Retour sur l’assassinat de Kadhafi…

Attention vidéo très violente! Il y a tout juste cinq ans, le 20 octobre 2011, Mouammar Kadhafi a été assassiné. Une belle victoire de la démocratie… de la démocratie à l’américaine (et de Sarkozy*) qui va traditionnellement de pair avec des crises de toute sorte. Depuis la mort de Kadhafi, le pays demeure dans un état déplorable.

« Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort », avait lâché Hillary Clinton, alors secrétaire d’État américaine, après avoir appris la mort du colonel libyen Mouammar Kadhafi.

En s’expliquant sur Fox News plus tard, elle avait assuré que Washington ne savait même pas ce qui s’était passé. Mme Clinton parlait alors de la nécessité d’enquêter sur la mort de Kadhafi. Et pourtant, aucune enquête n’a été menée. La nouvelle Libye n’a pas su retrouver la paix, ni la stabilité politique. Il n’y a pas pour le moment un seul des trois centres de pouvoir en Libye qui contrôlerait le territoire du pays en entier.

 Riche en ressources pétrolières et gazières, la Libye représente pour autant aujourd’hui un pays où la plupart de la population vit sous le seuil de pauvreté et souffre du chômage. Les salaires sont payés en retard, les projets d’investissements ont été gelés. En 2015, le déficit budgétaire a dépassé 60 % du PIB. Les revenus pétroliers ont chuté de 50 %.

Le Général de brigade aérienne Jean-Vincent Brisset compare la situation économique dans le pays sous Kadhafi et après: « Avant le déclenchement de la guerre civile en Libye, c’était quand-même un pays qui avait le meilleur indice de développement humain de tous les pays d’Afrique. Donc on était quand-même dans quelque chose qui fonctionnait relativement bien pour la grande majorité de la population…

Globalement la situation était plutôt favorable à une bonne partie de la population. Et puis depuis le renversement de Kadhafi tout ce qui était considéré comme les progrès — progrès économique ou progrès social ou progrès santé ou progrès éducation — a disparu ». Le chef de la Grande Jamahiriya a été assassiné de manière barbare et humiliante. Des forces rebelles soutenues par l’Otan seraient derrière sa mort.

L’intervention militaire du Royaume-Uni en Libye en 2011 était fondée sur des « postulats erronés », estiment aujourd’hui des parlementaires britanniques ayant publié un rapport critique en septembre dernier. La préoccupation d’un nombre de plus en plus important d’Européens porte sur son héritage dont le coup dur est violement ressenti actuellement dans l’UE. Depuis le renversement de Mouammar Kadhafi, le pays s’est transformé en un foyer de radicaux, y compris de terroristes et est devenu le point de départ principal de réfugiés de toute l’Afrique vers l’Europe. Plus de 150 000 personnes ont quitté les côtes libyennes pour trouver refuge en Europe. « C’est largement les migrants qui viennent de toute Afrique et qui utilisent la Libye comme le point de passage en direction de l’Europe », explique Jean-Vincent Brisset.

 « Il est évident que s’il y était resté un régime fort en Libye, quel que soit ce régime, que ce soit celui de Kadhafi ou de quelqu’un d’autre, ces flux de migrants n’auraient pas été autorisés à passer et les passeurs, qui sont sur les côtes libyennes, dans le golfe de Syrte n’auraient pas pu travailler comme ils travaillent actuellement. Donc on peut considérer que le renversement du régime de Kadhafi ou le non-remplacement du régime de Kadhafi par un régime étatique solide est une des raisons qui causent ces flux de migrants », conclut l’expert.

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Cinquante millions d’euros déboursés par Mouammar Kadhafi pour sa course à l’Élysée, et l’exécution suspecte du colonel, sont autant de cadavres dans le placard de l’ex-président français Nicolas Sarkozy. Ce n’est pas un hasard si l’assaut de l’OTAN contre la Libye a débuté le 19 mars 2011 par un bombardement des chasseurs français sur les forces de Kadhafi, lesquelles étaient sur le point de terrasser les rebelles à Benghazi.(..)

Le premier à avoir accusé Sarkozy d’avoir accepté les millions provenant de Tripoli pour se faire réélire avait été Saif el Islam, le fils – encore en vie – du colonel, trois jours avant l’assaut de l’OTAN. Le 25 octobre 2011, l’ex premier ministre libyen, Baghdadi Ali al-Mahmoudi, qui s’était enfui en Tunisie avant d’y être arrêté, admettait lors d’un interrogatoire : « J’ai supervisé personnellement le dossier du financement par Tripoli de la campagne de Sarkozy. »

Un an après l’attaque de l’OTAN à la Libye, entre plaintes et démentis, on apprend que Brice Hortefeux, qui fut ministre pendant la présidence Sarkozy, avait conclu l’accord le 6 octobre 2006 lors d’une réunion entre Abdullah Senussi, beau-frère du colonel, et le trafiquant d’armes Ziad Takieddine. L’accord figurait dans un document signé par Mussa Kussa, l’alors chef des omniprésents services secrets libyens, aujourd’hui réfugié au Qatar. L’argent aurait été versé en secret par Bashir Saleh, chef de cabinet du colonel. Ce récit est confirmé par Moftah Missouri, l’interprete personnel du rais libyen.

À cette époque, Sarkozy accueillait à Paris le Kadhafi des années d’or, et l’appelait le “frère leader”. Si cette histoire de financement illicite est vraie, et dans le cas où il aurait dû faire face à la justice, le colonel aurait pu la rendre publique pour démentir le président français.

Le 20 octobre 2011, lorsque la colonne de Kadhafi fut localisée et bombardée par deux chasseurs Rafale français, le rais fut capturé vivant, avant qu’on lui donne le coup de grâce. « Dans les jours qui ont précédé, plusieurs missions tactiques avaient eu lieu, avec au moins 9 hélicoptères envoyés sur Syrte (où se cachait le colonel – nda), raconte à Il Giornale une source de l’OTAN. L’un était anglais et les autres français, ils frappaient des objectifs bien précis. » La fin de Kadhafi prit forme après un coup de téléphone qu’il passa vers Damas depuis son téléphone satellite, et qui fut intercepté par l’OTAN. Les pilotes de chasseurs français et un [drone] Predator américain fournirent en continu des informations sur la colonne du rais en fuite, à la base de l’OTAN de Naples et à Poggio Renatico, qui gérait les opérations aériennes. Une partie de ces informations était ensuite envoyée aux corps d’élite et aux services de renseignements alliés, aux côtés des rebelles de Syrte.

« L’impression est qu’après le premier groupe d’insurgés qui a capturé Kadhafi, un autre groupe est arrivé qui semblait savoir exactement quoi faire et aurait reçu l’ordre d’éliminer le prisonnier » a expliqué à Il Giornale une source anonyme impliquée à l’époque dans le conflit. Une partie des révolutionnaires voulait emmener Kadhafi à Misurata, comme en témoignent les hurlements enregistrés par les téléphones portables. Ensuite, un membre du second groupe, avec l’ordre de tuer, se serait approché du colonel en sang, mais toujours vivant, et aurait profité de la confusion pour lui donner le coup de grâce.

Quelques mois plus tard, Mahmoud Jibril, ex-premier ministre par intérim après la chute du régime, avait confirmé la nouvelle à la télévision égyptienne : « C’est un agent étranger mélangé aux révolutionnaires qui a exécuté Kadhafi. »

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