Chantal Jouanno lance une nouvelle charge contre le grand débat national

La présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP) est revenue pour Challenges sur son refus de piloter le grand débat lancé par Emmanuel Macron. «Ils ont confondu débat public et campagne électorale», a-t-elle déclaré.

Chantal Jouanno est toujours aussi remontée contre le grand débat national qu’elle devait conduire au titre de présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP) avant de prendre ses distances avec l’initiative présidentielle en décembre dernier. Dans un entretien accordé à Challenges, l’ancienne ministre des Sports est revenue sur ses déboires récents avec la CNDP.

Selon elle, l’exécutif n’a d’ailleurs «rien voulu entendre» de ses craintes et remarques quant à l’organisation du grand débat national. «Ils ont confondu débat public et campagne électorale. Ecouter, cela n’est pas convaincre. Ni faire de la pédagogie», poursuit-elle.

Sur le contenu même du grand débat et sa plateforme participative, Chantal Jouanno n’est évidemment pas enthousiaste : «Les questions sont vite orientées. Imaginez qu’on a demandé aux Français, au sujet des impôts, lesquels ils souhaitaient baisser sans jamais poser la question inverse !» Elle remet également en cause les questions fermées qui ne permettent pas le développement d’une analyse : «Quand les gens argumentent, l’expérience de la CNDP montre que cela permet d’élaborer une cartographie complète et cohérente des valeurs qui comptent dans la société.»

Et rien de bien satisfaisant pour Chantal Jouannot quant à l’opacité des restitutions et des synthèses finales du grand débat. «L’exécutif voulait pouvoir relire et corriger le rapport final !», révèle-t-elle par ailleurs.

Elle rappelle le principal écueil que le gouvernement n’a sans doute pas pu surmonter : «Les participants ressemblent aux organisateurs du débat. Les opposants ou les personnes isolées ne s’y rendent pas. Or, c’était justement ces populations-là que le gouvernement devait entendre.»

Ce n’est pas la première fois que Chantal Jouanno épingle le grand débat. Le 24 janvier, elle a pris la parole sur LCI pour dénoncer une consultation «faussée». Le 26 janvier dernier, Mediapart faisait savoir que Chantal Jouanno avait formulé le 18 décembre quelques préconisations dans une lettre adressée au gouvernement : «Pendant le Grand débat national, les membres du gouvernement comme les parlementaires doivent s’engager à adopter une posture d’écoute active […]. La posture d’écoute active implique de ne jamais prononcer de discours en ouverture, en clôture ou depuis une estrade, mais de répondre éventuellement aux questions posées.»

Elle avait d’ailleurs «fortement» déconseillé au gouvernement «de préciser publiquement avant le débat les “lignes rouges”, c’est-à-dire les propositions que le gouvernement refusera quoi qu’il advienne de prendre en compte, et plus encore les sujets dont il ne veut pas débattre».

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