Et si HEC était vendue au Qatar ou à la Chine ?

14 décembre 8 h 30 avenue de la Grande-Armée.au siège de CCI France. C’est une conférence de presse comme il y en a tant. Les chambres de commerce et d’industrie (CCI) ont invité quelques journalistes spécialisés pour évoquer la réforme de l’apprentissage à venir en 2018. Mais aussi la baisse de leurs dotations. Autant de ponctions qui mettent en péril leurs investissements dans l’éducation. Les propos sont convenus. Et d’un coup on se demande si on a bien entendu… Mais oui le président de la CCI Paris Ile-de-France – tutelle de très grandes écoles dont HEC -, Didier Kling, vient bien d’évoquer la vente possible d’HEC au Qatar. Ou à la Chine : « Le Qatar a déjà acheté le PSG et là comme en Chine nous rencontrons des entreprises qui se disent intéressées par le rachat de nos écoles, d’HEC, de l’Essec, de l’ESCP Europe… » Et le président de CCI France, Pierre Goguet, de rappeler : « Une entreprise chinoise a bien racheté Brest Business School ».

 

150 millions d’euros pris aux CCI en 2018

Si les chambres de commerce et d’industrie agitent aujourd’hui la menace de la vente de leurs plus beaux fleurons académiques – « Nous avons prévenu les pouvoirs publics, à eux d’assumer les conséquences de leurs décisions », affirme Didier Kling – c’est qu’elles risquent d’être confrontées à une nouvelle limitation de leurs moyens en 2018. Le Projet de loi de Finances 2018 prévoit en effet une baisse de 150 millions d’euros de la « taxe pour frais de chambre (TFC) » affectée aux CCI. Une nouvelle ponction budgétaire de plus de 47 millions d’euros affecterait celle de Paris remettant en cause son soutien à ses 24 écoles. Les 10 millions que reçoivent chaque année HEC, l’Essec et ESCP Europe, les 9 millions de l’Esiee, les 4 de Ferrandi (les autres écoles sont à l’équilibre) devraient ainsi progressivement tendre vers… zéro.(…)

Les restructurations risquent donc de s’accélérer dans un monde des CCI qui a déjà connu « le plus grand plan social de France avec 4000 départs » selon leur président qui parle maintenant de « 2000 postes supplémentaires si les pouvoirs publics ne prennent pas la mesure de leurs décisions ».

A ces interrogations sur la pérennité des revenus tirés de la « taxe pour frais de chambre » s’ajoutent des craintes sur une réforme possible de la taxe d’apprentissage. Alors qu’une commission travaille à un projet de réforme et devrait bientôt rendre ses conclusions, une somme vertigineuse de changements semblent sur la table : les régions pourraient perdre la gestion de la taxe d’apprentissage au profit des branches professionnelles, les contrats d’apprentissage et de professionnalisation fusionnés, les centre de formation d’apprentis (CFA) rétribués au contrat (c’est déjà le cas pour ceux de professionnalisation) ou encore la collecte transférée à de nouveaux acteurs. Un point qui inquiète tout particulièrement les CCI chargées aujourd’hui de collecter un bon tiers de la taxe. « Nous voulons bien qu’on nous dise que d’autres le feraient mieux que nous mais il faut nous le prouver alors que nos frais de gestion ne sont aujourd’hui que de 1% », rappelle le président de la CCI parisienne qui, là aussi, se demande ce que « deviendraient les salariés chargés de cette collecte si les règles changeaient ».

Plus largement Didier Kling ne voudrait pas qu’un « conflit entre les régions et les branches ne nuise au financement de ses CFA » alors que leur taux de rupture des contrats n’est que de 10% contre en moyenne 28% en France : « L’apprentissage ne manque pas de moyens mais de règles claires qui permettent la réussite des élèves ». (…)

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