se trouve l’actuel gouvernement de la France. En effet, le nom des choses, c’est ce que Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, n’ose même plus prononcer.

Pour lui, pas question de qualifier d’ « islamistes » les terroristes qui, le mercredi 7 janvier 2015, se sont introduits dans les locaux du journal Charlie Hebdo, en plein coeur de Paris. Pour lui, pas question non plus de parler d’ « état islamique » pour qualifier le groupe de radicaux sunnites qui s’est mis en place sur une partie des territoires de l’Irak et de la Syrie. Toute référence au fondamentalisme islamiste doit être proscrite, par peur d’amalgame entre islam et islamisme. Il faut préférer les noms « DAECH » et « égorgeurs de DAECH ». L’ironie de l’histoire veut que « DAECH » signifie en arabe exactement ce que l’on cherche à cacher, autrement dit « Etat islamique ».

Nommons donc les choses, puisque le gouvernement français semble réticent à le faire : la France, patrie des droits de l’homme et des libertés, a été attaquée sur son sol par une idéologie totalitaire : le fondamentalisme islamiste. C’est en refusant le déni, c’est en regardant dans les yeux l’ennemi à combattre, que l’on évite l’amalgame. Les musulmans eux-mêmes ont besoin d’entendre ce message. Ils ont besoin que l’on fasse clairement la distinction entre le terrorisme islamiste et leur foi.

Or, cette distinction ne peut se faire que si l’on accepte d’identifier la menace. Ce n’est pas servir nos compatriotes musulmans que d’entretenir les suspicions et les non-dits. Le terrorisme islamiste est le cancer de l’islam contre lequel ils doivent eux-mêmes lutter à nos côtés.

Une fois qu’on a nommé les choses, tout reste maintenant à faire. Car rien n’a été fait. Qu’ils soient de droite ou de gauche, les gouvernements successifs de la France n’ont pas pris la mesure du problème et de la tâche à accomplir. Tout est à revoir, du renseignement aux effectifs de police, de la politique carcérale à la surveillance des réseaux djihadistes. Non pas que les services français aient démérité : leur courage et leur détermination se sont encore illustrés lors de la prise d’otages d’un supermarché casher, à Paris, porte de Vincennes, le 9 janvier. Mais leur action est entravée par une série d’erreurs commises par le pouvoir politique.

Il faut aussi nommer ces erreurs. Nous n’en mentionnerons que trois, mais d’une importance cruciale.

Premièrement, le dogme de la libre-circulation des personnes et des marchandises est ancré si fermement chez les dirigeants de l’Union Européenne que l’idée même d’un contrôle aux frontières nationales est considérée comme une hérésie. Et pourtant, chaque année, des tonnes d’armes en provenance des Balkans entrent sur le territoire de la France sans que de véritables barrières ne puissent les arrêter, et des centaines de djihadistes circulent dans l’Europe sans entrave. On ne s’étonnera pas dans ce contexte que le pistolet-mitrailleur d’Amedy Coulibaly ait transité par la Belgique, selon les médias wallons, ni que sa compagne, Hayat Boumeddiene, ait pu fuir en Syrie au nez et à la barbe des forces de l’ordre.

Deuxièmement, l’immigration massive, légale et clandestine, qu’a connue notre pays depuis des décennies empêche que se mette en place une véritable politique d’assimilation. Comme l’affirme le sociologue français du CNRS Hugues Lagrange, le facteur culturel joue un rôle prépondérant dans le rapport des immigrés à la société française et à ses valeurs, sur des questions telles que le statut des femmes et la délimitation des autorités religieuse et étatique. Sans une politique de restriction migratoire, il devient difficile voire impossible de lutter contre le repli communautaire et le développement de revendications de mode de vie spécifique pour certaines en contradiction avec la laïcité et d’autres lois et valeurs de la république française. S’ajoute à cela le poids du chômage de masse, que l’immigration ne fait qu’aggraver.

Troisièmement, la politique étrangère française a, ces dernières années, erré de Charybde en Scylla : l’intervention de l’ancien président Nicolas Sarkozy en Libye, le soutien du président François Hollande à certains fondamentalistes en Syrie, les alliances nouées avec des régimes rentiers finançant les combattants du djihad comme le Qatar ou l’Arabie Saoudite sont autant de fautes qui ont plongé la nation dans de graves incohérences géopolitiques dont elle a du mal à s’extraire. Saluons au passage la lucidité du ministre allemand Gerd Müller, qui comme le Front National, a accusé le Qatar de soutenir les djihadistes en Irak.

Ces erreurs ne sont pas une fatalité. Mais pour les rectifier, il faut agir vite. Et ce n’est pas la commission voulue par l’Union pour un mouvement populaire et the Parti socialiste pour enquêter sur les récents attentats qui règlera les choses. « Quand on veut enterrer un problème, on crée une commission » disait Clémenceau.

Dans l’urgence, une première mesure est aisée à mettre en oeuvre : la déchéance de la nationalité des djihadistes est une impérieuse nécessité. À plus long terme, c’est avant tout la réinstauration d’un contrôle aux frontières nationales qui s’impose et la tolérance zéro à l’égard des comportements contraires à la laïcité et à la loi française. Sans cela, aucune politique sérieuse de lutte contre le fondamentalisme n’est possible.

La France vient de vivre douze jours qu’elle n’oubliera pas. Elle s’est levée pour défendre ses droits, après s’être recueillie pour pleurer ses morts. Il faut maintenant que le peuple, comme un seul homme, fasse pression sur ses gouvernants pour que les journées de janvier n’aient pas été vaines. Il faut que du malheur que la France traverse naisse l’espoir d’un véritable changement. Il ne faut pas que la logique mesquine des partis étouffe les aspirations légitimes des Français à la sécurité et à la liberté.

Nous, Français, sommes viscéralement attachés à notre laïcité, à notre souveraineté, à notre indépendance, à nos valeurs. Le monde sait que quand la France est attaquée c’est à la Liberté qu’on porte atteinte. Je disais pour commencer qu’il fallait nommer les choses. Je dirai pour finir que certains noms parlent d’eux-mêmes. Le nom de notre pays résonne encore comme un appel à être libre.

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