Dans l’ombre de Byzance de William Dalrymple, 2002

Pendant six mois, en 1994, l’historien anglais William Dalrymple a voyagé sur les traces des chrétiens d’Orient. Pour cela, il s’est appuyé sur une chronique du VIè siècle, celle du moine Jean Moschos.

Comme lui, il part du Mont Athos, en Grèce, traverse la Turquie, la Syrie, le Liban, la Palestine, pour finir en Haute-Egypte. A l’époque de Jean Moschos, tout cela constituait l’Empire byzantin et le christianisme y était florissant.

En cette fin de XXè siècle, notre écrivain voyageur ne peut qu’observer et décrire, de façon très vivante, la disparition d’un monde qui ne sera plus.

Ce qu’il voit est beau, émouvant, parfois tragique.

L’exemple le plus terrible est la Turquie. Les somptueux monastères du sud, qui furent des centres intellectuels brillants, sont aujourd’hui isolés et persécutés. Coincés dans la guerre sans fin entre Turcs et Kurdes, ils n’ont plus leur place et les belligérants le leur font bien sentir. Les derniers moines présents sont superbes de courage et leur témoignage mérite d’être lu.

En Syrie, l’espoir renaît. Il n’y a pas eu de génocide ni de volonté de faire disparaître la civilisation qui s’est épanouie à l’ombre de Constantinople. Dalrymple nous décrit d’admirables vestiges. C’était avant la guerre et certains n’existent plus mais les traces du passé sont bien présentes et donnent encore de beaux fruits.

Lorsqu’il va au Liban, la guerre s’achève à peine et l’auteur ne mâche pas ses mots contre les Maronites. Tout n’est pas faux, hélas, dans ses analyses, mais il les modulerait sans doute aujourd’hui avec le recul. Quoi qu’il en soit, les témoignages qu’il recueille sont passionnants.

En Palestine, nous avons le cœur serré. Les nouveaux propriétaires ont méthodiquement fait disparaître l’histoire chrétienne de ce pays, là où c’était possible en tout cas. S’il y a un endroit où le passé ne reviendra pas, c’est bien là. Mais il faut lire ces pages pour comprendre comment c’est arrivé.

Nous finissons le voyage en Egypte, à Alexandrie, la belle disparue, puis en Haute-Egypte, avec les coptes qui subissent les persécutions de l’islamisme naissant.

Tout cela pourrait être lugubre mais le talent descriptif de l’auteur, la qualité des témoignages cités et les lieux visités en font un superbe ouvrage. On s’y instruit, on se passionne et l’on se dit que c’est un devoir d’aller, à notre tour, visiter cet héritage.

 

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