Vidéo / « Tomboy » : le bon genre en CE2 / Tomboy (bande annonce)

 Par  Caroline Parmentier

Tomboy (garçon manqué en anglais) c’est l’histoire de Laure, dix ans, qui se questionne sur son genre sexuel et qui l’espace d’un été, va faire croire à ses nouveaux voisins, une bande de gosses de son âge, qu’elle est un garçon et qu’elle se prénomme Michaël. Tout le monde tombe dans le panneau, y compris la jeune Lisa, avec qui Laure/Michaël va nouer une relation ambiguë. Tomboy est un film de genre sur le genre. Du genre pudique aussi, ce qui n’est pas le cas de l’actuelle production des films cinéma traitant de l’homosexualité. Pudique mais militant. A l’image de sa réalisatrice, Céline Sciamma, qui déclare vouloir toucher « un maximum de gens avec des messages subversifs et politiques » et se dit en faveur de l’enseignement de la théorie du genre à l’école.

En 2009, Céline Sciamma réalise Pauline, histoire d’une jeune lesbienne, un court-métrage qui s’inscrit dans le cadre du concours « Jeune et homo sous le regard des autres » lancé par le ministère de la Santé et des Sports. Tomboy en 2011, récompensé par un Teddy Jury Award au Festival de Berlin (récompense du meilleur film à thématique gay ou lesbienne), lui vaudra d’être élue « lesbienne de l’année 2011 » par les internautes de Yagg, site communautaire LGBT.

Tomboy aurait pu rester ainsi ce film un peu confidentiel encensé à sa sortie en 2011 par Le Figaro et La Croix et destiné aux programmations télé d’Arte. Mais voilà :Tomboy intègre en septembre 2012 le dispositif « Ecole et cinéma », soutenu par les ministères de l’Education nationale, de la Culture, et par le Centre national du cinéma (CNC). Le film fait alors partie d’une sélection de films proposés aux élèves de troisième cycle (CE2, CM1 et CM2), afin de les sensibiliser au 7e art… L’idéologie du genre dans un film idéologique à l’usage des 7-10 ans.

Les parents ne doivent pas savoir

En un an, près de 50 000 écoliers ont vu le film. Les parents qui ne doivent pas savoir comment leur enfant est déséduqué, ne sont parfois même pas prévenus. Alors qu’on leur demande ordinairement leur autorisation pour prendre en photo leurs enfants et la date de leur dernier rappel de vaccin pour la moindre sortie scolaire ! Plusieurs parents d’élèves se plaignent, notamment à Niort (Deux-Sèvres). « Il est tout à fait dangereux de laisser penser à des enfants de neuf ans que l’on peut changer de sexe, qui plus est sans dommage », écrit ainsi une mère d’élève dans un courrier destiné à l’école de son fils. Une lettre relayée par Le Courrier de l’Ouest. Dans Famille Chrétienne, une mère dont le fils de huit ans s’est senti mal à l’aise en voyant ce film, décrit la maîtresse après la projection : « La maîtresse en parle avec beaucoup d’excitation, comme si les gamins étaient des rats de laboratoire. » La polémique enfle. Sur la Toile, une pétition « Non à la diffusion du film Tomboy dans les écoles » est lancée. En quelques semaines, elle recueille une vingtaine de milliers de signatures.

De son côté Civitas appelle les familles françaises à réagir et à empêcher la diffusion de ce film mercredi 19 février sur Arte : « Ni à l’école ni à la télévision » : Ce film ne répond pas à la mission d’Arte qui est de concevoir, réaliser et diffuser des émissions de télévision ayant un caractère culturel.

Le cinéma français est riche de milliers de films capables d’enchanter les enfants et d’éveiller leur sens artistique et critique, mais c’est Tomboy que les enfants regardent avec leurs professeurs sur leurs horaires de cours pour découvrir le septième art. A part ça la théorie du genre est une rumeur urbaine.

Parmi les parents d’élèves, une majorité a préféré se taire. Craignant souvent de se voir taxer d’homophobie. L’accusation qui tue plus sûrement encore aujourd’hui que celle de racisme.

 

NB

Merccredi 9 février 2014, Tomboy a été diffusé  par la chaîne Arte, chaîne de télévision franco-allemande de service public à vocation culturelle européenne. La chaîne Arte est un groupement européen d’intérêt économique (GEIE) basé à Strasbourg,  détenu à 45% par France Télévisions, à 15% par Radio France, à 15% par l’INA et à 25% par l’Etat français.

 

 

 

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