Expo / Londres / Les découpages de Matisse

matisse-masquesLa Tate Modern de Londres consacre à partir de jeudi une grande exposition aux découpages de Matisse qui, au soir de sa vie, s’est approprié une nouvelle technique ayant rendu jaloux Picasso.

 «Tout ici ramène à la liberté», souligne Nicholas Serota, le directeur de la Tate Modern, en parcourant ce qu’il aime appeler «l’exposition d’une vie», tellement le projet se veut ambitieux avec plus d’une centaine d’œuvres rapportées du monde entier.

Très attendue en Grande-Bretagne, l’exposition, qui ira à New York en octobre, sera «pour beaucoup la plus belle que Londres ait jamais vue», promet même Nicholas Serota.

«Un show pour l’été: la Tate Modern est transformée en studio baigné de soleil du sud de la France», estime en tous cas le Times, enchanté, comme l’écrasante majorité de la critique britannique, par l’explosion de couleurs à l’œuvre dans l’ancienne centrale électrique.

Commissaire de l’exposition, Nicholas Cullinan a mis cinq ans à rassembler les découpages. Dont les emblématiques quatre nus bleus, «clou de la visite» qui se termine devant «Nuit de Noël» la maquette en vitrail pour la Chapelle du Rosaire de Vence.

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Diminué par la maladie

A la fin de sa vie, diminué par la maladie et en chaise roulante, Matisse s’est intéressé de plus en plus à la technique du découpage jusqu’à ce que les ciseaux remplacent définitivement le pinceau.

Un film de l’exposition montre l’artiste dans son atelier, découpant sans hésitation des papiers colorés à la gouache. Avant de composer ses œuvres, parfois immenses, avec l’aide d’assistantes.

«Beaucoup d’artistes ont développé ce qu’ils appellent un style tardif. Le travail de peintres comme Titien, Rembrandt ou Monet est par exemple devenu plus gestuel. Mais Matisse, lui, a carrément développé un média complètement différent», explique Nicholas Cullinan.

Ce parcours impressionna Picasso, voisin de Matisse dans le sud de la France et «plus que jaloux de son travail» et de cet art de se réinventer au crépuscule de sa vie, selon Nicholas Cullinan.

«Au fil des quinze dernières années de sa vie, ajoute le commissaire, les œuvres de Matisse ont grandi, devenant plus ambitieuses, plus gaies, plus jeunes et plus fortes. Je pense qu’il était très conscient d’être engagé dans une course contre la montre pour achever son œuvre», avant sa mort en 1954, à l’âge de 84 ans.

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