Marie-France Lorho, député, répond à Schiappa

Dans un entretien avec Valeurs Actuelles, daté du 21 février 2019, vous avez souligné l’existence d’une convergence idéologique entre La Manif pour tous et les terroristes islamistes.

Vos propos relèvent, au mieux de l’ignorance, au pire de l’inconscience. Dans un contexte où les questions de sécurité et du terrorisme sont particulièrement sensibles, faire des rapprochements aussi scandaleux ravivent des divisions qui marquèrent notre pays à l’heure où il doit être uni contre le terrorisme.

Faire le rapprochement entre des personnes ayant démocratiquement exprimé leur opinion par l’exercice du droit de manifester et des personnes égorgeant des enfants sur la place publique, voilà une insulte supplémentaire à l’endroit des français. Votre responsabilité en tant que Secrétaire d’Etat est aussi de mesurer les mots que vous prononcez. Inutile de dire que, si vous ne les mettez pas sur le même plan, à la seconde où vous faites le rapprochement, le mal est fait.

Vous soulignez la recrudescence des violences homophobes en énonçant une augmentation de 64% des violences l’année dernière, en 2018 donc, et rejetez la faute sur les slogans de La Manif pour tous dont les mobilisations se sont faites… en 2013.

Cette insulte est d’autant plus grave qu’elle soulève une absence de maîtrise, de votre part, des concepts qui relèvent pourtant de votre compétence. Le fait d’avoir participé aux Manifs pour tous ne fait pas de vous, de facto, un homophobe, sauf à considérer que Madame Simone Veil était homophobe, ce qui n’est pas, j’ose l’espérer, votre cas. Manifester contre l’adoption d’une loi, c’est un droit fondamental. L’homophobie, c’est un délit. Le meurtre et le terrorisme, ce sont des crimes. Le combat de la Manif pour tous est celui contre l’adoption d’une loi visant à autoriser le mariage entre les personnes de même sexe. L’homophobie c’est la haine et le rejet des homosexuels, en raison de leur condition homosexuelle.

Il y a ainsi une différence patente entre être opposé au mariage pour tous et être opposé à l’homosexualité. Confondre les deux c’est faire de dangereux raccourcis. C’est attiser la haine, accroître les fractures et diviser un peu plus les français en ces temps où c’est d’unité dont nous avons besoin. C’est confondre l’aspect juridique et l’aspect idéologique de la question.

La seule convergence avec le terrorisme, c’est la vôtre. La convergence permanente de votre discours idéologique avec le terrorisme intellectuel qui s’octroie arbitrairement le droit de classifier, catégoriser les idées qui relèvent du « bien » et du prêt à penser et celles qui n’ont pas droit de cité : en l’occurrence les idées de la Manif pour tous. Votre censure permanente et votre posture d’arbitre des élégances n’en finissent plus d’exaspérer les français.

Vous affirmez regretter que le débat public ne soit fait que de clashs où tout est soit noir soit blanc, et vous rentrez pourtant dans cette dérive en assimilant l’intégralité des membres de la Manif pour tous à des homophobes et, partant, en les comparant à des terroristes. Vous serez peut-être surprise d’apprendre que des couples d’homosexuels ont participé à la Manif pour tous. Les catégoriser comme « homophobes » serait un non-sens, mais ce gouvernement n’en est plus à une incohérence près.

Vous réalisez le choix de vos combats avec un soin tout particulier qui ne sied pas à une Secrétaire d’Etat dont l’impartialité doit être l’une des vertus. Ainsi, votre silence fut assourdissant dans l’affaire Asia Bibi. Les multiples agressions des Femen n’ont pas suscité votre indignation. La chronique insultante, abaissante et plus que déplacée de Daniel Morin à l’encontre d’une journaliste de Valeurs Actuelles aurait largement justifié votre intervention. Il n’en fut rien. Votre complicité avec Cyril Hanouna, animateur de l’émission « Touche pas à mon poste » dont on ne compte plus les séquences homophobes, sexistes et humiliantes ne semble pas avoir fait, de votre part, l’objet d’une quelconque réflexion sur la « convergence idéologique » de l’émission avec les terroristes islamistes. Les exemples se suivent et, malheureusement, se ressemblent.

Le manque d’objectivité dans le choix de vos interventions est-il la vision que vous avez de l’égalité ?

Aujourd’hui c’est d’unité dont nous avons besoin, je ne le répèterai jamais assez. L’unité passe par l’égalité, pas par l’égalitarisme. L’égalité s’obtient pas l’insufflation du respect au sein de l’éducation, pas par la mise en place d’une « brigade anti-discrimination ». Les problèmes de fond ne se règlent pas en surface.

Ne tombez pas dans les clichés que vous avez pour mission de combattre. L’Histoire nous regarde et nous jugera tous.

En confiance,

Marie-France Lorho, Député du Vaucluse

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