La sortie du film de François Ozon porte atteinte à la présomption d’innocence! (Vidéo)

Le film du réalisateur français François Ozon, Grâce à Dieu retraçant l’histoire de viols présumés sur mineurs perpétrés par le prêtre lyonnais Bernard Preynat (film récompensé samedi soir à Berlin), sort bel et bien en salle ce mercredi. Ainsi en a décidé le tribunal de grande instance de Paris en rejetant la demande de report réclamé par la défense du père Preynat, mis en examen pour agressions sexuelles. Et ce alors que l’affaire n’est pas encore jugée.

Alors que le procès devrait se dérouler cette année, la justice, faisant fi de la présomption d’innocence, a en effet estimé que la diffusion en salle de ce film, avec carton d’avertissement qui l’accompagne, ne nuirait pas au procès. Pensez-vous que la diffusion de ce film, ayant une autre religion comme sujet, aurait été autorisée par la justice ? Qui plus est en plein procès ? Il y a fort peu de chance.

La pédophilie est un délit grave. Si l’on ne peut que s’indigner de tels actes immondes, s’ils sont avérés, à l’encontre de jeunes mineurs, il est toutefois surprenant de constater que la présomption d’innocence soit bafouée.

« Une brèche dangereuse »

D’où indignation d’Emmanuel Mercinier, avocat du père Preynat : « Le juge a rejeté la demande de report du film. Il considère que le fait d’insérer un carton à la dernière seconde du film indiquant que le père Preynat bénéficie de la présomption d’innocence répond aux exigences de la loi, la culpabilité de ce dernier n’étant dès lors pas présentée comme acquise. » Et de poursuivre en disant « regretter amèrement cette décision, non seulement dans l’intérêt du père Preynat, mais plus largement dans l’intérêt général (…) Présenter durant deux heures comme coupable un homme qui n’a pas encore été jugé comme tel constitue une atteinte à la présomption d’innocence que ne saurait évidemment pas faire disparaître le fait d’écrire ensuite le contraire durant deux secondes ».

« Si aujourd’hui on commence à autoriser des films portant atteinte à la présomption d’innocence de personnes qui ne sont pas encore jugées, on ouvre une brèche extrêmement dangereuse », ajoute Emmanuel Mercinier en reprochant également à la production du film de « surfer sur l’actualité judiciaire », alors que le tribunal correctionnel de Lyon doit rendre son délibéré le 7 mars prochain, dans le procès intenté au cardinal Philippe Barbarin pour ne pas avoir dénoncé à la justice les agissements présumés du père Preynat.

 

 

Pierre Malpouge -Présent

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