Daesh planifie le « plus grand nettoyage religieux de l’histoire de l’humanité »!

Le problème du journalisme « embarqué » (du terme « embedded », utilisé pour les reporters accompagnant les troupes américaines sur le terrain) est bien souvent le manque de recul : comment garder son objectivité, une certaine distanciation au sujet lorsque l’on vit au plus près de ceux dont on parle ? En l’occurrence, que dire des combattants islamistes de Daesh, dont on ne compte plus les crimes contre l’humanité commis ces derniers mois ?

Un territoire contrôlé plus grand que le Royaume-Uni
Jürgen Todenhöfer, célèbre auteur allemand aujourd’hui âgé de 74 ans, n’a sans doute rien à prouver à quiconque, et pas grand chose à craindre. Ses premières impression sur ses dix jours d’immersion au sein de Daesh viennent d’être reprises par The Independant, ainsi que dans un reportage vidéo tout juste diffusé sur CNN. Elles montrent à quel point Daesh l’a impressionné. Des militants qui ne doutent de rien, la vie à Mossoul sans aucun chrétien comme si rien ne s’était passé, des enfants soldats de 13 ans… « Vous voulez aussi conquérir l’Europe ? », demande même Jürgen Todenhöfer à un combattant. « La question n’est pas de savoir si nous allons conquérir l’Europe, mais quand cela arrivera. C’est certain. Pour nous, il n’y a pas de frontières, juste des lignes de front. » « Notre expansion sera perpétuelle, et les Européens doivent savoir que nous quand nous arriverons, ce ne sera pas agréable. Ce sera avec nos armes, et ceux qui ne se convertiront pas à l’Islam ou ne paieront pas la taxe islamique seront tués. » Quid des 150 millions de chiites, s’ils refusent de se convertir, interroge également le reporter. « 150 millions, 200 millions ou 500 millions, cela nous importe peu. Nous les tuerons tous. »

Des centaines d’arrivants par jour
Il fallait oser, après des mois de négociations, faire le voyage de la Turquie vers Mossoul occupée pour nous montrer l’autoproclamé État Islamique vu de l’intérieur. Et de tels témoignages directs sont rares, voire inexistants, depuis que les journalistes sont passés du statut de cible et d’otage monnayable à celui de victime, tel James Foley. C’est justement dans l’hôtel où était descendu James Foley que Jürgen Todenhöfer a posé ses valises avant de rejoindre l’Irak. Il aurait pu connaître le même sort. Son constat peut se résumer ainsi, et c’est aussi en cela qu’il sert la propagande de Daesh : « Isis est bien plus fort que nous le pensons ici », le territoire qu’il contrôle est « maintenant plus vaste que le Royaume Uni » et soutenu « par un enthousiasme quasi extatique comme je n’en ai jamais rencontré jusque-là dans une zone de guerre ».

Alors que la France, fiasco patent tant de nos politiques que de nos services de renseignement, est devenu l’un des principaux fournisseurs de jeunes combattants occidentaux, Jürgen Todenhöfer confirme, que «​ chaque jour, des centaines de combattants motivés arrivent du monde entier ». Ce n’est hélas pas le cas dans l’autre camp, dans l’esprit des Brigades internationales, quand il s’agit de défendre les populations chrétiennes, yézidies et kurdes chassées, tuées ou prises en otage par les troupes de Daesh…

5 000 combattants à Mossoul
Selon l’auteur, les combattants islamistes veulent « conquérir le monde », et il s’agit bien du « plus grand nettoyage religieux qui ait jamais été planifié dans l’histoire de l’humanité ». Si l’on en croit son témoignage direct, la plaine de Ninive n’est pas prête d’être libérée : on compterait environ 5 000 hommes de Daesh à Mossoul, tellement éparpillés dans la ville qu’il faudrait « réduire tout Mossoul en ruines » pour parvenir à les bombarder. Pour Jürgen Todenhöfer, le constat est clair : malgré les affirmations américaines, Daesh ne saurait être vaincue par une simple intervention occidentale et des frappes aériennes, et ne devrait pas tarder à vouloir négocier un accord de co-existence avec l’Occident.

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