Vidéo/ Derrière les mots de Souchon et Voulzy!

Ils travaillent ensemble depuis 40 ans. Mais c’est la première fois que les chanteurs signent un disque en duo.  Ils ont écrit la bande-son de nos existences. À 65 et 70 ans, Laurent Voulzy et Alain Souchon conservent une fraîcheur qui fait le miel de leur premier album commun, concrétisation d’une complicité unique dans la chanson française.

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-Avec ce disque conjoint, vous concrétisez un travail engagé il y a quarante ans. Quel effet cela vous fait-il?
Alain SOUCHON. -C’est naturel parce qu’on se connaît depuis longtemps et, en même temps, c’est mystérieux: on ne sait pas comment c’est d’être à deux. On a toujours été seuls. Si à 97 ans, je commence un nouveau truc, je trouverai ça génial.
Laurent VOULZY. – On n’a jamais été frustrés de ne pas chanter ensemble. Mon rêve, c’était d’avoir une chanson qui passe à la radio. Je rencontre Alain, on fait J’ai dix an sun peu par hasard, cette chanson décolle. On a continué de travailler pour l’un et pour l’autre, ça a marché, on était contents. Il y a une dizaine d’années, on a parlé de faire un album et une tournée ensemble. En mai 2009, on est allés en Angleterre pour écrire. Voilà comment tout cela est né.

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Dans un documentaire diffusé il y a quelques années, on vous voyait batailler pendant l’écriture de «La Ballade de Jim». Négociez-vous beaucoup?
A. S. – C’est un bon résumé de notre travail. Laurent a sa cadence musicale, il faut que je me mette dedans, c’est dans ce sens-là que ça se passe et c’est très bien. Une chanson, c’est d’abord la musique. Et en même temps, il y a le sens.
L. V. – Parfois, il peut aussi se passer une journée où on ne se pose pas de question du tout.
A. S. – Pour cet album, on a été obligés de trouver des sujets qui nous concernent tous les deux, ce qui n’était pas évident. On est des gens très différents. Il a fallu discuter encore plus que lorsque l’on travaille pour l’un ou pour l’autre. Sans pour autant que ça affadisse les choses.
Y a-t-il des chansons d’Alain que vous, Laurent, ne pourriez pas interpréter?
L. V. – J’adore quand il les chante, mais moi je ne ferais pas Le Dégoût, Allô maman bobo, Poulailler’s song ouEt si en plus y’a personne. Si on avait fait la chanson pour moi, j’aurais préféré dire «Il y a peut-être quelqu’un». Elle est là, la différence entre nous.
A. S. – Il a une vision plus ensoleillée, douce, plus jolie. Quand on fait des chansons pour lui, on ne s’oriente pas vers des sujets politiques ou acides. Mais j’aurais pu chanter Le Pouvoir des fleurs ou Belle-Île en mer ou Le soleil donne, ça m’aurait fait des tubes de plus.

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Votre collaboration est assez miraculeuse depuis quarante ans. Comment fonctionne-t-elle?
L. V. – Le directeur artistique Bob Socquet m’a présenté Alain en 1973 pour faire ses arrangements. On a fait une chanson par hasard. Et ça a été notre chance à tous les deux.
A. S. – Ça nous dépasse un peu. Depuis quarante ans, Laurent fait partie de ma vie, mais ce n’est pas un membre de ma famille, c’est très spécial. Il y a de l’admiration et quelque chose que je ne comprends pas là-dedans. Il reste du mystère.
Certaines chansons de ce disque vous ont-elles donné du fil à retordre?
L. V. -Pour Il roule, j’avais fait écouter une musique à Alain avec un riff de guitare rock qui me plaisait et qui lui a inspiré un texte. Au fil des mois, comme ça ne me plaisait plus, j’ai tout foutu en l’air. Je recommençais la musique tous les jours et Alain refaisait le texte à chaque fois, ça a duré un bon mois. Il a été d’une patience inouïe!
Comment expliquez-vous la pérennité de votre complicité?
A. S. – On ne vit pas ensemble. On peut rester quatre ou cinq mois sans avoir de nouvelles de l’autre. Du coup, quand on part travailler ensemble, on se retrouve dans la même situation psychologique qu’il y a quarante ans. On est là à se demander comment on va faire, comme si on avait 23 ans. C’est un petit plaisir délicieux.
L. V. -On se retrouve comme quand on était à Nogent-sur-Marne, rue de Plaisance et qu’on écrivait J’ai dix ans…

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Ecouter Derrière les mots.

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